Histoire de l'Église - Théodoret de Cyr

LIVRE IV

CHAPITRE IX
LETTRE DU CONCILE D'ILLYRIE TOUCHANT LA FOI

Les Évêques d'Illyrie : Aux Églises de Dieu, et aux Évêques du Diocèse d'Asie, de Phrygie, de Carie, et de la Phrygie Pacatienne, Salut en notre Seigneur.

« Nous étant assemblés, et ayant examiné longtemps la doctrine et la parole du salut, nous avons approuvé la consubstantialité du Père, du Fils, et du saint Esprit. Il est juste que nous vous écrivions, non pour vous expliquer par des raisonnements captieux le mystère de la Trinité, mais pour en parler humblement, afin que notre humilité attire la grâce. Nous vous avons envoyé notre lettre par Elpide notre très-cher frère, et Collègue. Il est écrit dans les Livres non des hommes, mais de Jésus-Christ notre Sauveur : Pour moi je suis à Paul, et moi je suis à Apollon, et moi je suis à Céphas, et moi je suis à Jésus-Christ. Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Ou avez-vous été baptisés au nom de Paul ? Nous pouvions nous dispenser de vous écrire, à cause du scandale que vos Prédications ont excité dans la Province, quand vous avez tâché de séparer le Saint Esprit, du Père, et du Fils. Mais nous avons été obligés de vous envoyer de la Capitale de l'Empire, le Seigneur Elpide notre Collègue, pour s'informer s'il est vrai que vous prêchiez cette doctrine. Car quiconque ne croit pas que les trois personnes de la Trinité, n'ont qu'une même substance, qu'il soit anathème, et quiconque participera à la Communion de ceux qui ne le croient pas, qu'il soit aussi anathème. Quant à ceux qui publient que les trois personnes de la Trinité n'ont qu'une même substance, le Royaume du Ciel leur est préparé. Nous vous exhortons, nos très chers frères, à ne point tenir d'autre doctrine, et à n'en point enseigner d'autre, mais à prêcher toujours que les trois personnes de la Trinité n'ont qu'une même substance, afin que vous puissiez être les héritiers de Dieu.

Après avoir parlé de ce qui regarde la foi, nous vous avertissons que quand on élira des Évêques, on les prenne dans la famille de l'Évêque mort, s'il s'en trouve de capables, ou au moins parmi les prêtres, de même quand on élira des Prêtres, et des Diacres qu'on les prenne dans le Clergé, non dans la Cour, ni dans les armées, afin qu'ils soient irrépréhensibles. Nous avons fait notre lettre d'autant plus courte, que nous avons envoyé le Seigneur Elpide notre Collègue, qui ne manquera pas de s'informer très exactement de la doctrine que vous avez prêchée, et d'examiner si ce que le Seigneur Eustate notre Collègue, nous en a dit, est véritable. Que si vous avez été autrefois dans l'erreur, dépouillez-vous du vieil homme, et vous revêtez du nouveau. Le Seigneur Elpide notre Collègue, vous enseignera à prêcher la vraie foi, qui est que le Père, le Fils, et le saint Esprit ont la même substance ; que le Père est éternellement dans le Fils, et le Fils dans le Père, avec le saint Esprit ; et que la Trinité de ces Personnes divines est manifestée, sanctifiée, et glorifiée. Quand il vous aura expliqué ces vérités saintes, nous pourrons tous confesser que le Fils de Dieu est de même substance que son Père, conformément à la profession de foi, qui a été faite dans le Concile de Nicée, et que les Pères ont approuvée. Nous éviterons les pièges du démon en prêchant cette doctrine. Quand nous l'aurons vaincu, nous entretiendrons par lettres le commerce de la charité, et nous vivrons en repos. Nous vous envoyons les noms de ceux qui ont été déposés pour être tombés dans la folie d'Arius, afin que vous les puissiez connaître. Les voici : Polychrone, Télémaque, Fauste, Asclépiade, Amantius, Cléopâtre. Gloire soit au Père, au Fils, et au saint Esprit durant tous les siècles. Nous prions le Père, et le Fils, avec le saint Esprit, que vous vous portiez bien durant plusieurs années. »

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