Nous reprenons la suite des événements. Le tableau sera triste et sombre, nous en adoucirons les traits, mais nous ne les effacerons point : c'est de l'histoire. On pourra y apprendre que l'intolérance est placée sur une pente glissante, et qu'après y avoir mis le pied, elle est entraînée d'iniquité en iniquité, de violence en violence jusqu'aux excès les plus atroces : leçon qui n'est peut-être pas encore entièrement inutile aujourd'hui.
Mazarin mourut en 1661 ; ce fut une perte pour les réformés. Quoiqu'il leur inspirât peu de confiance, et qu'il ne fût pas leur ami, ce cardinal aimait mieux employer la ruse que la force ; et comme il appuyait sa politique au dehors sur les puissances protestantes, il n'osait pas imposer un joug trop dur aux calvinistes français.
Après sa mort, Louis XIV voulut gouverner par lui-même, et les persécutions s'aggravèrent. Non que ce prince fût naturellement cruel ; l'eût-il été, il se serait contenu par respect pour sa propre grandeur ; mais on l'avait nourri dans la haine des huguenots. D'autres motifs que nous expliquerons vinrent accroître plus tard la force de ce préjugé d'enfance, et la ruine de l'hérésie fut l'une des idées fixes de son règne. Il a pu varier sur les moyens, flotter entre la voie de persuasion et celle d'oppression, avoir même l'apparence de revenir sur ses pas, et renvoyer à des temps meilleurs l'achèvement de cette grande entreprise ; mais sous ces fluctuations et ces ajournements son but resta invariable.
Des commissaires furent nommés, en 1661, afin d'examiner dans chaque province les violations vraies ou fausses de l'édit de Nantes, et de ramener la paix entre les deux communions. L'un de ces commissaires était catholique, l'autre calviniste. Cette mesure eût été bonne, si les agents du pouvoir eussent joui des mêmes droits, et que l'autorité chargée de prononcer en dernier ressort eût fait entre eux la part égale. Il en arriva tout autrement, et ce qui devait servir de garantie aux réformés ne fut guère pour eux qu'un nouveau moyen de troubles et d'iniquités.
Le commissaire catholique désigné pour chaque généralité était d'ordinaire un homme considérable, siégeant dans un parlement ou même dans le conseil du roi, et connu par son entier dévouement aux intérêts de l'Église romaine. Le commissaire calviniste au contraire, sauf des exceptions de plus en plus rares, était ou quelque pauvre gentilhomme qui ne s'entendait point aux affaires, ou quelque ambitieux secrètement vendu à la cour, et désigné tout exprès par les intendants, quelquefois même par les évêques, pour trahir ses devoirs. Le premier avait toute la puissance qui accompagne une religion d'Etat ; le second, toute la faiblesse d'une religion à peine tolérée. L'un parlait haut, en invoquant le nom du roi ; l'autre parlait bas, au nom des pauvres opprimés dont il partageait les craintes.
Les commissaires devaient vérifier les droits d'exercice dans les lieux contestés. Or, beaucoup d'Églises n'avaient pas de titres authentiques, soit parce qu'elles n'avaient jamais supposé que ces pièces leur deviendraient nécessaires, soit parce qu'elles les avaient perdues dans les guerres de religion. Elles ne pouvaient donc s'appuyer que sur la possession de fait et la notoriété traditionnelle. De là d'innombrables chicanes. Les syndics du clergé, admis à intervenir dans ces conflits, ne cherchaient qu'à tout envahir ; et quand il y avait désaccord entre les deux commissaires, l'affaire était jugée par le conseil qui voulait resserrer les huguenots dans les plus étroites limites, ou par les intendants qui ne songeaient qu'à faire leur cour à Louis XIV.
On ne saurait compter combien d'exercices furent interdits, de temples abattus, d'écoles supprimées, d'établissements charitables confisqués au profit des catholiques, et combien de particuliers éprouvèrent de criantes injustices, pour peu que leurs droits fussent contestables. Cela remplirait des volumes.
Quelques Jésuites et autres publièrent de longs écrits où, sous couleur d'interpréter l'édit de Nantes, ils le démolissaient pièce à pièce. Plus ils étaient habiles à inventer de nouveaux sophismes contre l'exécution de la loi, plus ils croyaient avoir bien mérité de leur Église. Le prêtre Soulier, auteur d'une Explication de l'édit de Nantes, en fait l'aveu naïf dans son épître dédicatoire aux évêques : « Je m'estimerai trop heureux, messeigneurs, dit-il, si je puis seconder le zèle avec lequel vous travaillez tous les jours, à l'exemple du plus grand de tous les rois, pour éteindre l'hérésie. » L'explication devait, de gré ou de force, aboutir à une extinction.
Ces écrits étaient envoyés au conseil, aux parlements, aux procureurs généraux et aux intendants, qui, sans en approuver tout le contenu, prenaient des armes dans ces grands arsenaux de l'école jésuitique, et s'en servaient chaque fois qu'ils le pouvaient faire avec quelque pudeur.
Le clergé obtint, en 1663, sur les instances de son assemblée générale, une déclaration contre les relaps, c'est-à-dire contre ceux qui retournaient à la communion réformée, après avoir fait abjuration. Ces gens-là ne pouvaient plus prétendre, disait-on dans le préambule, au bénéfice de l'édit de Nantes, puisqu'ils y avaient renoncé, et en retournant à l'hérésie, ils se rendaient coupables du crime énorme de profanation contre les saints mystères de la religion catholique. Aussi l'ordonnance prononçait-elle contre eux la peine du bannissement perpétuel. Cette déclaration est regardée par Rulhières et d'autres historiens comme la première atteinte directe portée à l'édit de Nantes, et le premier pas décisif dans la voie de la révocation.
Il existait alors un certain nombre d'individus qui allaient de la communion réformée à la catholique sans bien savoir pourquoi, et sans intention sérieuse d'y persister. Les uns cédaient à des menaces, d'autres à des séductions momentanées, d'autres à la faiblesse ou à la mobilité naturelle de leur esprit. C'était déjà une grande faute de les admettre si légèrement dans l'Église romaine, et quelques évêques jansénistes, plus scrupuleux que les autres, s'en plaignaient. La seconde fut de vouloir les y retenir par la terreur.
Bien plus, on se mit à inventer, à créer des relaps. L'assistance à la messe pendant trois ou quatre dimanches, la bénédiction demandée à un prêtre dans un mariage mixte, la confidence faite à un catholique qu'on inclinait vers sa religion, une conjecture, une apparence, un ouï-dire, ou quelque velléité d'abjuration qui datait de quinze ou de vingt ans : on transformait tout cela en actes de catholicité, et si le prétendu converti remettait le pied dans un temple hérétique, on le traduisait devant les tribunaux comme relaps.
Il s'ensuivit de tels abus et des troubles si graves qu'une nouvelle déclaration, publiée en 1664, prononça la nullité de toutes les procédures commencées sur ce sujet. Néanmoins la loi ne fut que suspendue ; on la reprit quelque temps après, en y ajoutant de cruelles aggravations.
Au mois de mai 1665, une ordonnance du conseil autorisa les curés, et généralement tous les ecclésiastiques de l'Église romaine, à se présenter avec un magistrat au domicile des malades, pour leur demander s'ils voulaient mourir dans l'hérésie, ou se convertir à la vraie religion. Il est facile de se représenter les scènes de douleur à la fois et de scandale qui devaient en résulter, quand le prêtre était fanatique et le magistrat complaisant. Hors de la communion romaine, on ne pouvait ni vivre ni mourir en paix.
L'autorité paternelle devait subir à son tour une grave atteinte. Sans parler des crimes de rapt qui s'étaient commis en divers lieux, et se renouvelaient souvent avec une complète impunité, les enfants furent déclarés, par un arrêt du 24 octobre 1665, capables d'embrasser le catholicisme : les garçons à quatorze ans, les filles à douze, et les parents furent tenus de leur faire une pension alimentaire pour les entretenir hors de leur maison.
Les réformés se plaignirent amèrement de cette loi, et ce qu'il y eut de plus étrange, les évêques et les commissaires généraux du clergé s'en plaignirent aussi. Ils allèrent dire au chancelier que leur conscience ne leur permettait pas de laisser tant de puissance aux pères hérétiques, et que les enfants étant responsables de leurs actes avant l'âge de quatorze ou de douze ans, on devait avoir le droit de les admettre dans la vraie Église, dès qu'ils en exprimeraient le désir. Le chancelier discuta pour la forme avec eux : puis il leur dit en les congédiant : « Le roi a fait son devoir, vous ferez le vôtre. »
On reçut en effet les abjurations de beaucoup d'enfants avant l'âge requis ; et lorsque les parents portaient l'affaire en justice, les avocats généraux établissaient qu'il y a une grande différence entre exciter, induire les enfants à changer de religion, et se borner à leur ouvrir les bras, quand ils se présentent d'eux-mêmes par une sorte d'inspiration du ciel. Quelques années après, une nouvelle loi dont nous parlerons sanctionna ces attentats contre les droits les plus sacrés de la famille.
Les ordonnances contre les blasphémateurs, en particulier contre ceux que l'on accusait d'outrager l'honneur, la pureté et la sainteté de la vierge Marie, furent confirmées. Cela donna lieu à une foule de poursuites, ou extravagantes, ou barbares. Les sermons des pasteurs étaient recueillis par des espions aux gages des Jésuites, et s'il s'y rencontrait quelques termes un peu vifs contre les enseignements du catholicisme, on citait ces pasteurs devant les tribunaux sous l'accusation de blasphème. Beaucoup de particuliers furent en butte au même traitement, et l'on vit souvent des catholiques ayant procès avec des réformés, les taxer d'un blasphème quelconque, pour avoir meilleur marché des prétentions de leur partie adverse.
Il devint toujours plus difficile aux religionnaires d'entrer dans les charges publiques. On avait commencé par les tenir loin des hauts emplois ; on leur ferma ensuite l'accès des médiocres, et l'on en vint par degrés à les écarter des plus petits, excepté dans les villes et les cantons où ils avaient encore la majorité. En plusieurs provinces on exigea une profession de foi catholique pour accorder aux simples artisans des lettres de maîtrise.
Il n'y eut pas jusqu'à la corporation des lingères de Paris qui ne s'en allât remontrer au conseil que leur communauté, ayant été instituée par saint Louis, ne pouvait admettre d'hérétiques, et cette réclamation fut gravement confirmée (singulier monument de folie) par un arrêt du 21 août 1665. On remarqua là-dessus que ces lingères avaient dans leur corporation beaucoup de femmes perdues dont elles ne se plaignaient point, et qu'elles s'inquiétaient de l'hérésie bien plus que des mauvaises mœurs. L'exemple leur en avait été donné, il est vrai, par les prêtres, par la cour, et surtout par Louis XIV.
Colbert cependant persistait à employer des religionnaires dans les charges des finances. Un protestant venu d'Allemagne, Barthélemy Herward, avait été nommé intendant des finances sous le ministère de Mazarin, malgré les commissaires du clergé, qui formèrent opposition, et la firent même signifier authentiquement au chancelier. Herward devint ensuite contrôleur général. « Sa religion, dit Elie Benoît, se sentit de sa faveur ; les finances devinrent le refuge des réformés, à qui on refusait les autres emplois. Ils entrèrent dans les fermes et les commissions, et se rendirent si nécessaires dans les affaires de cette nature, que Fouquet même et Colbert ne purent se passer d'eux, et furent forcés de les maintenir comme des gens d'une fidélité éprouvée et d'une capacité reconnue (t. III, p. 139).
Colbert se fiait en effet à leur esprit d'ordre, d'économie, de probité et se mettait peu en souci de la religion, pourvu qu'il eût d'honnêtes gens à son service. Rulhières fait à ce propos une remarque bien curieuse dans ses Eclaircissements historiques : c'est que les financiers jouirent alors pour la première fois de l'estime générale ; ils ne furent attaqués, ni par Molière, ni par La Fontaine, ni par Boileau. « Ce silence des satiriques sur les financiers, pendant les années où le plus grand nombre de ces emplois était possédé par les protestants, ajoute Rulhières, n'est-il pas infiniment honorable pour eux ? » (t. I, p. 175.)
D'autres, n'ayant pu entrer dans les offices de l'Etat, ni même dans les magistratures municipales, s'étaient tournés vers les arts et métiers, vers l'agriculture et l'industrie : nouveau titre qui les recommandait à la protection de Colbert. Mais ce grand ministre d'Etat céda bientôt lui-même à la volonté du maître ; car, sous Louis XIV, le génie ne dispensait pas du devoir d'être courtisan.
A côté des violences du conseil et des tribunaux, les réformés eurent à supporter ces puériles vexations, ces petitesses ridicules dont l'intolérance ne sait jamais se garantir. On leur défendit, entre autres choses, de chanter des psaumes par terre ou par eau, dans leurs ateliers ou à la porte de leurs maisons. Si une procession venait à passer pendant qu'ils chantaient dans leurs temples, ils devaient s'arrêter. Leurs enterrements ne pouvaient se faire qu'à la pointe du jour ou à l'entrée de la nuit, et il n'était pas permis d'admettre plus de dix personnes au convoi, excepté à Castres, à Montauban, à Nîmes, et dans les villes du même ordre, où l'on autorisait la présence de trente personnes. Les réformés n'étaient libres de se marier que dans les temps fixés par les canons de l'Église catholique, et le cortège nuptial ne devait pas dépasser, les parents compris, le nombre de douze personnes en traversant les rues.
On interdisait aux Églises riches de se cotiser pour fournir des ministres aux Églises pauvres. On faisait un crime aux consistoires de prononcer des censures contre ceux qui mettaient leurs enfants dans les collèges des Jésuites. Les pasteurs perdirent le droit de prendre le titre de docteurs en théologie, et le roi leur défendit, sous peine de trois cents livres d'amende, de porter la soutane et la robe longue ailleurs que dans leurs temples. Ils ne pouvaient parler et prier qu'à voix basse dans les hôpitaux, de peur d'offenser les oreilles des catholiques.
Malgré tout cela, l'évêque d'Uzès, orateur de l'assemblée générale du clergé, déclara au roi, en 1665, qu'il fallait travailler avec plus d'ardeur à faire expirer entièrement (ce furent ses termes) le redoutable monstre de l'hérésie. Il demanda, en outre, que la liberté de conscience fût ôtée aux catholiques, c'est-à-dire qu'il ne fût plus permis à personne de sortir de l'Église romaine, ajoutant que vingt-deux diocèses du Languedoc l'avaient réclamée des Etats de la province, et que tous les diocèses du royaume étaient prêts à sceller cette déclaration de leur sang.
Le conseil devait encore garder quelque mesure : il refusa. Mais l'année suivante il fit un acte énorme, en sanctionnant sous forme de loi générale tous les arrêts qui avaient été rendus sur des cas particuliers par les cours de justice. Le préambule portait que cette loi avait été accordée à la demande de l'assemblée du clergé. Elle renfermait cinquante-neuf articles, qui tendaient tous à restreindre les libertés que l'édit de Nantes déclarait perpétuelles et irrévocables.
De cette époque date la première émigration. Les réformés craignirent de ne plus trouver ni justice, ni repos sur leur terre natale, et aimèrent mieux les souffrances de l'exil que celles de la persécution.
Les puissances protestantes de l'Europe commencèrent à s'en émouvoir. L'Electeur de Brandebourg, l'un des plus fidèles et des plus utiles alliés de Louis XIV, lui écrivit en faveur des réformés. Le roi répondit qu'il les faisait vivre dans l'égalité avec ses autres sujets. « J'y suis engagé, disait-il, par ma parole royale, et par la reconnaissance que j'ai des preuves qu'ils m'ont données de leur fidélité pendant les derniers mouvements (la Fronde), où ils ont pris les armes pour mon service. »
Ce n'étaient là que des phrases diplomatiques qui n'abusaient personne. L'Angleterre et la Suède, dont la neutralité était nécessaire à Louis XIV, après la paix d'Aix-la-Chapelle, témoignèrent aussi de leur sollicitude pour le sort des réformés de France. L'émigration ne cessait point ; et toutes ces circonstances engagèrent le conseil à publier, en 1669, une espèce de rétractation des précédents arrêts. Neuf articles de la déclaration de 1666 furent supprimés, et vingt et un autres adoucis. Bien que ce ne fût qu'une demi-justice, les pauvres huguenots s'en estimèrent heureux.
Peu après fut publié le célèbre édit qui défendait aux sujets du roi, sous peine de confiscation de corps et de biens, d'aller s'établir dans les pays étrangers sans permission expresse, et particulièrement d'y prendre service en qualité d'ouvrier de marine ou de matelot. Cette loi frappait tous les Français dans leurs vieilles libertés : mais elle ne fut guère appliquée qu'à ceux qui émigrèrent pour cause de religion.
Le maréchal de Turenne venait d'abjurer (1669). Cette conversion eut toute l'importance d'un fait général. Turenne avait résisté aux invitations de Mazarin et de Louis XIV, et ne s'était pas même laissé éblouir par l'offre de l'épée de connétable. Il changea tout à coup, lorsque personne ne s'y attendait plus, et l'on n'a jamais bien su pourquoi.
Quelques écrivains catholiques disent qu'il fut éclairé par l'Exposition de la doctrine de l'Église catholique de Bossuet : livre en effet bien ordonné, sobrement écrit, d'une habileté prodigieuse, dans lequel l'auteur cache les plus grandes erreurs de doctrine et de pratique du catholicisme sous les artifices d'un langage savamment étudié. Il est possible que le vieux soldat n'y ait pas regardé de près, et que son peu de lumières sur les questions de controverse l'ait mal gardé contre les subtilités du théologien.
Les historiens réformés expliquent la chose autrement. Ils racontent que Turenne, toujours assez froid sur sa religion, y avait été retenu par sa femme et par ses sœurs, Mmes de Duras et de la Trémoille, personnes fort zélées pour les croyances de la Réforme. Quand il se trouva seul, et qu'il se fut livré à des galanteries peu compatibles avec la sévérité de la foi, il laissa faire la parole de Bossuet.
C'est lieu d'observer que la plus grande partie de la noblesse de cour, les familles de Bouillon, de Châtillon, de Rohan, de Sully, de la Trémoille, se réglant sur la volonté du monarque, étaient peu à peu rentrées dans l'Église catholique. Leurs dérèglements de mœurs les avaient aussi préparées à l'abjuration : ils n'étaient pas moindres que ceux du reste des courtisans, au témoignage de Tallemant des Réaux, qui était lui-même calviniste de naissance.
Parmi les hommes considérables qui étaient demeurés fidèles à la Réforme, on pouvait citer le comte de Schomberg, qui avait eu le commandement en chef des armées ; le duc de la Force et sa maison ; une branche cadette de la famille des La Rochefoucauld ; plusieurs descendants de Duplessis-Mornay ; les marquis de Ruvigny, dont l'un était ministre plénipotentiaire à Londres, et l'autre député général des Églises. La petite noblesse de province avait été plus ferme que les grands seigneurs. Le Languedoc, la Guyenne, le Quercy, la Saintonge, le Poitou, la Normandie comptaient encore des milliers de gentilshommes dévoués à la foi de leurs pères, et qui, en retour des bons services qu'ils rendaient au roi dans ses armées et sur ses flottes, ne demandaient qu'un peu de justice et de protection.