1 – Mais, dit Tryphon, si quelqu’un, persuadé de cette vérité, voulait encore garder les observances légales, bien qu’il reconnût Jésus-Christ pour le Christ, qu’il crût en lui et obéit à sa parole, sera-t-il sauvé ?
— A mon avis, il le sera, lui répondis-je, pourvu toutefois qu’il ne cherche point à persuader aux autres, c’est-à-dire aux gentils affranchis de l’erreur par Jésus-Christ, qu’ils doivent comme lui pratiquer ces observances, et qu’il ne soutienne pas que sans elles on ne peut obtenir le salut, comme vous le prétendiez vous-même, Tryphon, au commencement de cette discussion : car vous m’avez dit formellement que je ne serais pas sauvé, si je n’observais pas la loi.
2 Tryphon reprit : – Mais pourquoi dites-vous : « A mon avis, cet homme sera sauvé, » sinon parce que plusieurs pensent qu’il ne le sera pas ?
— Oui, lui dis-je, il en est qui pensent ainsi. Ils craindraient de s’entretenir, de loger sous le même toit, d’avoir les moindres rapports avec les hommes dont vous parlez. Je ne partage pas leurs sentiments. Si quelques-uns d’entre vous veulent encore par faiblesse observer tout ce qu’ils peuvent d’une loi que Moïse n’avait donnée qu’à raison de la dureté du cœur ; s’ils espèrent en même temps en Jésus-Christ et observent les préceptes éternels de justice et de piété, qui sont la base de la loi naturelle, sans refuser de vivre avec les Chrétiens fidèles à Jésus-Christ, et sans chercher à leur persuader de se faire circoncire comme eux et d’observer le sabbat et les autres pratiques de la loi, je pense qu’il faut les recevoir et communiquer avec eux en toutes choses, comme avec des hommes animés de notre esprit, comme avec des frères. 3 Pour ceux de votre nation qui croient, nous disent-ils, en Jésus-Christ, mais qui veulent obliger les fidèles d’entre les gentils à pratiquer la loi de Moise, et refusent de communiquer avec eux sans cette condition, je ne les recevrais pas comme les autres ; 4 je crois bien toutefois que ceux qui se laisseraient persuader d’allier l’observance de la loi avec la confession de Jésus-Christ pourraient être sauvés. Mais quant à ceux qui après avoir reconnu et confessé le Christ auraient passé aux observances légales, n’importe par quel motif, et cessé de le reconnaître pour le Messie, sans avoir fait pénitence avant de mourir, je puis vous assurer qu’il n’y a point de salut pour eux ni pour les descendants d’Abraham qui vivent selon la loi et meurent sans avoir cru en Jésus-Christ, je parle surtout de ceux qui ont blasphémé et qui blasphèment encore contre lui dans leurs synagogues. Mais, s’ils le confessent avant leur mort, ils seront assurément sauvés et préservés des feux éternels. 5 Car, dans sa bonté, dans sa miséricorde, dont les trésors sont infinis, comme le dit Ézéchiel, Dieu met le pécheur pénitent au même rang que le juste qui a vécu sans péché : il n’en est pas ainsi de celui qui passe des voies de la piété et de la justice dans celles du crime et de l’impiété, Dieu ne le distingue plus du pécheur, de l’homme injuste et impie. C’est pourquoi notre Seigneur Jésus-Christ nous dit : « Je vous jugerai selon les voies où je vous aurai surpris. »