Mon Dieu ! que le péché est un pesant fardeau sur la conscience ! Comme il met mal à l’aise devant toi, et même devant les hommes ! Que de peine il donne pour le cacher, que de trouble pour le commettre, et quand il est accompli, quelle déception, quelle amertume ; comme on voudrait retourner en arrière ! Oui, la seule souffrance que me donne le mal accompli par mes mains me prouve que le mal est mal, que lu le condamnes et que tu le puniras ! Oui, les angoisses qui précèdent, la passion, la vanité des jouissances qui l’accompagnent, la durée des regrets qui la suivent, devraient suffire à m’en éloigner, et cependant ils ne m’en éloignent pas ; le mal est attaché à moi, ou plutôt je m’attache au mal ; c’est une chaîne que je secoue parce qu’elle me blesse ; mais c’est une chaîne que je rive chaque jour ! Quel mystère, quelle contradiction, quelle folie, quelle faiblesse, et combien j’ai besoin que tu viennes à mon secours ! Oh ! mon Dieu, exauce-moi une fois pour toujours ; affranchis-moi du péché ; que je puisse marcher la tête haute, l’esprit libre, le cœur joyeux, uniquement occupé d’œuvres saintes, de pensées pures, tout dévoué à toi et à mes frères. Et n’est-ce pas là que j’ai trouvé les instants de vrai bonheur semés dans ma vie ? La sainteté, le dévouement ne m’ont-ils pas rendu aussi heureux que le péché m’a rendu misérable ? n’ai-je pas fait l’expérience que « la piété a les promesses de la vie présente ? » et tout ce que j’ai senti en bien et en mal ne l’ai-je pas vu éprouvé autour de moi ? me suis-je jamais repenti d’avoir fait le bien, et n’ai-je pas toujours regretté d’avoir fait le mal ? Oui, Seigneur, tout cela porte un cachet d’évidence, quand je suis calme ; mais hélas ! tout cela s’efface dès que la tentation apparaît. Oh ! veille pour moi, autour de moi, Seigneur ; préserve-moi du mal, et que j’entre enfin, dès cette heure même, dans une nouvelle vie, exempte de regrets, parce qu’elle sera exempte de péché, et pleine de joie, parce qu’elle sera pleine de sainteté.