Poursuivons. Si tu as lu dans le Psalmiste : « Le Seigneur a régné du haut du bois ; » j’attends l’explication de ce texte. Répondras-tu qu’il s’agit probablement, de quelque roi des Juifs terminant ses jours sur un gibet, et non pas du Christ qui a régné en triomphant de la mort par la passion de la Croix ? Quoique a la mort ait régné depuis Adam jusqu’à Jésus-Christ ; » pourquoi, ne dirait-on pas que le Christ a régné par le bois, depuis qu’en mourant sur le bois de la Croix, il a fermé les portes de la mort ? « . Un enfant nous est né ; un fils nous a été donné, » s’écrie encore dans le même sens le prophète, Mais qu’y a-t-il là de nouveau, s’il ne désigne pas le Fils de Dieu qui porte « sur ses épaules le signe de sa domination ? » Parle ! où est le monarque qui porte sur ses épaules le signe de la domination, au lieu d’un diadème sur sa tête, ou d’un sceptre à sa main, ou de quelque marque distinctive dans ses habits ? Mais le roi nouveau des âges nouveaux a seul porté sur ses épaules la puissance d’une nouvelle gloire et la preuve de sa grandeur, c’est-à-dire la croix, afin que, conformément à la prophétie précédente, « il régnât par le bois. »
Jérémie nous indique encore ce bois lorsqu’il l’ait parler ainsi les Juifs : « Venez, rassemblons-nous ! Jetons le bois sur son pain ! » c’est-à-dire sur son corps ; car telle est l’interprétation que Dieu a donnée lui-même à ce passage, jusque dans votre Evangile, où « il nomme son corps du nom de pain, » afin de vous apprendre qu’il a figuré son corps par ce même pain que le prophète avait jadis figurément nommé son corps, mystère que le Seigneur lui-même s’apprêtait à éclaircir dans la suite ! Te faut-il d’autres preuves ? ouvre le Psaume vingt et unième, contenant toute la Passion du Christ, chantant d’avance sa gloire : « Ils ont percé mes pieds et mes mains. » Voilà bien le supplice de la Croix ! Il n’est pas moins clair quand il invoque le secours de son Père : « Sauvez-moi de la gueule du lion ; » de la mort, veut-il dire ; « , détournez de moi les cornes de l’oryx, » en qui signifie les extrémités de la Croix, ainsi que nous l’avons démontré plus haut. Est-ce David qui fut attaché au gibet ? Est-ce de quelque roi d’Israël, ou de quelque prophète, que l’on perça les pieds et les mains ? Non. Point d’autre crucifié que celui qui fut crucifié par tout un peuple avec tant d’appareil !
Maintenant si l’endurcissement de l’hérésie rejette ces explications et s’en moque, accordons-lui que le Créateur n’avait point annoncé le crucifiement de son fils. Jamais, armée de cet aveu, elle ne prouvera qu’un autre est mort sur ce bois, à moins de démontrer que cette fin son Dieu l’avait prédite, seul moyen qu’elle ait de maintenir la diversité des souffrances et conséquemment des personnes par la diversité des prophéties. Que dis-je ? son Christ à elle n’ayant jamais été annoncé, et sa croix encore moins, la prophétie de sa mort suffit pour attester que c’est là mon Christ. De ce que le genre de mort n’est pas prédit pour le tien, sa mort à pu se consommer par la croix, d’accord. Mais pour l’attribuer à un autre, je veux la savoir prédite pour un autre.
Soutiendras-tu que les oracles ont été muets sur la mort de mon Christ ? Rougis plutôt d’annoncer la mort de ton christ, quand tu nies sa naissance, et de refuser au mien la possibilité de mourir, après avoir admis qu’il devait naître. Mais la mort, la sépulture, la résurrection de mon Dieu, tout est renfermé dans un mot d’Isaïe : « Sa sépulture a été enlevée du milieu des hommes. » Point de sépulture sans mort ; point de sépulture dérobée à la terre sans résurrection. Puis il ajoute : « Voilà pourquoi je lui donnerai eu partage un peuple nombreux ; il distribuera lui-même les dépouilles des forts. » Quel autre sinon le Dieu fait homme, ainsi qu’on l’a vu plus haut ? « Parce qu’il a livré sa vie à la mort. » Déclarer que cette grâce était le dédommagement de ses outrages et de sa mort, c’était déclarer pareillement qu’il arriverait à cette gloire par sa mort, c’est-à-dire, après sa mort par sa résurrection.