Le Verbe Dieu, ordonnateur du monde, a parlé à Job, et s’est offert à lui comme aux patriarches, sous une forme sensible.
Dieu, répondant à Job du milieu d’un tourbillon et des nuées, lui dit : « Où étais-tu, quand je jetais les fondements de la terre ? Réponds-moi, si tu as l’intelligence. Qui en a établi les mesures, le sais-tu ? etc. Lors, dit-il, que les astres furent créés, tous mes anges me louèrent avec éclat. J’ai renfermé la mer en ses digues, etc. Est-ce de tes jours que j’ai formé la lumière du malin, que Lucifer a connu sa roule ? » Et encore : « Est-ce loi qui as formé une créature vivante de la boue de la terre, et qui l’as établie sur la terre avec le don de la parole ? As-tu ôté la lumière aux méchants ? As-tu brisé le bras des superbes ? As-tu pénétré à la source des mers ? as-tu marché dans le sein de l’abîme ? Les portes de la mort se sont-elles ouvertes devant toi par respect ? Les portiers d’enfer ont-ils frémi à ta vue » (Job, XXXVIII, 1) ? A la fin de ce discours du Seigneur, Job répond : « Ecoutez-moi, Seigneur, et je parlerai. Je vous interrogerai, instruisez-moi. Mes oreilles vous avaient entendu parler autrefois, et maintenant mes yeux vous voient ; aussi me suis-je humilié et anéanti, et je me réputé cendre et poussière » (Job, XLII, 4). De ce qui vient d’être exposé et de ce que vous pouvez entrevoir vous-même, il sera facile de conclure que ces paroles sont du Seigneur ordonnateur de toutes choses. Quand le Seigneur dit : « As-tu pénétré la source de la mer ? As-tu marché dans le sein de l’abime ? » Et : « Les portes de la mort se sont-elles ouvertes devant loi par respect, et les portiers d’enfer ont-ils frémi à ta vue ? » Nous montrerons qu’il prédit la descente du Sauveur aux enfers. Nous remarquerons seulement que ces paroles se rapportent plutôt au Verbe Dieu qu’au Dieu île toutes choses. Job affirme donc que de même que les patriarches il a va de ses propres jeux le Seigneur, qui lui parlait du milieu des nuées et du tourbillon. Il dit : « Ecoutez-moi, Seigneur, et je parlerai. Je vous interrogerai, instruisez-moi. Mes oreilles vous avaient entendu parler autrefois, maintenant mes yeux vous voient ; aussi me suis-je humilié et anéanti ; et je me répute cendre et poussière. » Comment l’âme, sous l’enveloppe du corps, et les yeux d’un mortel auraient-ils vu le Dieu suprême, celui qui domine toute existence, la substance immuable et sans principe, s’il ne s’agit pas ici du Verbe Dieu reconnu Seigneur, et qui abaisse sa grandeur : c’est ce qu’il est facile de reconnaître d’après ces paroles de l’entretien qu’il a avec Job, où il parle du démon comme d’un dragon, et dit : Tu ne crains pas, parce qu’il m’est préparé. Or, pour quel Seigneur serait préparé ce dragon, s’il ne l’était pour le Verbe Dieu et notre Sauveur, qui, après avoir détruit les douleurs de la mort, a vaincu le prince dont le pouvoir s’appesantissait sur les hommes ? Lui-même il nous l’apprend, quand il dit : « As-tu, pénétré à la source des mers ? As-tu marché dans les profondeurs de l’abîme ? Les portes de la mort se sont-elles ouvertes devant toi par respect ? les portiers d’enfer ont-ils frémi à ta vue ? » Telles sont les paroles que le Seigneur adressa à Job en récompense de sa grande tribulation et des assauts qu’il essaya ; il lui apprit ainsi qu’il n’avait éprouvé qu’une partie de l’attaque, tandis que le fort de la lutte et du combat lui était réservé pour le jour où il descendrait sur la terre, afin de mourir.