« Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre. »
Le Seigneur ne nous conseille pas ici la fuite, parce que endurer la persécution serait un mal ; il ne veut pas non plus, qu’en fuyant, nous cédions à la crainte de la mort. Quel est donc son dessein ? Que nous ne soyons pour personne les auteurs ni les complices d’un mal, ni pour nous-mêmes, ni pour le persécuteur, ni pour le bourreau. Car il somme, pour ainsi dire, chacun de nous de veiller à sa conservation. Désobéir, c’est agir en téméraire, et se jeter imprudemment au milieu du péril. Si celui qui met à mort la créature de Dieu pèche envers Dieu, celui qui se livre volontairement aux juges est complice du meurtre. Tel est l’homme qui, au lieu d’éviter la persécution, court audacieusement au-devant de la persécution. Tel est l’homme qui seconde, autant qu’il est en lui, la méchanceté du persécuteur. A-t-il appelé sur lui son courroux ? il en est responsable ; il a provoqué la bête féroce. J’en dis autant, s’il fournit quelque matière à un combat, à un dommage, à un procès, ou bien à des inimitiés : il déchaîne la persécution. C’est dans ce but qu’il nous a été prescrit de ne rien retenir par de vers nous des choses de ce monde, mais
« d’abandonner notre tunique à celui qui nous enlève notre manteau. »
Le Seigneur n’a pas seulement voulu que nous demeurassions libres de tout attachement immodéré ; il a craint qu’en revendiquant ces biens terrestres, nous n’exaspérassions contre nous ceux qui nous en disputent la possession, et que nos résistances ne les excitassent à blasphémer le nom chrétien.