Mon Dieu, moi qui te prie avec bonheur dans la solitude, avec élan au milieu de mes frères, comment se fait-il que j’aie honte de toi dans le monde, à tel point que s’il fallait me mettre à genoux au milieu d’une assemblée d’incrédules, je n’oserais pas même ouvrir la bouche pour prier le créateur des cieux et de la terre ? Ton existence est-elle donc douteuse pour moi ? l’efficacité de la prière est-elle à mes yeux incertaine ? Non, Seigneur, je sais que tu existes, je sais que tu exauces, et cependant, devant ceux qui le nient, je n’ose pas dire que je t’aime et te prie. Sinon par mes paroles, du moins par mon silence, combien de fois ne t’ai-je pas ainsi renié ! Combien de fois n’ai-je pas imité Pierre ! Oh ! je sens toute ma lâcheté ! Combien je suis coupable, combien d’occasions j’ai perdues de te confesser devant les hommes. Oh ! si tu dois me demander compte de tant de faiblesse… Non, Seigneur, je n’en puis supporter la pensée. Je me retourne vers ton Fils, et en son nom, je te demande, mon pardon. Oui, Seigneur, j’ai été un misérable, plus préoccupé de la stupide approbation du monde que de la tienne ; craignant plus la moquerie du pécheur que la colère du Saint des saints. Pardon, Seigneur ; pardon et courage, que je rompe avec cette coupable lâcheté ; que je porte ton nom écrit sur mon front ; qu’il sorte de ma bouche, et surtout qu’il se voie dans ma vie. Ah ! sans doute, c’est là la cause de mon silence. Si ma vie était plus en harmonie avec ta loi, je ne craindrais pas tant de prononcer ton nom. Loin de rougir, je ferais rougir les moqueurs. Donne-moi donc, avant toutes choses, une vie sainte, un cœur pur ; et alors ma bouche, parlant de l’abondance de ce cœur, s’ouvrira pour proclamer ton nom, surtout devant ceux qui t’ignorent. Oui, Seigneur, tel est mon désir sincère ; mais l’essentiel me manque encore, c’est la force pour l’accomplir. Toi seul peux me la donner, et je te la demande, au nom de Celui qui m’a dit : « Si tu me confesses devant les hommes, sur la terre ; je te confesserai devant mon Père, dans les cieux. »