Mon Dieu, je te rends grâce pour m’avoir donné la vie de ton Fils à contempler. Ce modèle admirable me fait du bien, il m’humilie, rapproché de ma propre misère, et il me réjouit, contemplé dans sa beauté. Ce n’est pas là un être de la famille humaine. Jésus est à la fois simple et grand, humble et noble ; les vertus en apparence opposées, s’unissent et se fondent en lui dans une admirable harmonie. Sa vie est évidemment une réalité sous la plume de l’évangéliste ; réalité dans le cœur de Jésus. Ici point d’arrangement, point d’artifice ; les paroles et les actes tels qu’ils se sont passés. J’ai l’intime conviction que ce Jésus a dit ce qu’il a pensé et seulement ce qu’il a pensé. Il ne philosophe pas ; mais il vit, et quelle vie ! Où trouver, dans le monde et dans l’histoire, une existence semblable ? Quel homme vécut jamais comme cet homme ? où est son frère, son semblable ici bas ? Humble sans bassesse ; noble sans arrogance ; profond dans ses pensées, et simple dans ses paroles ; dévoué jusqu’à la mort et commandant le dévouement ; parlant avec autorité et se soumettant les volontés ; disant toujours juste et ne disant jamais rien que j’eusse deviné, frappant mon esprit d’une lumière inattendue, d’autant plus intense et plus douce que je la contemple plus longtemps. Mais, Seigneur, je reconnais que mes paroles humaines ne sauraient rendre ce caractère divin. C’est que cette admirable vie a été mise sous mes yeux, moins pour la peindre que pour l’imiter. Donne-moi donc, Seigneur, de marcher sur les traces du modèle que tu m’as offert, de reproduire, aux yeux des incrédules, quelques traits de l’image céleste qu’ils ne veulent pas aller contempler dans l’Évangile, et d’amener ainsi vers Jésus ceux que mes paroles n’ont pu lui gagner.