Λαός n’est guère employé en grec attique, mais la Septante le compte entre mille et deux mille fois, presque toujours en rapport avec Israël, le peuple de Dieu. Il y a des exceptions toutefois : les Philisitins sont un λαός (Genèse 26.11), de même que les Égyptiens (Exode 9.16), les Moabites (Ruth 1.15), et d’autres encore. Occasionnellement le pluriel οἱ λαοί signifie τὰ ἔθνη ; par exemple Néhémie 1.8 ; 11.30-31 ; Psaumes 96.6 ; Osée 10.10 ; Michée 6.16. Joint ensemble λαοί et ἔθνη comprennent l’ensemble de la race humaine : Psaumes 107.4 ; Apocalypse 5.9 ; 7.9 ; 10.11 ; 11.9 ; 13.7 ; 14.6 ; 17.15. Dans tous ces passages de l’Apocalypse, quatre mots sont en réalité associés : λαοί et ἔθνη avec φυλαί et γλῶσσαι ; une fois φυλαί est remplacé par βασιλεῖς (Apocalypse 10.11), une autre fois par ὄχλοι (Apocalypse 17.15). En contraste avec ces cas il existe une utilisation spécifique de λαός et ἔθνη, dans laquelle λαός est au singulier (Luc 2.32 ; Actes 15.14) et désigne le peuple de Dieu, tandis que ἔθνη s’applique à tous les autres peuples situés en dehors de l’alliance (Deutéronome 32.13 ; Ésaïe 65.1.2 ; 2Sam.7.23 ; Actes 15.14). C’est là la règle générale : λαός le peuple élu, ἕθνη, ou sous une forme étendue τὰ ἕθνη τοῦ κόσμου (Luc 12.30), ou τῆς γῆς (Esdras 8.89) ; toujours au pluriel avec l’article, le reste des nations (οἱ κατάλοιποι τῶν ἀνθρώπων, Actes 15.17). De son côté ἕθνος au singulier ne connaît pas cette limitation, il est donné aux Juifs sans aucune nuance péjorative : τὸ ἕθνος τῶν Ἰουδαίων (Actes 10.22) ; τὸ ἔθνος ἡμῶν (Luc 7.5 ; cf. Luc 23.2 ; Jean 11.18), τὸ ἕθνος τοῦτο (Actes 24.3 ; cf. Exode 33.13 ; Deutéronome 4.6) ; complété il peut acquérir un sens noble : ἔθνος ἅγιον (Exode 19.6 ; 1 Pierre 2.9) ; ἔθνος ἐκ μέσου ἐθνῶν (Clément de Rome, 1 Cor. § 29). De la même racine que ἔθος aucun mot n’était plus approprié pour désigner un peuple uni par des coutumes et des règles communes.
Δῆμος ne se trouve que dans Luc, dans les Actes, après que les limitations de l’Église juive aient été dépassées ; les quatre fois où il est employé (Actes 12.22 ; 17.5 ; 9.30, 33) témoignent d’un choix remarquablement adéquat parmi plusieurs termes dont notre écrivain biblique nous donne si souvent la preuve, gage de sa haute éducation. Au grec δῆμος correspond le latin populus, que Cicéron définit ainsi (De Re Publ. 25 ; cf. Augustin De Civ. Dei., 2.21) : « Populus autem non omnis hominum cœtus quoquo modo congregatus, sed cœtus multitudinis juris consensu et utilitatis communione sociatus, » die Gemeinde, la libre communauté, exprimant ses droits en assemblée, et cette idée est tellement essentielle, que le mot ἐν τῷ δήμῳ équivaut à « assemblée populaire ». C’est ainsi que le comprend invariablement Luc ; si nous cherchons l’exact opposé de δῆμος, c’est ὄχλος, la foule désorganisé, ou plutôt inorganisée, la multitude.