« Quant à leur goût prononcé pour les caractères symboliques, Hécate nous le fait connaître dans les vers suivants, où elle le compare avec celui que les hommes ont aussi pour certains caractères symboliques.
« Quel est le mortel, dit-elle, qui n’aime à voir ces caractères tracés sur l’or, l’airain ou l’argent éclatant ? qui n’aime à voir ces caractères que, du haut du ciel où je règne, je dispose pour y faire lire aux mortels leurs sorts divers. »
Au reste notre philosophe nous apprend que non seulement les dieux recherchent ces caractères symboliques, mais même qu’ils s’y renferment en quelque sorte, comme nous l’avons dit, de sorte que la figure représentée par ces caractères est comme une demeure sacrée où ils habitent ; car il n’y a qu’une terre sainte qui puisse recevoir la divinité : or une terre sainte est celle qui porte l’image d’un dieu ; mais si vous enlevez cette terre, vous brisez le lien qui retenait la divinité ici-bas. »
Maintenant je demande si une semblable doctrine n’est pas la meilleure de toutes les preuves que ceux que les païens prenaient pour des dieux n’étaient que de vrais démons terrestres et soumis à toutes les passions. Ne nous sommes-nous donc pas montrés sages en abandonnant leur culte ; car vous voyez qu’ils avouent eux-mêmes qu’ils sont attachés à certains lieux par quelques signes magiques ou par d’autres caractères de même nature, comme si un être vraiment divin pouvait habiter ailleurs que dans une âme intelligente, pure de toute tache et de toute souillure, ornée de la sagesse, de la justice et de toutes les autres vertus. Lorsque la présence de ces vertus a fait d’une âme humaine une sorte de sanctuaire, c’est alors que l’esprit divin se plait à y venir fixer sa demeure ; et il n’est pas besoin de tous les artifices de la magie pour faire descendre Dieu dans une âme ainsi exercée à la vertu et à l’amour des choses divines. Il reste donc prouvé que tous ces dieux dont nous venons de parler, ne sont que des démons terrestres, charnels et passionnés. Maintenant continuons et voyons ce que dit notre philosophe sur la défection des leurs plus célèbres oracles.