Mon Dieu, je ne puis porter mes regards sur un point de l’espace, ni mes pensées sur une heure du temps, sans y trouver accomplie une de tes prédictions. Ici ton Évangile répandu selon ta Parole ; là le peuple juif dispersé, persécuté, et toutefois conservé, selon ta Parole ; jadis, comme tu l’avais prédit, Jérusalem détruite de fond en comble ; aujourd’hui, comme tu l’as déclaré, le saint Livre multiplié et cependant la foi languissante, le monde pire, les incrédules plus endurcis, les croyants plus rares. Tant de prédictions, accomplies sous mes yeux, devaient rendre ma foi puissante, inébranlable, et me faire attendre avec confiance l’accomplissement de tes prophéties pour l’avenir ; mais, je te le confesse, ces prophéties ne se présentent pas à mon esprit comme de vivantes réalités. Celles mêmes qui sont les plus positives, ton jugement final, la résurrection des morts, l’entrée triomphante des croyants dans ton ciel ; tout cela désiré, cru, affirmé par moi, n’a sur moi qu’une faible influence. Je le crois, mais à travers un nuage d’incrédulité ; je l’espère plus que je n’en suis convaincu. Mon désir me devient même un piège, et je crains qu’il ne soit l’unique fondement de mes espérances ! Mon esprit est à la torture ; je médite, je cherche dans ma sagesse, et toujours je retombe impuissant et brisé ! Mon Dieu, mon Dieu, relève mon âme abattue ; ouvre mes yeux à ta lumière, montre-moi Satan travaillant à ma ruine par mon incrédulité. Oui, Seigneur, je le sens à cette heure, ces aspirations, dont je me défie, sont ton propre ouvrage ; c’est toi qui me les a données ; c’est toi qui me fais soupirer vers des choses meilleures. Oui, je veux croire à ce qui seul me sanctifie, seul me rend heureux, seul me sépare de la brute, seul m’élève jusqu’à toi. Je crois, Seigneur, aide-moi contre mon incrédulité !