Seigneur, donne-moi ta paix ; cette paix de l’âme que le monde entier ne peut donner ; cette paix qui surpasse toute intelligence, mais que ton Esprit, répandu dans le cœur, peut nous faire goûter. Qu’il est doux de se voir en paix avec toi, Seigneur, de ne plus voir en toi un juge, mais un père ! Qu’il est doux de se savoir, non seulement pardonné, mais encore aimé, héritier du ciel et vivant pour une éternité ! Qu’il est doux de s’avancer vers la société de tes milliers d’anges ; d’aller rejoindre les bienheureux de tous les siècles ; voir dans ton sein Abraham, Moïse, Paul le grand apôtre, Jean l’ami du Sauveur, et ce Sauveur lui-même ! Ah ! ce n’est pas à la mort, c’est à la vie que je vais. Mon corps dépérit, mais mon âme ne saurait vieillir. Je la sens aussi jeune que jamais, et, grâce à toi, plus vivante que jadis, plus près de toi, plus heureuse par la sanctification, plus loin de la tentation, plus détachée du péché. Seigneur, achève ton œuvre en moi ; arrache complètement de mon sein ce péché et cette tentation, et alors je jouirai mieux de ta paix. Oui, le péché est le tourment de ma vie. Si je pouvais en être délivré, je serais heureux. Pourquoi donc n’arracherais-tu pas cette écharde de ma chair ? Je l’ai espéré tant de fois, et toujours en vain. Ta paix que je croyais tenir à deux mains, m’est échappée sans que je sache comment. J’ai voulu la rappeler par la prière, et je n’ai pu prier… Peut-être faut-il dire que je ne l’ai pas voulu. Mon Dieu, quelle est la source de cette inconstance de volonté, de cette mobilité de pensée ? Pourquoi ne puis-je pas fixer dans mon cœur les impressions de ta grâce ? pourquoi ne puis-je pas me donner à toi sans retour, me précipiter dans ton sein, comme dans un refuge d’où il ne me soit plus possible de sortir ? A cette heure, cela me semble facile ; mais, hélas ! mon expérience du passé me fait craindre pour l’avenir. Peut-être demain, ce soir, que dis-je ? peut-être dans une heure, je serai loin de toi, plongé dans un monde impur, par mes désirs, mes projets et actes. Non, non, je ne puis accepter cette pensée. Ces tentations, ce péché doivent finir ; que ce soit aujourd’hui ; aujourd’hui et non pas demain. Qu’à l’instant, Seigneur, j’entre, pour n’en plus sortir, dans ce paradis de paix, de joie et de sanctification.