Dans les livres précédents, nous nous sommes étendus suffisamment sur ce qui concerne les oracles. Nous avons aussi fait voir tout ce qu’il y a de digne de Dieu et d’avantageux pour l’homme dans les enseignements de notre Sauveur dont la vertu nous a été manifestée par la doctrine évangélique : nous avons montré que c’est par cette doctrine et par cette doctrine seule qu’ont été dissipées les ténèbres qui enveloppaient depuis tant de siècles le genre humain, et que les hommes ont été délivrés du fléau que faisaient peser sur eux les prestiges des démons. Maintenant nous avons à exposer les fausses opinions des païens au sujet de la destinée. Nous allons donc entrer dans cette discussion et faire voir que ce n’est pas seulement leur mode d’opérations, tout infâme qu’il est, mais encore la fausseté de leurs doctrines qui convainc ces prétendus oracles de n’être que de méchants et impuissants démons. Méditez donc cette discussion, et vous me direz si elle ne vous paraît pas revêtue d’une force vraiment divine, lorsque je vous aurai exposé d’un côté, en les combattant, les sentiments des oracles sur le destin, de l’autre les moyens par lesquels ils opèrent leurs divinations. De leur propre aveu, ce n’est point par une vertu supérieure qu’ils connaissent l’avenir, mais c’est uniquement par des conjectures qu’ils tirent, à la manière des autres hommes, de l’inspection du cours des astres. Ainsi ils avouent qu’ils ne peuvent porter aucun secours, ni absolument rien faire que ce qui est fixé par les lois du destin. Voyons la preuve de cet aveu dans notre éternel défenseur des démons, Porphyre, qui s’exprime de la sorte dans son traité De la philosophie des oracles.