Institution de la Religion Chrétienne

LIVRE II
Qui est de la cognoissance de Dieu, entant qu’il s’est monstré Rédempteur en Jésus-Christ : laquelle a esté cognue premièrement des Pères sous la Loy, et depuis nous a esté manifestée en l’Evangile.

Chapitre XVII
Que Jésus-Christ vrayement nous a mérité la grâce de Dieu et salut.

2.17.1

Il y a une question à expédier pour la fin, c’est qu’aucuns esprits volages s’esgarans en leurs subtilitez combien qu’ils confessent que nous obtenons salut par Jésus-Christ, toutesfois ne peuvent porter le nom de Mérite, pource qu’ils pensent que la grâce de Dieu en est obscurcie. Par ainsi ils veulent que Jésus-Christ ait esté instrument ou ministre de nostre salut, non pas autheur, chef et capitaine, comme sainct Pierre le nomme Actes 3.11. Or je confesse bien que si quelqu’un le vouloit simplement ou en soy opposer au jugement de Dieu, qu’il n’y auroit point lieu à nul mérite : pource qu’il ne se trouvera point dignité en homme, qui puisse obliger Dieu, ou rien mériter envers luy ; mesmes comme sainct Augustin dit très bien, Nostre Sauveur, entant qu’il est homme, et une clairté souveraine de la prédestination et grâce de Dieu, veu que la nature humaine qui est en luy n’a peu acquérir par aucuns mérites précédens d’œuvres ou de foy, qu’il fust ce qu’il est : Qu’on me responde, dit-il, comment il a peu mériter, pour estre prins de la Parole coéternelle du Père en unité de personne, pour estre Fils unique de Dieu. Ainsi la source de grâce, dont les parties s’espandent sur les membres selon la mesure de chacun, apparoist en nostre chef. Par ceste grâce chacun est fait Chrestien du commencement de sa foy, comme nostre Sauveur par icelle a esté fait Christ au commencement de son humanité. Item en un autre passage : Il n’y a patron ni exemple plus clair et notable de la prédestination gratuite, que nostre Médiateur. Car celuy qui l’a fait homme juste de la semence de David, pour n’estre jamais injuste, voire sans aucun mérite précédent de la volonté d’iceluy, fait aussi justes ceux qui estoyent injustes, en les faisant membres de ce chef. Parquoy en parlant du mérite de Jésus-Christ, nous n’en establissons pas le commencement en luy, mais nous montons au décret et à l’ordonnance de Dieu, laquelle en est la cause : d’autant qu’il l’a establi Médiateur de pure gratuité, pour nous acquérir salut. Et ainsi c’est inconsidérément fait, d’opposer le mérite de Jésus-Christ à la miséricorde de Dieu. Car il nous faut prattiquer la reigle vulgaire : que quand deux choses se rencontrent chacune en son degré, mesmes que l’une est accessoire de l’autre, il n’y a nulle répugnance. Parquoy rien n’empesche que la justification des hommes ne soit gratuite de la pure miséricorde de Dieu : et que le mérite de Jésus-Christ servant à icelle de moyen inférieur, n’y interviene ; mais c’est à nos œuvres qu’il faut opposer tant la faveur et bonté de Dieu que l’obéissance de Christ, chacun des deux selon son ordre. Car Jésus-Christ n’a peu rien mériter que du bon plaisir de Dieu : mais pource qu’il estoit destiné et ordonné à cela, d’appaiser l’ire de Dieu par son sacrifice, et effacer nos transgressions par son obéissance. En somme puis que le mérite de Jésus-Christ dépend et procède de la seule grâce de Dieu, laquelle nous a ordonné ceste manière de salut, il doit estre à bon droict opposé à toutes justices humaines, aussi bien que la cause dont il procède.

2.17.2

Ceste distinction se peut vérifier par beaucoup de passages de l’Escriture : comme, Dieu a tant aimé le monde, qu’il a livré son Fils unique, afin que quiconque croit en luy, ne périsse point Jean 3.16. Nous voyons que la dilection de Dieu est mise en premier lieu, comme la cause souveraine ou la source : puis la foy en Jésus-Christ s’ensuit, comme la cause seconde et plus prochaine. Si quelqu’un réplique, que Jésus-Christ est seulement cause formelle, c’est-à-dire qui n’emporte point en soy vray effect, les mots que nous avons alléguez ne souffrent point qu’on amoindrisse tant sa vertu. Car si nous sommes réputez justes par la foy laquelle repose en luy, il nous faut aussi chercher en luy-mesme la matière de nostre salut, ce qui se prouve par plusieurs lieux assez évidens : comme de sainct Jehan, Non pas que nous l’ayons aimé les premiers, mais il nous a aimez le premier, et a envoyé son Fils propiciation pour nos péchez 1Jean 4.10. En ces mots il démonstre clairement que Dieu nous a establi le moyen de nous réconcilier avec luy en Jésus-Christ, afin que rien n’empeschast son amour envers nous. Et ce nom de Propiciation ou Appointement, emporte beaucoup. Car Dieu du temps qu’il nous aimoit, de l’autre costé nous estoit ennemi d’une façon qui ne se peut exprimer, jusques à ce qu’il a esté appaisé en Christ. A quoy se rapportent toutes ces sentences : que Jésus-Christ est la purgation de nos péchez. Item, qu’il a pleu à Dieu réconcilier toutes choses à soy par luy, pacifiant tous discours par le sang de sa croix en luy-mesme. Item, que Dieu estoit en Christ s’appaisant envers le monde, n’imputant point aux hommes leurs péchez 1Jean 2.2 ; Col.1.20 ; 2Cor. 5.19. Item, qu’il nous a eus agréables en son Fils bienaimé. Item que Jésus-Christ a réconcilié les Juifs et les Payens avec Dieu par sa croix Ephés. 1.6 ; 2.16. La raison de ce mystère se peut recueillir du premier chapitre des Ephésiens : là où sainct Paul après avoir enseigné que nous avons esté esleus en Christ, adjouste que nous avons obtenu grâce en luy. Comment Dieu a-il commencé de recevoir en son amour et faveur ceux qu’il avoit aimez devant la création du monde, sinon d’autant qu’il a desployé son amour quand il a esté réconcilié par le sang de son Fils ? Car d’autant que Dieu est la fontaine de toute justice, il est nécessaire, pendant que nous sommes pécheurs, que nous l’ayons pour ennemi et juge. Parquoy la justice telle que sainct Paul la descrit, luy est commencement de nous aimer : c’est que celuy qui estoit pur de tous péchez a esté fait péché pour nous, afin que nous soyons justice de Dieu en luy 2Cor. 5.21. Car il signifie que par le sacrifice de Jésus-Christ nous avons justice gratuite pour plaire à Dieu, estans autrement aliénez de luy par le péché, et enfans d’ire de nature. Au reste ceste distinction est notée, toutesfois et quantes que l’Escriture conjoinct la grâce de Jésus-Christ avec l’amour de Dieu ; dont il s’ensuit que nostre Sauveur nous eslargit du sien qu’il a acquis pource qu’autrement il ne conviendroit pas que ceste louange luy fust attribuée à part, que la grâce est siene et provenante de luy.

2.17.3

Or que Jésus-Christ nous ait acquis par son obéissance faveur envers le Père, et mesmes qu’il l’ait méritée, il appert et se peut recueillir sans doute de plusieurs tesmoignages de l’Escriture. Car je pren ce point pour résolu, que s’il a satisfait pour nos péchez, s’il a soustenu la peine qui nous estoit deue, si par son obéissance il a appaisé l’ire de son Père, finalement si luy estant juste a souffert pour les pécheurs : il nous a acquis salut par sa justice ; ce qui vaut autant que mériter. Or tesmoin sainct Paul, il nous a réconciliez par sa mort Rom.5.11. Si la réconciliation n’a point de lieu, sinon qu’il y ait précédé offense, haine et divorce : le sens est tel, que Dieu, qui justement nous hayssoit et avoit en desdain à cause du péché, s’est appointé avec nous par la mort de son Fils, pour nous estre propice. Il faut bien aussi noter la comparaison que met sainct Paul : c’est que comme nous avons esté faits pécheurs par la transgression d’un homme, aussi nous sommes restituez en justice par l’obéissance d’un homme Rom. 5.19. Car le sens est tel, que tout ainsi que nous avons esté séparez de Dieu par la coulpe d’Adam, et destinez à perdition : aussi par l’obéissance de Jésus-Christ nous avons esté remis et receus en amour comme justes. Comme aussi il dit, que le don est pour effacer plusieurs délicts, afin de nous justifier Rom. 5.16.

2.17.4

Or quand nous disons que la grâce nous a esté acquise par le mérite de Jésus-Christ, nous entendons que nous avons esté purgez par son sang, et que sa mort a esté satisfaction pour effacer les péchez. Comme dit sainct Jehan, que son sang nous purge, et le Sauveur mesme, Voyci mon sang qui est espandu en la rémission des péchez 1Jean 1.5 ; Luc 22.20. Si la vertu et effect du sang espandu, est que nos péchez ne nous soyent point imputez, il s’ensuit qu’il a esté satisfait par ce pris pour récompense au jugement de Dieu. A quoy s’accorde le dire de Jehan-Baptiste, Voyci l’Agneau de Dieu, qui oste le péché du monde Jean 1.29. Car il oppose Jésus-Christ à tous les sacrifices de la Loy : enseignant que tout ce que ces figures-là ont monstré, est accompli en luy. Or nous sçavons ce que Moyse réitère souvent : c’est que l’iniquité sera rachetée, le péché effacé et remis par les offrandes. Brief les figures anciennes nous déclairent très-bien quelle est la vertu et efficace de la mort de Jésus-Christ. Et l’Apostre en l’Epistre aux Hébrieux explique proprement le tout, en usant de ce principe, que le pardon ne se fait point sans effusion de sang Hébreux 9.22 ; dont il conclud que Jésus-Christ est apparu avec son sacrifice pour abolir le péché. Item, qu’il a esté offert pour abolir les péchez de plusieurs. Or il avoit dit un peu au paravant, qu’il n’est point entré au sanctuaire avec sang de boucs ou de veaux, mais par son propre sang, pour trouver rédemption éternelle Héb. 9.12. D’avantage, quand il argue en la façon qui s’ensuit. Si le sang d’une génisse sanctifie selon la pureté de la chair, par plus forte raison les consciences sont nettoyées des œuvres mortes par le sang de Christ Héb. 9.13-14. Il appert clairement que ceux qui n’attribuent point au sacrifice de Jésus-Christ, la vertu d’effacer les péchez, d’appaiser Dieu, et de luy satisfaire, amoindrissent par trop la grâce qui a esté figurée par les ombres de la Loy. Voylà pourquoy l’Apostre adjouste, que Jésus- Christ est Médiateur du Nouveau Testament, afin que sa mort intervenante pour récompenser et abolir les péchez qui demeuroyent sous la Loy, les fidèles qui sont appelez reçoivent la promesse de l’héritage éternel Héb. 9.15. La similitude aussi que met sainct Paul est bien à noter : asçavoir qu’il a esté fait malédiction pour nous Gal. 3.13. Car c’eust esté chose superflue, voire absurde, que Jésus-Christ eust esté chargé de malédiction, sinon pour payer ce dont nous estions redevables, et par ce moyen nous acquérir justice : ce qu’emporte le tesmoignage d’Isaïe, que le chastiment de nostre paix a esté mis sur luy, et que nous sommes guairis par ses playes Esaïe 53.5. Car s’il n’avoit satisfait pour nos péchez, il ne seroit pas dit qu’il nous a appointez avec Dieu, se chargeant de la punition à laquelle nous estions obligez. A quoy respond ce qui s’ensuyt au Prophète, Je l’ay frappé pour l’iniquité de mon peuple : adjoustant l’interprétation de sainct Pierre qui oste toute difficulté, c’est qu’il a porté nos péchez sur le bois 1Pierre.2.24. Car il monstre que le fardeau de damnation a esté mis sur Jésus-Christ, pour nous en alléger.

2.17.5

Les Apostres aussi prononcent assez ouvertement, que Jésus-Christ a payé le pris et rançon pour nous racheter de l’obligation de mort, comme quand sainct Paul dit, que nous sommes justifiez par la grâce d’iceluy, par la rédemption qu’il a faite : d’autant que Dieu l’a ordonné en appointement par la foy qui est en son sang Rom. 3.24. Par ces mots l’Apostre magnifie la grâce de Dieu, en ce qu’il nous a donné le pris de rédemption en la mort de son Fils : puis il nous exhorte d’avoir nostre refuge au sang espandu, afin qu’estans justifiez par ce moyen nous puissions consister devant le Jugement de Dieu. Cela mesme est confermé par le dire de sainct Pierre : c’est que nous sommes rachetez non point d’or ne d’argent, mais du sang précieux de l’Agneau sans macule 1Pierre 1.18-19. Car telle comparaison, où il oppose l’un à l’autre, ne conviendroit pas, si ce pris du sang innocent n’eust emporté satisfaction pour les péchez. Pour laquelle raison sainct Paul dit que nous avons esté rachetez précieusement. Et sans cela ce qu’il dit ailleurs ne consisteroit pas : c’est qu’il y a un seul Médiateur, lequel s’est donné pour pleige et rançon 1Cor. 6.20. Car en ce faisant, il faut qu’il ait soustenu la peine que nous avions méritée. Parquoy le mesme Apostre, voulant définir que c’est de la rédemption au sang de Christ, l’appelle Rémission des péchez Col. 1.14 : comme s’il disoit que nous sommes justifiez ou absous devant Dieu, d’autant que ce sang-là respond en satisfaction. A quoy est conforme, l’autre passage : c’est que l’obligation qui nous estoit contraire, a esté effacée en la croix Col. 2.14. Car cela emporte qu’il y a eu payement et récompense pour nous délivrer de damnation. Nous devons bien aussi poiser ces mots de sainct Paul, c’est que si nous sommes justifiez par les œuvres de la Loy, Jésus-Christ seroit mort en vain Gal. 2.21. Car il signifie que nous devons chercher en Jésus-Christ ce que la Loy nous apporteroit si elle estoit deuement accomplie : ou bien que nous obtenons par la grâce de Christ ce que Dieu a promis à nos œuvres en la Loy : asçavoir, Oui fera ces choses, il vivra en icelles Lév. 18.5 : ce qu’il confermé aussi bien au sermon qu’il fit en Antioche, selon qu’il est récité par sainct Luc : où il dit, qu’en croyant en Jésus-Christ nous sommes justifiez de toutes les choses dont nous ne pouvons estre justifiez en la Loy de Moyse Actes 13.38. Car si l’observation de la Loy est tenue pour justice, on ne peut nier que quand Jésus-Christ ayant prins ceste charge à soy, nous réconcilie par ce moyen à Dieu son Père, comme si nous estions parfaits observateurs de la Loy, il ne nous mérite faveur. Ce qu’il dit en l’Epistre aux Galates tend à un mesme but : c’est que Dieu envoyant son Fils l’a assujeti à la Loy, afin qu’il rachetast ceux qui estoyent sous la Loy Gal. 4.4-5. Car de quoy serviroit ceste sujétion s’il ne nous eust acquis justice, s’obligeant à faire et accomplir ce que nous ne pouvions : et à payer, d’autant que nous n’avions de quoy ? Voylà dont vient l’imputation de justice sans œuvres, dont il est si souvent parlé : c’est que Dieu nous alloue en acquit la justice qui se trouve en nostre Seigneur Jésus. Et de faict sa chair n’est point appelée Viande pour autre raison, que d’autant que nous trouvons en icelle substance de vie Jean 6.35. Or ceste vertu ne procède d’ailleurs, que de ce qu’il a esté crucifié pour le pris et récompense de tout ce que nous devions, comme sainct Paul dit qu’il s’est offert en sacrifice de bonne odeur. Item, qu’il a souffert pour nos péchez, et est ressuscité pour nostre justice Eph. 5.2 ; Rom. 4.25. De quoy nous avons à conclurre, que non-seulement Jésus-Christ nous a esté donné pour salut, mais qu’en faveur de luy le Père nous est propice. Car il n’y a doute que ce que Dieu prononce sous figure par Isaïe, ne soit entièrement accompli en ce Rédempteur : Je le feray pour l’amour de moy, et pour l’amour de David mon serviteur Esaïe 37.35. De quoy sainct Jehan nous est fidèle et suffisant expositeur, quand il dit que nos péchez nous sont remis en faveur du nom de Jésus-Christ 1Jean 2.12. Car combien que le nom de Christ ne soit point exprimé, le sens est assez notoire. Et en ce sens le Seigneur mesme prononce, Comme je vi à cause de mon Père, aussi vous vivrez à cause de moy Jean 6.57. Et à cecy mesme respond le dire de sainct Paul, Il vous a esté donné pour l’amour de Christ, non-seulement de croire en luy, mais aussi de souffrir pour luy Phil. 1.29.

2.17.6

Or de questionner si Jésus-Christ a rien mérité pour soy (comme font le Maistre des sentences et les Scholastiques) c’est une folle curiosité : et d’en déterminer comme ils font, c’est une audace téméraire. Car quel besoin estoit-il que le Fils de Dieu descendist en terre pour s’acquérir je ne sçay quoy de nouveau, luy qui avoit tout ? Et Dieu en exposant son conseil pourquoy il a envoyé son Fils, nous en oste tout scrupule : c’est qu’il n’a pas procuré le bien et utilité d’iceluy par les mérites qu’il pourroit avoir : mais qu’en le livrant à la mort il ne l’a point espargné, pour la grande amour qu’il portoit au monde Rom. 8.31. Ces sentences aussi sont bien à noter : L’enfant nous est nay, le Fils nous est donné. Item, Esjouy-toi fille de Sion : voyci ton Roy vient à toy juste Esaïe 9.5 ; Zach. 9.9, etc. Car elles monstrent que Jésus-Christ a seulement pensé de nous et de nostre bien. Et s’il avoit voulu faire son proufit, ce que dit sainct Paul n’auroit nulle fermeté : c’est que Jésus-Christ nous a ratifié son amour, quand il est mort pour ses ennemis Rom. 5.10, dont on peut recueillir qu’il n’a point eu esgard à soy. Ce que luy-mesme proteste ouvertement en ces mots, Je me sanctifie à cause d’eux Jean 17.19 : où il monstre qu’il ne cherche aucun avantage pour luy, puis qu’il transfère ailleurs le fruit de sa saincteté. Et de faict, c’est un point bien digne d’estre observé, que Jésus-Christ pour s’adonner du tout à nostre salut s’est comme oublié soy-mesme. Les Sorbonistes pervertissent le passage de sainct Paul, l’appliquans à ce propos : c’est que pource que Jésus-Christ s’est humilié, le Père l’a exalté et luy a donné un nom souverain Phil. 2.9. Car par quels mérites pouvoit-il, entant qu’il estoit homme, parvenir à ceste dignité, d’estre Juge du monde et chef des Anges, et jouir du souverain empire de Dieu, tellement qu’il n’y ait créatures ne célestes ne terriennes, qui puissent par leurs vertus approcher de la millième partie de sa majesté ? Or quant à ce qu’ils s’arrestent à ce mot Pourtant, la solution est bien aisée : c’est que sainct Paul ne dispute point là pour quelle cause Jésus-Christ a esté eslevé, mais seulement monstre un ordre qui nous doit estre en exemple : c’est que la hautesse a suyvi l’anéantissement. Brief, il n’a voulu autre chose sinon ce qui est dit ailleurs, qu’il a falu que Jésus-Christ souffrist, et que par ce moyen il entrast en sa gloire Luc 24.26.

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