Les tribus se divisent d’abord en races (mischepparot, משפחות, δῆμοι chez les Septante), ou milliers (alaphim), אלפים ; les races se subdivisent à leur tour en maisons (battim, בתים, οἶκοι), ordinairement appelées maisons du père ; enfin nous trouvons les simples pères de famille, (guevarim) גברים, avec tous ceux qui font partie de leur ménage. Le passage le plus complet à cet égard, c’est Josué 7.14,17 et sq. Voyez aussi Nombres 1.2, 18 ; Exode 6.14.
[Quant aux milliers, אלפים, voyez surtout 1 Samuel 10.19,21. Si les milliers peuvent ainsi être assimilés aux familles, c’est qu’il est probable que lorsque Moïse partagea le peuple en milliers et centaines pour faciliter l’exercice de la justice (Exode 18.25), il se rattacha autant que possible à la division naturelle des tribus.]
L’expression Beth Avôt, בית אבות, que Leclerc traduisait par : Maison des pères, doit se rendre plutôt par : Maisons du père ; c’est le pluriel d’un singulier assez rare mais qui se rencontre pourtant, בית אב, Beth av. Le pluriel doit porter sur maison et non pas sur père, quand même dans ce composé c’est le mot père qui en porte la marque (Comparez 2 Rois 17.29, 32, בית במות, Beth bamoth, maisons des hauts-lieux.). Ce sens de Beth Avôt, — subdivision intermédiaire de la tribu, entre les races et les simples familles, — est suffisamment établi par les passages déjà cités, auxquels nous pourrions ajouter encore 1 Chroniques 7.7,40. Mais dans certains endroits cette expression a un autre sens encore. On a vu quelquefois dans Beth Avôt une expression vague pouvant désigner toute espèce de corporation ayant un père commun, que ce soit une tribu tout entière (Nombres 17.2 ; Josué 22.14), — ou une subdivision de la tribu (Nombres 3.24, 30, 35). On s’appuie aussi sur le fait que le mot de tribu lui-même (שבט) a parfois un sens plus restreint (Nombres 4.18 ; Juges 20.12)y. D’autres s’en tenant à ce qui était peut-être le sens primitif de Beth Avôt, lui donnent quelquefois le sens de familles des aînés.
y – Ainsi Knobel, à propos de Exode 6.14.
[Ainsi Keil, archéologie biblique, II, 197, 201 sq., et il a probablement raison. Il fallait, pour obtenir le titre de race ou celui de maison, qu’une famille présentât un certain nombre de têtes. Voyez 1 Chroniques 23.11, où deux familles sont fondues en une, parce qu’elles sont trop peu nombreuses. Voyez également Michée 5.2. Peut-être mille hommes en état de porter les armes étaient-ils le minimum exigible pour former une race, ce qui n’empêchait pas que les races ne fussent souvent beaucoup plus considérables, puisque tout le peuple, dans un dénombrement où la tribu de Lévi est seule à ne pas figurer (Nombres ch. 26), n’en présente que 57. — Dans le principe, de même que les tribus provenaient des fils de Jacob, de même les races avaient eu pour chefs ses petits-fils, et les maisons, ses arrière-petits-fils. Mais avec le temps tout cela fut bien modifié. Certaines races disparurent, d’autres se formèrent par dédoublement ou par l’effet de circonstances fort diverses.]
Quant aux grands principes sur lesquels repose le droit domestique chez Moïse, ce sont les suivants : Chaque famille forme un tout bien distinct, qu’il faut autant que possible conserver dans son intégrité. L’Israélite ne fait partie de la théocratie que s’il est incorporé à une race quelconque. De là l’importance des généalogies. Les mâles seuls sont aptes à représenter une famille et à en conserver le nom ; quand la descendance masculine vient à manquer, la famille est éteinte ; mais pour éviter ce qu’on regardait comme un jugement de Dieu, l’on donnait aux femmes dans ce cas particulier des droits équivalents à ceux des hommes, tant pour le nom que pour la possession.
Nous parlerons d’abord du mariage, puis des relations mutuelles entre parents et enfants, de toutes les dispositions qui ont pour but d’assurer la perpétuité de la famille, et enfin des serviteurs. L’exposition d’un droit moderne présenterait une autre division, mais nous devons naturellement tenir compte avant tout de la manière dont le Pentateuque nous présente les choses.