La doctrine de la Providence ou de la sustentation du monde, telle que nous venons de la définir, suppose avant tout trois principes : celui de la réalité de l’existence créée, en opposition à la définition de la conservation comme une création continue, principe sans lequel le monde ne serait pas censé détaché de l’essence divine ; le principe de la contingence de la créature, sans lequel il serait porté atteinte à l’absoluité divine ; enfin celui de la finalité de la créature, sans lequel elle n’aurait pas de raison d’être dans l’ensemble de l’être ; n’ayant pas d’autre fin qu’elle-même, elle pourrait demeurer inutile et fortuite, et il n’y aurait pas de gouvernement du monde. Ces trois caractères de la créature peuvent être mis en correspondance avec les trois phases de l’action providentielle énumérées plus haut ; la réalité de la créature correspondant à la conservatio, la contingence au concursus et la finalité à la gubernatio.
Nous avons à établir, sous le titre de notre chapitre préliminaire, et d’après l’Ecriture, la vérité de ces trois principes ou présuppositions de la doctrine de la Providence.