Marc 1.14 : Et après que Jean eut été mis en prison, Jésus vint en Galilée, prêchant l’Évangile du royaume de Dieu. Toutes ces expressions sont extraordinaires ; Évangile, ou bonne nouvelle, Évangile du royaume, Évangile du royaume de Dieu. Nos oreilles y sont accoutumées ; cela fait que notre esprit n’y fait pas assez de réflexions. Quel est ce concert de plusieurs pêcheurs qui vont prêcher par toute la terre, et qui donnent à leur parole le nom d’Évangile ?
Marc 4.19 : Mais les soins de ce monde, la tromperie des richesses, et les convoitises des autres choses étouffent la semence. Les autres hommes ne déclarent point la guerre ainsi aux passions ; ou s’ils le font, ils se découvrent bientôt, et l’on voit leur hypocrisie.
Marc 4.40 : Et disaient l’un à l’autre : Qui est celui-ci, que la mer et les vents lui obéissent ? On pourrait dire avec autant de raison : Quel est celui-ci, que la mer, les vents, les maladies, les tombeaux, la mort, l’enfer et la terre, les hommes et les démons lui obéissent ? Car il est remarquable qu’il fait des miracles dans toutes les parties de la nature.
Marc 6.2-3 : D’où viennent ces choses à celui-ci, et quelle est cette sagesse qui lui est donnée, et d’où vient que de telles vertus se font par ses mains ? Celui-ci n’est-il pas charpentier, fils de Marie, etc. Mais plutôt, d’où naît cet étonnement, et quel est ce reproche, si Jésus-Christ n’a fait aucun miracle ?
Marc 6.4-5 : Alors Jésus dit : Un prophète n’est sans honneur, si ce n’est en son pays. Et il ne put faire là aucune vertu, si ce n’est qu’il guérit quelques malades leur ayant imposé les mains : et il s’étonnait de leur incrédulité. Tout cela n’a point l’air d’un fait supposé. Un homme qui invente un fait, ne choisit point de telles circonstances pour le faire accroire.
Marc 6.56 : Et partout où il était entré, dans les bourgades, ou villes, ou villages, ils mettaient les malades dans les marchés, et priaient que pour le moins ils pussent toucher le bord de sa robe ; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris. Il est impossible d’imposer sur des faits de pareille nature.
Marc 8.27-28 : Et sur les chemins il interrogea ses disciples, disant : Qui disent les hommes que je suis ! Ils répondirent : Les uns Jean-Baptiste, les autres Elie, et les autres un des prophètes. Voyez l’impression qu’avaient faite les miracles de Jésus-Christ.
Marc 14.33 : Et il commença à s’épouvanter et à être fort angoissé. Avouer cela de Jésus-Christ, de celui qu’on veut faire regarder comme le Fils de Dieu, c’est un effet de sincérité surprenante et admirable.
Marc 14.62 : Et Jésus lui dit : Je le suis ; et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la vertu de Dieu, et venant dans les nuées du ciel. Jamais prévenu devant le tribunal de la justice tint-il pareil langage ?
Marc 16.17-18.20 : Et ce sont ici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru ; ils jetteront hors les diables par mon nom ; ils parleront nouveaux langages ; ils chasseront les serpents ; et quand ils auront bu quelque chose mortelle, elle ne leur nuira nullement : ils imposeront les mains sur les malades, et ils se porteront bien, etc. Eux donc étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur agissant avec eux, et confirmant la parole par des signes qui s’en ensuivaient. Il faut que ces faits soient véritables, ou que saint Marc extravague dans cet endroit. Que dit-il ? A qui veut-il le faire accroire ? Quel temps choisit-il pour l’inventer ? Comment persuadera-t-il aux disciples qu’ils font des miracles qu’ils ne font pas ? Comment se persuaderont-ils que Jésus-Christ leur ait donné le pouvoir de faire des miracles, si en effet cela n’est point ?
Luc 1.64-65 : Et à l’instant sa bouche fut ouverte, et sa langue déliée, tellement qu’il parlait en louant Dieu, ce qui donna de la crainte à tous leurs voisins ; et toutes ces paroles furent divulguées par tout le pays des montagnes de Judée. On ne choisit point des faits qui ont été si publics, pour les faire accroire.
Luc 2.16 : Et trouvèrent Marie, et Joseph, et le petit enfant couché dans une crèche. Grande [exactitude à rapporter les choses comme elles sont ! Qu’y a-t-il de plus éloigné et de plus contraire en apparence, que toutes ces circonstances ? Un enfant qui repose dans une crèche, et un enfant dont la naissance est annoncée par des anges et solennisée par le concert des armées célestes ; banni de la société des hommes, et élevé au-dessus des esprits bienheureux ; petit sur la terre, et grand dans le ciel, salué quelque temps après par des mages qui lui font des présents, et contraint de se retirer en Egypte. On voit bien que tout cela n’est pas inventé.
Luc 5.19 : Et ne trouvant point par quel côté ils le pourraient mettre dedans, à cause de la foule, ils montèrent sur la maison, et le descendirent par les tuiles avec le petit lit, devant Jésus. Sont-ce là des choses qui viennent facilement dans l’esprit d’un homme qui invente ce qu’il écrit ?
Luc 7.38 : En se tenant derrière à ses pieds et pleurant, elle se prit à les arroser de larmes et les essuyait de ses propres cheveux, et lui baisait les pieds, et les oignait. On connaît le Rédempteur du monde à ce changement salutaire qu’on remarque en ceux qui le suivent.
Luc 9.45 : Mais ils n’entendirent point cette parole ; et elle leur était tellement cachée, qu’ils ne la comprenaient point. Grande sincérité de l’évangéliste, qui ne fait pas difficulté d’avouer l’ignorance et la stupidité des disciples !
Luc 10.19-20 : Voici je vous donne pouvoir de marcher sur les serpents et sur les scorpions, et sur toute la force de l’ennemi, et rien ne vous blessera ; cependant ne vous réjouissez point de ce que les esprits vous sont assujettis, mais réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits au ciel. Caractères de la vraie religion, qui fait plus d’état des biens spirituels que des dons miraculeux, encore que ceux-ci soient plus éclatants que les autres aux yeux des hommes.
Luc 10.41-42 : Et Jésus répondant, lui dit : Marthe, Marthe, tu te mets en peine et te travailles après beaucoup de choses ; mais une chose est nécessaire. Or Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. Est-ce là le langage d’un mondain ou d’un séducteur ?
Luc 11.27-28 : Alors il arriva qu’une femme d’entre les troupes éleva sa voix, et lui dit : Bienheureux est le ventre qui t’a porté, et les mamelles que tu as tétées. Et il dit : Mais plutôt, bienheureux sont ceux qui oient la parole de Dieu et la gardent ! On ne saurait flatter Jésus-Christ : sans égard pour lui-même, et sans complaisance pour les passions d’autrui, il ne voit que Dieu, il n’entend que Dieu, et il fait consister toute la félicité à craindre Dieu. Rien ne le chatouille, rien ne lui plaît que la piété véritable : c’est que Dieu est son centre, et l’amour de Dieu le premier mobile qui donne le mouvement à toutes ses autres affections. Qu’il y a là de sublimité et de grandeur !
Luc 11.40-41 : Insensés, celui qui a fait le dehors, n’a-t-il pas fait aussi le dedans ? Mais plutôt, donnez en aumônes ce que vous avez, et toutes choses vous seront nettes. Les pharisiens sont les partisans de la pureté extérieure et corporelle ; Jésus-Christ l’est de la pureté spirituelle et intérieure. Lequel, à votre avis, avait mieux connu le génie de la véritable religion ?
Luc 12.14 : Mais il lui répondit : O homme ! qui m’a établi juge ou partageur sur vous ? Jésus-Christ renonce aux soins et aux affaires temporelles ; il n’en veut pas entendre parler : quel détachement !
Luc 12.30-31 : Car les gens de ce monde sont occupés à rechercher toutes ces choses ; mais votre père sait que vous avez besoin de ces choses. Cherchez le royaume de Dieu et sa justice, et toutes choses vous seront données par dessus. Jésus-Christ fait une société toute composée de personnes qui doivent renoncer au monde, et ne pas s’occuper des pensées de leur établissement temporel, mais qui doivent tout perdre et tout souffrir pour être du nombre de ses sujets. Jamais un si grand et si extraordinaire dessein monta-t-il dans le cœur d’un homme ?
Luc 14.33 : Ainsi donc chacun de vous qui ne renonce à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple. Terrible et surprenante déclaration, et qui ne convient nullement à un imposteur !
Luc 24.48-53 : Et vous êtes témoins de ces choses ; et voici je m’en vais envoyer la promesse du Père. Vous donc demeurez en la ville de Jérusalem jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la vertu d’en haut. Après il les mena dehors jusqu’en Béthanie ; puis élevant ses mains en haut, il les bénit ; et il arriva qu’en les bénissant, il se retira d’avec eux, et fut élevé au ciel ; et eux, après l’avoir adoré, s’en retournèrent à Jérusalem avec grande joie, et ils étaient tous les jours au temple, louant et bénissant Dieu. Nous trouvons dans ces dernières paroles quatre objets dignes de réflexion, la promesse du Saint-Esprit, l’ascension de Jésus-Christ, la joie des apôtres, et leur assiduité à prier Dieu. Comment saint Luc peut-il faire accroire à ses confrères que Jésus-Christ leur avait promis les dons du Saint-Esprit ; qu’il monta au ciel à leurs yeux ; que les disciples eurent une fort grande joie, et étaient tous les jours au temple, louant et bénissant Dieu de cette grande merveille ? Ou, ne pouvant le persuader à aucun d’eux, quelle est la pensée de l’écrire ? Et comment souffrirent-ils le martyre pour soutenir de pareilles fictions ?
Jean 1.8-9 : Il n’était point cette lumière, mais il était envoyé pour témoigner de la lumière. C’est la lumière véritable qui illumine tout homme venant au monde. Jean n’était originairement qu’un pêcheur : qui lui a mis ces idées magnifiques dans l’esprit ?
Jean 1.14 : Et nous avons contemplé sa gloire, gloire comme de l’unique issu du Père, pleine de grâce et de vérité. On voit dans ce discours la persuasion d’un homme qui a vu les choses dont il témoigne, la plénitude d’un esprit qui est pénétré de ce qu’il dit, la persuasion d’un écrivain qui ne trouve point d’expressions assez fortes pour dire ce qu’il pense, et qui unit plusieurs idées assez différentes, parce qu’une seule idée ne représente pas assez bien ce qu’il dit. La gloire ne suffit pas ; c’est une gloire pleine de grâce et de vérité.
Jean 3.7 : Ne t’étonne point de ce que je t’ai dit : Il vous faut naître une seconde fois. Qu’y a-t-il néanmoins de plus extraordinaire que ce langage ? Et combien celui qui le tenait était-il persuadé qu’il faut que nous changions entièrement pour entrer au royaume des cieux ?
Jean 3.13 : Car personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, à savoir, le Fils de l’Homme qui est au ciel. Cet homme ne parle pas comme les autres ; ce qu’il dit est extravagant ou sublime ; si donc sa morale, sa sainteté, ses maximes toutes confites dans le sel de la piété, toutes remplies d’onction, toutes lumineuses, jointes aux effets admirables et surprenants de son Évangile, nous font regarder le premier comme un blasphème, nous ne pouvons nous dispenser de croire le second.
Jean 3.31 : Celui qui est venu de la terre, est de la terre et parle comme venu de la terre. Celui qui est venu du ciel est par-dessus tout. Quand Jean-Baptiste ne le dirait pas, il ne faut qu’écouter Jésus-Christ pour le reconnaître.
Jean 4.13-14 : Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura jamais de soif ; mais l’eau que je lui donnerai sera faite en lui une fontaine d’eau rejaillissante à la vie éternelle. Ces expressions ne sont point humaines. Si Jésus-Christ pensait comme les autres, il parlerait comme les autres. Il paraît qu’il ne pense aux choses de la terre, que pour conduire par là aux choses spirituelles, il trouve la piété partout ; il n’est sur la terre que pour conduire les hommes au ciel. A des pêcheurs il parle d’une pêche d’hommes vivants ; à des hommes qui tiraient vanité de leur naissance charnelle, il parle de renaître. Quand on lui parle de manger, il dit que sa viande est qu’il fasse la volonté de son Père ; et quand il est sur le bord d’une fontaine, sa grâce est une eau rejaillissante à la vie éternelle. Qui ne l’admirera ?
Jean 4.24 : Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. C’est dire en deux mots ce que les hommes devaient savoir, et ce qu’aucun ne savait, tout ce qu’il y a de plus conforme à la nature raisonnable, et aux principes de la révélation naturelle, et qui distingue la religion de la superstition ; ce que plusieurs siècles de raisonnements et de spéculations dans l’école des sages du siècle n’avaient su découvrir, ou n’avaient découvert qu’imparfaitement ; ce que les prophètes mêmes n’avaient pas entièrement développé, et que les Juifs qui vivaient du temps de Jésus-Christ, qui ne comptaient pour rien que ce qu’il y a d’extérieur et de corporel dans la religion, ignoraient profondément. D’où vient à celui-ci une telle sagesse ?
Jean 5.25 : En vérité, en vérité, je vous dis que l’heure vient, et est déjà, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront ouïe vivront. Celui qui ressuscite les morts pouvait bien parler de la sorte ; mais en tout autre ce langage serait extravagant.
Jean 5.36 : Mais moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres que mon Père m’a données pour les accomplir, témoignent de moi que mon Père m’a envoyé. Il faut que ces œuvres fussent bien éclatantes, puisqu’il préfère le témoignage que les œuvres lui rendent, à celui que Jean-Baptiste lui a rendu : que si cela n’était point, il s’exposait à la raillerie de ceux à qui il parlait.
Jean 5.44 : Comment pouvez-vous croire, puisque vous cherchez la gloire l’un de l’autre, et ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? Ce n’est pas ainsi que parle un homme qui a dessein de séduire les autres. Jésus-Christ se devrait servir plutôt de la vanité et de la faiblesse de ces hommes, qui est le ressort délicat qu’il faut faire agir dans ces occasions.
Jean 6.14-15 : Or les gens ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est véritablement le Prophète qui devait venir au monde. C’est pourquoi Jésus ayant connu qu’ils devaient venir pour le ravir afin de le faire roi, se retira encore tout seul dans la montagne. Ce n’est point par faiblesse et par timidité que Jésus-Christ refuse de se mettre à la tête de ceux qui veulent le faire Roi : celui qui prédit ses souffrances, qui en établit des mémoriaux, et qui fait un parti d’affligés, à la tête desquels il veut bien marcher, n’aurait pas craint les hasards de la guerre, suivi d’une multitude innombrable de peuple qui serait toujours grossie, trompée par le préjugé commun de ce temps-là. Qui est-ce donc qui l’en empêche ?
Jean 6.35 : Je suis le pain de vie ; qui vient à moi n’aura point de faim, et qui croit en moi n’aura jamais soif. Jamais homme dit-il rien d’approchant ? Comment un homme est-il un pain de vie ? Que veut dire cela ? Aller à Jésus-Christ empêche-t-il d’avoir faim et soif ? Il n’y a qu’un homme qui ne sait ce qu’il dit, ou un docteur venu de Dieu, qui puisse parler ainsi ; mais qui osera blasphémer la sagesse de cet homme surnaturel ?
Jean 6.64 : La chair ne profite de rien ; c’est l’esprit qui vivifie : les paroles que je vous dis sont esprit et vie. Ce commentaire justifie excellemment la sagesse de cet admirable docteur, et nous fait voir ce que nous devons penser de ces paradoxes si contraires à nos idées et à nos préjugés, qu’il a avancés dans les versets précédents.
Jean 7.17 : Si quelqu’un veut faire la volonté de celui qui m’a envoyé, il connaîtra de la doctrine, savoir si elle est de Dieu, ou si je parle de par moi-même. C’est la meilleure et la plus sûre de toutes les règles pour connaître Jésus-Christ et son Évangile ; aussi n’est-ce point la lumière de l’esprit, mais la bonne disposition du cœur, qui est nécessaire pour être persuadé par ce docteur divin. Tous les hommes avaient ignoré cette vérité si grande et si relevée ; ils ont fait de la religion une science qui n’est que pour les docteurs. La raison superbe de l’homme qui veut tout connaître, et ne connaît rien, s’est attribué le privilège de juger des matières du salut : si cela devait être ainsi, les orgueilleux seraient les plus favorisés de Dieu ; et à mesure que la vanité ou l’ambition nous aurait fait faire d’efforts pour devenir savants, nous verrions plus clair dans la révélation. Cela est bon pour les sciences humaines ; mais pour la science du salut, on ne l’obtient que par l’humilité et la sanctification. Le degré de l’habitude est le degré de la vertu. Plus nous sommes simples, plus nos yeux sont ouverts. Plus nous vivons, bien moins nous avons de doute. Plus nous aimons Dieu, et plus nous voyons les merveilles de sa loi. Oh ! qu’il y a de sagesse renfermée dans cette maxime, que tous les siècles avaient ignorée, et que les hommes du siècle ignorent encore !
Jean 7.37-39 : Or, en la dernière et grande journée de la fête, Jésus se trouva là, criant et disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi ; qui croit en moi, suivant ce que dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive couleront de son ventre. (Or il disait cela de l’esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient en lui ; car le Saint-Esprit n’était point encore donné, parce que Jésus n’était point encore glorifié.) Comment l’évangéliste pourrait-il faire dire cela à Jésus-Christ, et y ajouter ce commentaire de l’effusion du Saint-Esprit, si en effet il n’eût vu arriver rien de pareil ? et qui ne voit que la parenthèse suppose que cet événement était assez connu, puisqu’elle en rend raison ?
Jean 7.40-41 : Plusieurs donc de la troupe ayant ouï ce discours, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète. Les autres disaient : Celui-ci est le Christ. Et tes autres disaient : Mais le Christ viendra-t-il de Galilée ? Ces contestations font voir l’impression que les miracles et la doctrine de Jésus-Christ avaient déjà faite ; elles sont au reste d’une nature à ne venir pas facilement dans l’esprit d’un homme qui écrirait des choses fabuleuses.
Jean 8.7,1-11 : Et comme ils continuaient à lui faire des demandes, lui s’étant relevé, leur dit : Que celui qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle, etc. Alors Jésus s’étant relevé, et ne voyant personne, si ce n’est la femme, lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Nul ne t’a-t-il condamné ? Elle dit : Nul, Seigneur. Jésus dit : Je ne te condamne pas aussi ; va-t’en, et ne pèche plus. Il ne faut point de commentaire pour voir que tout cela est divin ; on le sent mieux qu’on ne l’exprime.
Jean 8.51 : En vérité, en vérité, je vous dis que si quelqu’un garde ma parole, il ne verra point la mort. Comment Jésus-Christ peut-il avancer un tel paradoxe ? Comment Jean peut-il le mettre en la bouche de Jésus-Christ, lui qui avait vu déjà mourir plusieurs disciples de son Maître ? Il y a là quelque chose de plus haut et de plus caché que ce qui paraît d’abord. Ce sont ici des docteurs qui ont les vues plus longues que n’ont les autres hommes.
Jean 11.25 : Je suis la résurrection et la vie ; qui croit en moi, encore qu’il soit mort, vivra. Quel langage inconnu jusques ici !
Jean 11.43-44 : Et ayant dit ces choses, il cria à haute voix : Lazare, viens-t’en dehors. Alors sortit le mort, ayant les pieds et les mains liées de bandes, et la tête enveloppée, etc. Rien n’est plus circonstancié que ce fait. Lazare est mort depuis quatre jours ; il est enseveli ; une pierre a été roulée sur son sépulcre ; il sent déjà beaucoup. Il y avait des Juifs qui murmuraient, et disaient : Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire que celui-ci ne mourût point ? Les Juifs qui étaient venus pour consoler les deux sœurs, étaient là assemblés. Le mort ressuscite ; on le voit, on l’entend. Plusieurs croient en Jésus-Christ ; le grand conseil s’en émeut. Les principaux sacrificateurs et les pharisiens s’étant assemblés à cette occasion, plusieurs s’écrient : Que faisons-nous ? car cet homme fait beaucoup de signes. Si nous le laissons ainsi, chacun croira en lui, et les Romains viendront et nous extermineront, et le lieu et la nation, etc. Si ce fait est supposé, comment l’ose-t-on écrire si exactement avec tant de circonstances ? Que n’approfondit-on la chose ? Les chrétiens manquent-ils d’ennemis, eux qui sont exposés à la persécution de toutes les puissances ? Cet Évangile est cru à Jérusalem, qui subsiste encore, et Béthanie n’est éloigné que de quelques stades de Jérusalem. La fausseté de ce fait seul, si public et si éclatant, renversait de fond en comble l’ouvrage des apôtres, et donnait aux Juifs gain de cause : que n’ont-ils vérifié les choses sur le lieu ?
Jean 13.35 : Tous connaîtront par cela si vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. Divine marque ! caractère non suspect !
Jean 14.11-12 : Croyez-moi, que je suis en mon Père, et que le Père est en moi ; autrement, croyez-moi pour ces œuvres. En vérité, en vérité je vous dis, qui croit en moi, celui-là aussi fera les œuvres que je fais, et en fera de plus grandes que celle-ci. A quoi pense l’évangéliste de dire cela, s’il était convaincu par son expérience, et sur l’exemple de ses collègues, que les disciples de Jésus-Christ ne faisaient aucune œuvre miraculeuse ?
Jean 15.24 : Si je n’eusse fait entre eux les œuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient point de péchés. Il leur met toujours devant les yeux le témoignage de ses œuvres.
Jean 16.2 : Ils vous chasseront hors des synagogues ; et même le temps vient que celui gui vous fera mourir, croira faire service à Dieu. Il paraît par cette prédiction que l’évangéliste met en la bouche de Jésus-Christ, qu’alors les hommes ne s’attendaient et ne devaient s’attendre qu’à croix et tribulations. Qu’est-ce qui les soutenait au milieu de tant de maux, et dans la certitude d’en souffrir davantage, si ce n’est l’espérance de la rémunération, qui ne peut subsister avec la qualité d’imposteur que l’incrédulité leur donne ?
Jean 16.33 : Vous aurez angoisse au monde ; mais ayez bon courage, j’ai vaincu le monde. Il ne se lasse point de leur prédire des maux qui semblaient devoir les décourager, mais qui ne font qu’exercer leur patience, et confirmer la parole qu’ils annoncent.
Jean 17.25 : Père juste, le monde ne t’a point connu ; mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont connu que c’est toi qui m’as envoyé ; et je leur ai fait connaître ton nom, afin que l’amour duquel tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux. Est-il possible qu’il puisse tomber dans l’esprit d’attribuer un pareil langage à des imposteurs ? Le mensonge est-il ici si différent de lui-même ? et ne respire-t-il que vertu, innocence, amour, charité, et cet esprit d’une sainte et sublime simplicité, d’une ineffable consolation, et d’une admirable confiance qui règne dans le discours que Jésus-Christ tient en dernier lieu à ses disciples pour les consoler de son prochain départ ?
Jean 18.36-37 : Mon règne n’est point de ce monde, etc. Alors Pilate lui dit : Es-tu donc roi ? Jésus répondit et lui dit : Tu le dis que je suis Roi ; pour cela je suis né, et pour cela je suis venu au monde, afin que je rende témoignage à la vérité. Celui qui est de vérité entend ma voix. Jésus déclare que son règne n’est point de ce monde ; il se dit pourtant Roi. Où prétendrait-il régner s’il était un imposteur ?
Jean 20.25-26 : C’est pourquoi les autres disciples lui dirent : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois les enseignes des clous en ses mains, et si je ne mets mon doigt là où étaient les clous, et si je ne mets ma main en son côté ; je ne le croirai point, etc. Jésus lui dit : Parce que tu as vu, Thomas, tu as cru. Bienheureux sont ceux qui n’ont point vu, et qui ont cru ! Pourra-t-on faire accroire à Thomas qu’il a été plus incrédule que les autres, et qu’il n’a été persuadé qu’après qu’il a vu et touché le corps de son maître ?
Jean 21.3 : Simon Pierre leur dit : Je m’en vais pêcher. Ils lui dirent : Nous y allons aussi avec toi. Ils partirent, et montèrent dans la nacelle, et ne prirent rien de toute la nuit. Mais le matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage, etc. Les disciples, après la mort de Jésus-Christ, reprennent leurs occupations : ils n’étaient pas en état de vivre sans rien faire ; et Jésus-Christ ressuscité leur apparaît quelquefois sur le rivage de la mer où ils pêchent. Qu’y a-t-il là de suspect ?
Jean 21.20-23 : Et Pierre se retournant, vit le disciple que Jésus aimait qui suivait, lequel aussi, pendant le souper s’était penché sur son estomac, et avait dit : Seigneur, qui est celui à qui il arrivera de te trahir ? Quand donc Pierre le vit, il dit à Jésus : Seigneur, et celui-ci, quoi ? Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, qu’en as-tu affaire ? Toi, suis-moi. Or, cette parole courut entre les frères, que ce disciple-là ne mourrait point. Néanmoins Jésus ne lui avait point dit : Il ne mourra point, mais si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, qu’en as-tu affaire ? C’est ce disciple-là qui rend témoignage de ces choses, et qui a écrit ces choses, etc. Est-il concevable que l’évangéliste ait inventé ce bruit qu’il prétend qui courut touchant son immortalité ? Ces choses-là viennent-elles dans l’esprit ? Remarquez cependant que tout est enchaîné ici d’une telle sorte, que qui donne un point, donne tout ; car le bruit qui courut que Jean ne mourrait point, est fondé sur la réponse que Jésus-Christ avait faite à Pierre ; et Jésus-Christ ne fit cette réponse à Pierre qu’après sa résurrection, et après avoir prédit à Pierre même de quelle mort il glorifierait Dieu. Cette enchaînement nous fait bien voir ce que nous en devons croire.