Cette seconde partie nous fait rétrograder du but à atteindre, que nous avons décrit dans la première partie, au point de départ de toute activité morale, de la fin normale de l’homme à l’homme lui-même comme agent moral, et nous aurons à décrire l’homme tel qu’il était dans son état primitif et tel qu’il est devenu après la chute.
Mais la nature humaine, étant la création immédiate de Dieu, ne peut être étudiée en elle-même, dans ses parties constitutives, dans ses facultés essentielles et dans ses obligations originelles, sans être préalablement rattachée à son origine divine, sans que le rapport primordial qui l’unit à Dieu comme à son auteur ait été fermement établi. C’est par ce point que la IIe partie de notre Morale touche à la Dogmatique et que nous pouvons renouer pour ainsi dire le fil interrompu de notre tractation précédente. Nous avons en effet laissé, dans notre Ire partie de la Théologie systématique, l’homme issu des mains de Dieu, posé devant Dieu par l’acte de la création en vue d’une fin qui ne peut se trouver d’ailleurs qu’en Dieu. Si nous avons effleuré l’étude de l’homme, nous n’avons pu le faire encore qu’en nous plaçant à ce point de vue objectif et divin. Nous avons considéré l’homme comme créature de Dieu dans l’ensemble de l’univers ; notre étude était synthétique. Celle que nous abordons sera analytique ; nous considérerons l’homme en lui-même, dans les parties constitutives de sa nature et dans les facultés attachées à ces parties constitutives ; mais cette étude analytique elle-même, nous ne pourrons la faire qu’en replaçant pour ainsi dire le tableau dans son cadre, et ce ne serait pas impunément que nous la détacherions de la précédente, en faisant abstraction de celle-ci. Il y a en l’homme quelque chose qui, dès son origine, est plus que l’homme ; il y a une partie de la nature humaine qui est originellement surhumaine et surnaturelle et qui imprime aux autres parties un caractère distinctif, leur communique inévitablement une direction qui, soit dans le cas normal, soit dans le cas anormal, eût été autre, sans la présence de cet élément surnaturel. C’est cet élément qui rattache l’homme à Dieu, qu’il le veuille ou non ; c’est ce principe qui est le signe de la divinité de notre race (Actes 17.28), et c’est là ce qui fera le sujet de notre première section sous le titre d’image de Dieu.