Vie - Flavius Josèphe

CHAPITRE LV

Je n'eus pas de peine à m'apercevoir de leur artifice et fis néanmoins ce qu'ils désiraient, afin de ne pas donner sujet à ceux de Tibériade de croire que je négligeais ce qui regardait leur sûreté. Je m'y en allai donc en diligence et reconnus qu'il n'y avait pas seulement la moindre apparence du bruit que l'on avait fait courir. Je revins aussitôt et trouvai que le sénat et le peuple étaient déjà assemblés, et que Jonathas faisait une grande invective contre moi, disant que je méprisais le soin de la guerre et ne pensais qu'à me divertir. Sur quoi il produisait quatre lettres qu'il assurait avoir reçues des Galiléens des frontières, par lesquelles ils lui demandaient un prompt secours contre les Romains, qui menaçaient d'entrer dans trois jours dans leur pays avec grand nombre d'infanterie et de cavalerie. Ceux de Tibériade ajoutèrent trop aisément foi à ce rapport et se mirent à crier qu'il n'y avait point de temps à perdre ; mais qu'il fallait que j'allasse promptement remédier à un si pressant péril. Quoique je comprisse assez le dessein de Jonathas, je ne laissai pas de dire que j'étais prêt à marcher ; mais que les quatre lettres que l'on avait représentées étant écrites de divers endroits également menacés, il fallait distribuer toutes nos troupes en cinq corps, dont chacun des députés de Jérusalem en commanderait un, et moi un autre, puisque d'aussi braves gens qu'ils étaient devaient assister la république de leurs personnes aussi bien que de leurs conseils. Cette proposition plut extrêmement à tout le peuple et ils nous pressaient tous de l'exécuter. Les députés, au contraire ne furent pas peu troublés de voir que j'avais ainsi renversé leurs nouveaux desseins.

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