Ces lettres irritèrent de telle sorte toute cette multitude contre Jonathas et ses collègues, qu'ils se jetèrent sur eux et les eussent sans doute tués si je ne les en eusse empêché. Je dis à Jonathas que je leur pardonnais tout ce qu'ils avaient fait contre moi, pourvu qu'ils changeassent de conduite et retournassent dire en Jérusalem à ceux qui les avaient députés de quelle manière je m'étais conduit dans mon emploi. Ils me le promirent et je les renvoyai, quoique je ne doutasse pas qu'ils me manqueraient de parole. Mais la fureur de ce peuple continuant toujours, ils me conjuraient de leur permettre de les punir ; et bien que je m'efforçasse de tout mon pouvoir de modérer leur colère et de leur persuader de leur pardonner, en leur remontrant qu'il n'y a point de sédition qui ne soit désavantageuse au public, ils voulaient à toute force aller attaquer le logis de Jonathas.
Voyant donc qu'il n'était plus en mon pouvoir de les retenir, je montai à cheval et leur commandai de me suivre à Sogan, qui est un village d'Arabie éloigné de vingt stades du lieu où j'étais, et empêchai par ce moyen qu'on ne pût m'accuser d'avoir commencé, une guerre civile.