Élans de l’âme vers Dieu

71. Je ne puis pas prier

Mon Dieu, mon Dieu, qu’il m’est difficile de me relever, lorsque Satan m’a couché dans la boue du péché ! Il me semble qu’un poids énorme pèse sur mon cœur ; ma volonté elle-même est brisée ; je n’ai même plus la force de prier. Je sens qu’un abîme me sépare de toi. Je suis, à cette heure, dans cette horrible position, et je n’ose continuer à t’invoquer. Je te fais des aveux, mais je ne te prie pas. J’en retarde le moment, parce que j’ai la conscience que mes paroles ne seraient qu’un vain bruit. Avant tout, j’ai besoin que tu m’élèves à toi. Mon Dieu, brise la glace de mon cœur ! brise le charme satanique qui me retient loin de toi. Emporte-moi, puisque je ne puis marcher ! Rends-moi ton Esprit. Replace-moi sous ton regard, et ne me permets plus de m’en éloigner. Hélas ! je suis si souvent revenu vers toi pour te quitter encore ; il m’est aussi facile de t’abandonner que pénible de revenir ! Un instant suffit pour me plonger dans le mal ; il me faut des jours pour en sortir ; des jours pour me décider à te prier. Misère, misère profonde que la mienne ! Aie pitié, Seigneur, aie pitié de moi. As-tu donc voulu me faire sentir tout le poids de ton abandon ? as-tu voulu me faire mieux mesurer la distance qui sépare le ciel de la terre, la distance de moi délaissé à moi soutenu par ton Esprit ? Jamais je n’ai mieux reconnu mon néant, privé de ton secours, et je vais être contraint de me taire, avant de t’avoir véritablement prié. Oui, Seigneur ! je ne puis me soulever ; je n’ai plus les ailes de ton Esprit, plus même un de « ces soupirs qui ne peuvent s’exprimer, » Oh ! Jésus, prie pour moi, alors même que je a aurais pas pu dire aujourd’hui amen avec toi, devant le trône de ton Père. Non, je le sens, je n’ai pas prié !

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