Nestorius, né à Germanicie vers l’an 380, étudia d’abord à Antioche et se consacra à la vie religieuse dans le monastère d’Euprepios, situé près de la ville ; puis, ordonné prêtre, se livra avec succès à la prédication. Cette circonstance attira sans doute sur lui l’attention de l’empereur Théodose II, qui, à la mort du patriarche Sisinnius de Constantinople, le choisit pour lui succéder (428). Le nouvel élu ne tarda pas à tromper les espérances qu’il avait fait naître. Condamné dès 430 pour ses erreurs christologiques par le pape Célestin, de nouveau condamné et déposé par le concile d’Éphèse en 431, il rentra dans son couvent d’Euprepios et y séjourna jusqu’en 435. Il fut alors exilé à Petra, en Arabie, puis à Oasis en Egypte. Sa mort doit se mettre vers l’an 450-451, avant le concile de Chalcédoine.
Les premiers écrits de Nestorius ont été des homélies, dont on possède quatre entières et des fragments d’une trentaine environ ; ensuite des lettres dont il reste dix entières et des fragments : le tout de 429-435. En 430 ou 431, il répond aux anathématismes de saint Cyrille par douze contre-anathématismes que Marius Mercator a conservés dans une traduction latine ; et, après sa condamnation, il s’efforce de se justifier dans trois apologies : le Théopaschite (quelques fragments), qui est de 431-435 ; la Tragédie ou l’Histoire (un fragment) écrite un peu plus tard, et le Livre d’Héraclide (traduction syriaque), postérieur à 449.
[Ce que l’on connaissait de Nestorius jusqu’en 1905 a été réuni et édité par F. Loors, Nestoriana, Halle, 1903. Pour le Livre d’Héraclide, édité par P. Bedjan, Paris, 1910, se servir de F. Nau, Nestorius, Le Livre d’Héraclide de Damas, traduit en français, Paris, 1910. (Des doutes ont été élevés sur l’authenticité ou du moins l’intégrité de ce dernier écrit.) Voir M. Jugie, Nestorius et la controverse nestorienne, Paris, 1912. F. Nau, Nestorius d’après les sources orientales, Paris, 1911.]
Nestorius eut pour ami et pour protecteur à Éphèse et auprès de Théodose II le comte Irénée qui, d’abord exilé à Pétra, devint, vers 445, évêque de Tyr et mourut en 448-451. Il avait raconté, vers 437-438, dans un ouvrage en trois livres intitulé Tragédie, les événements auxquels il s’était trouvé mêlé. Cet ouvrage est perdu, mais on le trouve, cité dans une compilation latine anonyme du vie siècle, le Synodicon adversus tragoediam Irenaei.
Les autres amis de la première heure de Nestorius, ceux qu’on appelle les Orientaux, Jean d’Antioche, Théodoret, etc. furent plutôt des amis de sa personne que des partisans de ses erreurs, et finirent par se réconcilier avec Cyrille d’Alexandrie. Entre les irréductibles cependant il faut nommer l’évêque de Tyane, Eutherius, qui fut plus tard déposé et mourut en exil à Tyr vers 435. Outre quelques lettres, on possède de lui des fragments importants d’un grand ouvrage contre les Scholia de saint Cyrille sur l’incarnation. Photius (cod. 46), qui attribuait cet ouvrage à Théodoret, dit qu’il comprenait vingt-sept articles. Les éditions n’en comprenaient jusqu’ici que dix-sept, intitulés Confutationes quarumdam propositionum ; quelques autres parties ont été récemment retrouvées.