(121)[1] Il forge aussi un serment par lequel, prétend-il, en invoquant le dieu qui a fait le ciel, la terre et la mer[2], nous jurons de ne montrer de bienveillance envers aucun étranger, mais surtout envers les Grecs. (122) Une fois qu'il se mettait à mentir il aurait dû dire au moins : envers aucun étranger, mais surtout envers les Égyptiens. De cette façon sa fable du serment aurait concordé avec ses mensonges du début, Si vraiment nos ancêtres ont été chassés par les Égyptiens, qui leur étaient apparentés, non pour aucun crime mais à cause de leurs malheurs. (123) Quant aux Grecs, nous en sommes trop éloignés par les lieux comme par les coutumes pour qu'il puisse exister entre eux et nous aucune haine ou aucune jalousie. Loin de là, il est arrivé que beaucoup d'entre eux ont adopté nos lois ; quelques-uns y ont persévéré, d'autres n'ont pas eu l'endurance nécessaire et s'en sont détachés. (124) Mais de ceux-là, nul n'a jamais raconté qu'il eût entendu prononcer chez nous le serment en question ; seul Apion, semble-t-il, l'a entendu, et pour la bonne raison qu'il en était l'inventeur.
[1] Le développement qui suit (§ 121-124) serait mieux à sa place après le § 111 puisqu'il se rattache à la légende du serment contre les Grecs du § 95. Peut-être s'agit-il d'un morceau rajouté par Josèphe in extremis en marge et introduit à une fausse place par les copistes.
[2] L'invocation à Dieu qui a créé ciel, terre et mer est biblique (Néhémie, IX, 6 ; Psaume, 146, 6 ; Actes des Apôtres, IV, 24). Apion a-t-il su l'existence de cette formule ? Ou son texte a-t-il été remanié par Josèphe ou sa source juive ?