LA RÉQUISITION TERRITORIALE DE RUBEN ET GAD + DEMI-MANASSÉ

Les troupeaux des tribus du peuple d’Israël étaient devenus considérables après la distribution de ceux qui avaient été saisis aux Madianites. Et certaines de ces tribus avaient dispersé leurs troupeaux dans le pays des Amoréens, depuis l’Arnon au Sud jusqu’en Basan au Nord, pour les faire paître. Et certaines de ces tribus en possédaient certainement davantage que les autres avant la répartition égale des troupeaux des Madianites.

C’est la raison pour laquelle, les tribus de Ruben et de Gad estimèrent que le pays de Jaezer et le pays de Galaad convenaient parfaitement pour leurs propres troupeaux (voir carte). Et ils vinrent plaider leur cause devant Moïse, Eléazar et tous les princes de l’assemblée du peuple. Et ils citèrent un ensemble de sites et de villes, à l’Est du Jourdain, qui avaient été conquis par l’armée d’Israël dans le pays des Amoréens. Car, selon eux, ce pays était propice aux troupeaux des tribus de Ruben et de Gad en particulier.

Moïse rappellera que ces deux tribus possédaient des troupeaux immenses et plus que les autres, malgré le fait que le partage de ceux qui avait appartenu aux Madianites avait été égal pour les douze tribus. En tout cas, Les Rubénites et les Gadites demandèrent à Moïse de leur accorder la faveur de posséder le territoire qui englobait les sites et villes qu’ils venaient de lui énumérer, malgré le fait qu’il se situe à l’Est du Jourdain. Et s’ils les citèrent, c’est parce qu’ils les connaissaient bien car il y avait sans doute, en Galaad, des sites avec de grands pâturages, du fait que d’immenses troupeaux y vivaient déjà et y vivront pendant des siècles. Et sans doute que les Rubénites et Gadites les avaient déjà repérés pendant la conquête du pays des Amoréens. Ceci explique aussi pourquoi les Madianites avaient d’immenses troupeaux.

Ce qui veut dire que ces deux tribus voulaient s’installer en dehors du pays que L’ÉTERNEL DIEU avait promis de donner au peuple d’Israël à l’Ouest du Jourdain. Car, si plus de trente-huit années auparavant, le peuple d’Israël avait accepté de prendre possession du pays de Canaan que L’ÉTERNEL DIEU leur offrait sans dépasser le Jourdain, ils n’auraient jamais eu à conquérir le territoire des Amoréens situé à l’Est du Jourdain, comme le firent leurs enfants sur l’ordre divin. Et, justement, du fait que cette région à l’Est du Jourdain venait d’être complètement libérée de ses occupants Amoréens et Madianites, ces deux tribus voulaient saisir cette opportunité d’en hériter. D’autre part, si le roi Amoréen Sihon avait laissé traverser son territoire au peuple d’Israël, par la route royale, afin qu’il accède au Jourdain pour entrer dans le pays promis, aucune tribu d’Israël n’aurait pu hériter de la région située à l’Est du Jourdain.

La requête égoïste des Rubénites et des Gadites provoqua l’irritation de Moïse qui les accusa de vouloir décourager les autres tribus d’entrer dans le pays promis, comme toutes le firent trente-huit ans auparavant, provoquant ainsi la colère de L’ÉTERNEL. En plus, Moïse avait aussi en mémoire le souvenir indiscipliné des Rubénites qui avait provoqué la mort de 14700 Israélites, et de la mauvaise influence qui régnait dans ce groupe de tribus (Ruben, Siméon, Gad) qui avait provoqué la mort de 24000 Israélites. Quel mauvais témoignage avait donné cette tribu issue du fils aîné de Jacob qui aurait dû être l’exemple d’obéissance envers L’ÉTERNEL, mais qui avait depuis longtemps des racines perverses.

Moïse, doutant de la sincérité des tribus de Ruben et de Gad unies dans cette démarche égoïste, leur expliqua qu’en abandonnant les autres tribus, ils provoqueraient ainsi le découragement de leurs frères de sang pour qu’ils acceptent d’entrer dans le pays promis. Pour leur faire prendre conscience de leur demande, Moïse avisa les Rubénites et les Gadites des conséquences d’un nouveau désaveu d’entrer dans le pays promis. Il leur rappela le souvenir du refus de tout le peuple d’entrer dans le pays promis, à l’Ouest du Jourdain, plus de trente-huit années auparavant, et les conséquences qui en retombèrent sur toute cette génération qui mourut dans le désert. Mais cette fois-ci, si la nouvelle génération du peuple d’Israël avait la même attitude, la colère de L’ÉTERNEL DIEU serait pire que la première fois, à savoir la perte définitive de tout ce peuple qu’IL avait mis à part pour Sa Gloire.

Alors, très affectés par les propos de Moïse, les Rubénites et les Gadites témoignèrent d’une grande solidarité envers toutes les tribus du peuple d’Israël. Et ils proposèrent de construire des parcs pour leurs troupeaux, et des villes pour leurs propres familles dans le pays conquis aux Amoréens, afin qu’elles y soient en sécurité et à l’abri de ses habitants. Après quoi, armés, ils se hâteront de marcher devant le peuple d’Israël jusqu’à ce qu’il soit entré dans le pays promis. Et ils ne retourneront pas dans leurs familles avant que tous les enfants d’Israël aient pris possession de leur héritage dans le pays de Canaan. Ainsi, de cette façon, les Rubénites et les Gadites s’engageaient à ne rien posséder à l’Ouest (l’occident) du Jourdain, mais de s’installer à l’Est (l’orient) du Jourdain.

Moïse approuva l’ensemble de cette proposition des Rubénites et des Gadites à cause du courage et de la solidarité qu’ils venaient d’exprimer envers tout le peuple d’Israël. Moïse leur rappela que s’ils respectaient cette résolution, ils seraient sans reproches devant L’ÉTERNEL DIEU et le peuple d’Israël. Et qu’ainsi le territoire situé à l’Est (l’orient) du Jourdain leur reviendra légitimement devant L’ÉTERNEL DIEU. Par contre, s’ils ne respectent pas leurs engagements, ils seront coupables d’un grand péché envers L’ÉTERNEL et qu’IL ne le laissera pas impuni.

Puis Moïse leur donna l’autorisation de construire des villes pour leurs familles et des parcs pour leurs troupeaux, et de rester fidèles à tous leurs engagements. C’est ce que les Rubénites et les Gadites confirmèrent à nouveau. Il faut noter, que pour la première fois ils précisèrent que, pendant la conquête du pays de Canaan, leurs familles et leurs troupeaux resteront là, dans les villes de la contrée de Galaad. Ceci signifie, peut-être, que leurs troupeaux y étaient déjà avec leurs bergers, et pas forcément à proximité du campement près du Jourdain, ni dans la partie Sud du territoire conquis aux Amoréens (voir carte). Cette remarque sera confirmée par le fait que les hommes recensés de ces deux tribus ne traverseront pas tous le Jourdain pour la conquête du pays de Canaan, mais que beaucoup d’entre eux resteront avec leurs familles à l’Est du Jourdain avec ceux de Manassé.

Alors, Moïse donna des ordres au chef spirituel Eléazar, à Josué et aux chefs des autres tribus à ce sujet. Ceci pourrait prouver que la requête, présentée par les Rubénites et des Gadites, semblait avoir convaincu Moïse, ou peut-être que les responsables et dirigeants du peuple devaient aussi l’accepter.

En fait, comme Moïse savait que ces deux tribus ne s’installeraient jamais à l’Ouest du Jourdain, il devait prendre à témoin tous les dirigeants du peuple israélite sur l’engagement de ces deux tribus.

Moïse précisa aussi à Eléazar, à Josué et aux chefs des autres tribus, que si tous les hommes armés de ces deux tribus traversaient le Jourdain avec ceux des autres tribus pour combattre devant l’Arche de L’ÉTERNEL, et jusqu’à ce que tout le pays de Canaan leur soit soumis, ils devront leur donner la contrée de Galaad en propriété. Par contre, si les hommes armés de ces deux tribus ne le font pas, alors ils devront s’installer dans le pays de Canaan à l’Ouest du Jourdain avec toutes les autres tribus d’Israël.

La présence de Josué comme témoin de cette grande décision, et du contrôle de son accomplissement, montre que Moïse savait bien que ce serait Josué qui dirigerait cette mission du fait qu’il l’avait déjà présenté à tout le peuple comme son successeur après sa mort, selon l’ordre de L’ÉTERNEL, et avant d’entrer dans le pays promis. Alors les Rubénites et les Gadites confirmèrent pour la troisième fois leur engagement. D’ailleurs, avant de traverser le Jourdain, Josué n’oubliera pas de rappeler aux Rubénites et aux Gadites d’accomplir l’engagement qu’ils avaient pris avec Moïse.

Alors, pour la troisième fois devant Moïse, les Rubénites et les Gadites affirmèrent s’engager comme L’ÉTERNEL le leur avait dit ! Mais que signifiait donc cette révélation de L’ÉTERNEL que Moïse semblait ignorer ? Pourtant, lorsqu’il en rappela le souvenir, Moïse semble dire qu’il le savait déjà, mais à condition que ces deux tribus combattent devant les autres ! Car, Moïse n’avait pas oublié l’incrédulité des Rubénites qui s’étaient associés à la révolte de Koré contre lui, et de la mortalité qu’elle avait provoquée au sein du peuple par la plaie de L’ÉTERNEL. Et Moïse avait aussi encore en mémoire l’incrédulité des Israélites, y compris des Rubénites et des Gadites, qui avaient refusé d’entrer dans le pays promis par le Sud et à l’Ouest de la mer morte et du Jourdain, plus de trente-huit années auparavant, et qui avait provoqué la mort de 603448 Israélites dans le désert. Moïse n’avait pas oublié, non plus, qu’il ne pourra pas franchir lui-même le Jourdain qui devait être la limite orientale du pays promis au peuple d’Israël, selon l’ordre de L’ÉTERNEL, à cause de sa désobéissance.

Dans ces conditions, nous comprenons davantage la prudence et la réticence de Moïse à la demande pressante de ces deux tribus et des conséquences de leur péché s’ils ne respectaient pas leur engagement. Car, la pensée de leur première requête de ne pas traverser le Jourdain avec leurs familles, n’allait-elle pas provoquer la colère de L’ÉTERNEL contre toute la nouvelle génération du peuple d’Israël ? Et au départ, n’était-ce pas seulement à cause de leurs troupeaux qu’ils avaient présenté cette requête ? Et n’était-ce pas justement à cause de la réticence de Moïse que les Rubénites et les Gadites affirmaient à présent qu’ils exécuteraient leur requête comme L’ÉTERNEL la leur avait révélée ?

Ce pourrait être à cause de cette crainte que Moïse donna en partage le pays conquis aux Amoréens à l’Est du Jourdain, non seulement aux tribus de Ruben et de Gad, mais aussi à la moitié de la tribu de Manassé qui apparemment n’avait fait aucune demande préalable à ce sujet. Sinon, à première vue, aucune autre raison ne permettrait d’expliquer cette décision d’acceptation inattendue de Moïse.