Mon Dieu, n’est-il pas bien étrange que j’aie besoin de me dire que tu es sage, et de chercher dans tes œuvres, des traces de ta sagesse ? N’est-il pas bien étrange que parfois, je puisse douter si elles s’y trouvent en effet ? N’est-il pas étonnant que j’hésite à déclarer que l’ignorance est de mon côté, et que c’est à moi, et non à toi, qu’il faut demander compte de ce que je ne comprends pas ? Ah ! que je sens bien maintenant la justesse des reproches adressés à Job : « Où étais-tu quand j’ai fondé la terre ? Connais-tu l’ordre des cieux ? Est-ce toi qui as lancé la foudre, toi qui créas l’intelligence, ? » Quelle hauteur, quelle profondeur dans tes vues que je ne pénétrerai jamais ! Et quelle hauteur, quelle profondeur même sur les bords des mystères que tu m’as parfois donné d’apercevoir ! A ces éclairs brillants de ta gloire, n’aurais-je pas dû déjà juger de la beauté de l’œuvre entière ? et parce que l’éclair passager, qui me montre un instant me laisse ensuite dans l’obscurité, cette sagesse cesse-t-elle d’exister ? C’est à moi qu’il faut demander compte de ces ténèbres ; c’est mon incrédulité qui souffle sur ta gloire, et je me plains de ne plus la découvrir ! Oh ! mon Dieu, purifie mon cœur pour éclairer mon intelligence ; montre-moi, dans toutes tes œuvres, ce cachet divin que tu y as posé, que j’y cherche toujours avec une noble assurance les traces de ta puissance et de ton amour ; que je me dise bien d’avance que tu ne peux pas te tromper ; et que, pour moi, me tromper sans ton secours, est mon lot ordinaire. Fais briller à mes yeux ces traits admirables de sagesse cachés dans la nature et dans l’Évangile, et que ta grâce, tombant sur un cœur humble, sait si bien lui révéler. Montre-moi en ce Jésus né dans une crèche, vivant dans la misère, mourant sur une croix, la sagesse du Dieu pour qui la paille vaut l’or, et qui n’a d’égard qu’à la sainteté. Montre-moi dans ce Sauveur, à la fois mon frère et mon Dieu, la victime volontaire et précieuse qui apaise ta justice, et laisse un libre cours à ta miséricorde. Montre-moi l’homme enorgueilli par ses œuvres, régénéré par son humiliation, et tant d’autres mystères pleins de sagesse et d’amour. Que je te connaisse toujours mieux, t’adore toujours plus humblement, et me sanctifie toujours davantage, dans le sentiment de ta puissance infinie et de ma profonde ignorance !