(6 mai)
L’apôtre et évangéliste Jean prêchait à Éphèse lorsque le proconsul le fit saisir et lui ordonna de sacrifier aux dieux. Sur son refus, il fut jeté en prison ; et le proconsul écrivit à l’empereur Domitien une lettre où il l’accusait d’être sacrilège, de mépriser les dieux, et d’adorer la croix. Domitien, au reçu de cette lettre, fit venir saint Jean à Rome. Là, après lui avoir fait raser les cheveux en signe d’infamie, il le condamna à être plongé dans une chaudière d’huile bouillante, en présence de la foule, devant une des portes de la ville, nommée Porte-Latine. Mais le saint n’y éprouva aucun mal, et en sortit tout à fait intact. C’est en souvenir de ce miracle que les chrétiens ont élevé, en ce lieu, une église, et qu’on célèbre l’anniversaire du supplice de saint Jean comme la fête de son martyre.
Cependant le saint, sorti de la chaudière, continuait à prêcher le Christ, jusqu’à ce que, par ordre de Domitien, il fut relégué dans l’île de Patmos. Et nous devons ajouter, à ce propos, que, si les empereurs romains persécutaient les apôtres, ce n’était point parce que ceux-ci prêchaient le Christ, mais parce qu’ils affirmaient la divinité du Christ sans que cette divinité eût été reconnue par le Sénat romain, comme le voulait la loi. Et l’Histoire ecclésiastique raconte que, Pilate ayant écrit à Tibère pour lui exposer la mort du Seigneur, Tibère se déclara prêt à imposer aux Romains la foi chrétienne ; mais le Sénat s’y refusa, parce que le Christ avait été nommé dieu sans son autorisation. Suivant une autre chronique, le refus du Sénat vint de ce que le Christ ne se fût pas d’abord révélé à Rome. Suivant une autre encore, le Sénat refusa d’admettre le Christ parce que celui-ci prêchait le mépris du monde, tandis que les Romains étaient, par nature, avides et ambitieux. Enfin Orose soutient que le Sénat fut fâché de ce que Pilate eût annoncé les miracles du Christ à Tibère et non à lui ; et que Tibère, irrité à son tour du refus du Sénat, mit à mort bon nombre de sénateurs et en exila plusieurs autres.
On raconte aussi que la mère de saint Jean, apprenant que son fils était prisonnier à Rome, se mit en route pour l’aller voir ; mais en arrivant à Rome elle découvrit que saint Jean était parti pour l’île de Patmos. Elle reprit alors le chemin de la Palestine, et, en voyage, elle mourut, dans une ville de la Campanie appelée Vétulana. Son corps resta longtemps caché dans une caverne, jusqu’au jour où saint Jean révéla à saint Jacques où il se trouvait. Le corps fut alors transporté avec de grands honneurs dans une église de Vétulana, où il opéra de nombreux miracles.