Ces trois perfections se rattachent au côté moral de la Sainteté de Dieu. Elles se trouvent mentionnées toutes trois ensemble dans le beau passage du Deutéronome où Dieu est comparé à un rocher inébranlable ; il n’y a rien à reprendre en Lui ni dans son œuvre : il est juste et droit, donc il est fidèle, on peut faire fonds sur ce qu’il dit (Deutéronome 32.4) Dieu est juste, צדיק, or être juste, צדק, c’est avant tout, d’après l’arabe, être droit. Et telle est aussi la signification première du mot ישד qui, dans Deutéronome 32.4, se trouve tout à côté de צדיק.
Dieu est juste, car il fait toujours ce qu’il y a à faire ; il agit toujours de la meilleure manière possible, eu égard au but qu’il se propose et à la nature des êtres sur lesquels il exerce son action. La justice divine est, non pas exclusivement, mais principalement une justice rétributive. C’est quand Dieu agit comme juge qu’il déploie surtout sa justice, et, en dépit de sa proche parenté avec la sainteté divine, cette justice a ceci de particulier qu’elle s’exerce même en dehors de la théocratie, et jusque sur les animaux. Psaumes 36.7 : « Ta justice est comme les montagnes de Dieu… O Jéhovah, tu viens en aide aux hommes et aux bêtes ! » Qu’on se rappelle ici le dernier mot du livre de Jonas. Mais ce sont là des exceptions et, dans la règle, c’est l’humanité, mais l’humanité tout entière, et non pas le royaume de Dieu, qui est le théâtre où se déploie la justice divine. D’après Genèse 18.25, Jéhovah est le juge de la terre entière, et, comme tel, il exercera le jugement et il ne permettra pas que les bons aient le même sort que les méchants. Tel est aussi le sens de Exode 9.27 : Pharaon sent que Dieu vend à chacun ce qui lui est dû. « Jéhovah est juste ; moi et mon peuple nous sommes méchants. » Ce dernier passage est, avec Deutéronome 32.4, le seul de tout le Pentateuque où Dieu soit directement appelé juste. C’est la sainteté divine, en effet, et non pas la justice, qui est à la base de la théocratie et de toutes ses ordonnances. Ce sera l’affaire du Prophétisme que de mettre en avant la notion de la justice de Dieu et d’y montrer la perfection que Dieu met en œuvre pour procurer la réalisation de ses plans. Les Hagiographes, et plus particulièrement ce que nous avons appelé la philosophie ou la sagesse hébraïque, s’occuperont à leur tour de la justice divine, mais ils l’étudieront dans ses manifestations les plus générales.
Non seulement parce qu’il est toujours fidèle à son essence (§ 39), mais aussi parce qu’il est sainth, Jéhovah est véritable et fidèle (Ésaïe 49.7 ; Osée 12.1 ; Deutéronome 32.4 ; Psaumes 31.6).
h – D’une sainteté morale, et non pas seulement de cette sainteté qui consiste à être souverainement élevé au-dessus de toute créature.
C’est pour cela, nous l’avons vu, qu’il s’appelle le rocher, le lieu fort צור, nom des plus antiques, puisqu’il entre dans la composition de plusieurs noms propres du Pentateuque : Elitsur, « Mon Dieu est mon rocher » : Nombres 1.5 ; Tsuriel, « Mon rocher est Dieu » : Nombres 3.35 ; Tsurrishaddaï, « Mon rocher est le Tout-Puissant » Nombres 1.6 ; Pédatsur, « Le rocher délivre » : Nombres 1.10 (Voyez plus bas § 88). C’est surtout à propos des promesses de l’Éternel, qu’il est question dans l’A. T. de la véracité et de la fidélité de Dieu, car Dieu accomplit toujours ses promesses. « Le Dieu fort n’est point homme pour mentir, ni un fils d’homme pour se repentir. Il a dit, ne le fera-t-il point ? Il a parlé, n’accomplira-t-il pas ? » (Nombres 23.19) « Celui qui est la force d’Israël ne mentira point, et Il ne se repentira point ; car Il n’est pas homme pour se repentir. » (1 Samuel 15.29) « Ta fidélité atteint jusqu’aux nues ! » s’écrie David au Psaume 36, c’est-à-dire : elle n’a point de limites, elle n’est pas comme la fidélité des hommes !