Les hérétiques ne veulent pas croire ce que la raison nous enseigne, savoir : que Dieu, qui est au-dessus de tout, a créé, par le ministère de son Verbe, toutes les choses qui existent avec leurs infinies variétés et les différences qui les caractérisent ; que ces différences sont le produit de sa volonté et de sa toute-puissance : ils aiment mieux embrasser une doctrine hérissée de contradictions et d’absurdités, d’après laquelle ils attribuent l’œuvre entière de la création, soit aux anges, soit à quelqu’autre puissance qui n’est pas Dieu et qui ne connaît même pas Dieu. Ainsi, en résistant à la vérité et embrassant l’erreur, ils ont roulé de mensonge en mensonge, jusqu’au fond de l’abîme de l’erreur, et ils ont perdu le pain de la vie véritable ; semblables au chien de la fable qui laisse là le pain qu’il mange pour courir après son ombre, et qui perd ainsi sa nourriture. Il nous sera facile d’appuyer nos réfutations des enseignements de notre Seigneur et de faire voir qu’il a toujours enseigné un seul Dieu le père, créateur de tout ce qui existe ainsi que de l’homme ; que la loi et les prophètes ont proclamé qu’il n’y a pas d’autre Dieu que lui ; que rien n’est au-dessus de lui ; que c’est uniquement en croyant en lui et en son Verbe que nous pouvons devenir les enfants de l’adoption, c’est-à-dire nous rendre dignes de la vie éternelle.
Mais comme nos adversaires nous attaquent sans cesse, afin d’avoir l’occasion de nous calomnier en toutes choses, nous proposant toujours de nouvelles questions et de nouvelles explications, nous avons jugé à propos de les questionner nous-mêmes à notre tour sur leurs dogmes, de montrer tout ce qu’ils offrent d’invraisemblable et de chimérique, afin de rabattre leur jactance ; ensuite nous étaierons nos raisonnements des enseignements du Seigneur lui-même : puissions-nous ainsi, en les confondant et en les réduisant au silence, les ramener à la vérité, faire qu’ils s’humilient devant Dieu, et cherchent à l’apaiser, afin d’obtenir le pardon de leurs blasphèmes et de leurs apostasies. Ou bien, s’ils veulent persévérer dans l’erreur à laquelle leur esprit s’est attaché, nous aurons du moins mis à jour toutes les chimères de leurs doctrines et de la vaine gloire qu’ils en attendent.