Comme je ne me défiais point d'eux, je me retirai à Tarichée ; mais je laissai dans la ville des personnes avec charge d'observer tout ce que l'on dirait de moi, et de le faire savoir à d'autres que je disposai en divers endroits sur le chemin qui va de Tibériade à Tarichée, afin de m'en apporter des nouvelles avec plus de diligence. Le lendemain, tout le peuple s'assembla dans un lieu fort spacieux qui était destiné pour la prière. Jonathas s'y trouva aussi, et n'osant parler ouvertement de révolte, il se contenta de dire que la ville avait besoin de changer de gouverneur. Mais Jésus, qui était le principal magistrat, ajouta sans rien dissimuler, qu'il était beaucoup plus avantageux d'obéir à quatre personnes qu'à une seule ; d'autant plus que ces quatre étaient d'une naissance illustre et d'une singulière prudence ; et en parlant de la sorte il montrait Jonathas et ses collègues. Justus loua cet avis et attira quelques-uns des habitants à son opinion. Mais le peuple n'entra point dans ce sentiment ; et il serait arrivé sans doute une sédition si la sixième heure, qui au jour du sabbat nous oblige à aller dîner, ne fût venue. L'assemblée ayant donc été remise au lendemain, les députés s'en retournèrent sans rien faire. Sitôt que j'en eus la nouvelle, je me résolus d'aller dès le matin à Tibériade. Ainsi, étant parti de Tarichée au point du jour, je trouvai que le peuple était déjà assemblé dans l'oratoire, sans qu'il sût pourquoi il s'y assemblait. Jonathas et ses collègues fort surpris de me voir, firent courir le bruit qu'il avait paru de la cavalerie romaine près d'Homonéa, qui n'est éloigné que de trente stades de la ville. Sur quoi ils s'écrièrent qu'il ne fallait pas souffrir que les ennemis vinssent ainsi à leur vue piller la campagne ; ce qu'ils disaient à dessein de m'obliger à sortir pour secourir les habitants du plat pays, et demeurer cependant maîtres de la ville en gagnant à mon préjudice l'affection des habitants.