En vain je me dis et me répète que l’humiliation devrait être mon partage, que l’humilité est la première des vertus chrétiennes, qu’elle seule trouve grâce devant les hommes comme devant Dieu, seule est aimable, seule est heureuse ; cette humilité, je ne puis l’accepter ! En vain je me dis et me répète que l’orgueil n’est que tourment d’esprit, que motif de haine de la part de mes frères, et de condamnation de la part de mon Dieu ; toujours son venin s’infiltre dans mon cœur, enfle mes actes, empoisonné ma vie et la moralité de mes meilleures actions. Je ne suis pas seulement pécheur, mais fou, par cet orgueil que je caresse d’autant plus qu’il me fait plus souffrir. Oh ! mon Dieu, aie pitié d’une pauvre créature qui se tord sous le venin de ce serpent maudit, donne-moi, par le sentiment même de mon péché et de ma folie, l’humilité si douce et si rare ici-bas ; donne-moi de me sentir, non seulement pauvre devant toi, mais encore pauvre devant mes frères ; de ne pas présumer de moi-même ; d’estimer les autres ce qu’ils sont, meilleurs que moi ; de prendre toujours ma véritable place, la dernière, et de vivre en paix sans contestation, sans orgueil, au milieu de ce monde où ton Fils lui-même est venu servir ses serviteurs.