Seigneur, je ne sais pas supporter les petites contrariétés ; à chaque instant elles m’irritent, tous les jours je manque de patience, et j’en manque, hélas ! surtout envers ceux dont l’affection devrait le mieux m’apprendre à la pratiquer. Un rien m’agite, un mot trop haut, trop bas, provoque mes plaintes ; il n’est pas jusqu’aux soins qu’on me prodigue qui ne m’impatientent ; comme peut-être la négligence contraire m’aurait impatienté ! Mon Dieu, je suis injuste, ingrat, non-seulement envers toi, mais encore envers ceux que ton amour m’a donnés. Je manque de soumission dans mille circonstances, et je me plains des obstacles que toi-même as dressés. Je veux faire ta volonté, mais à ma manière et non à la tienne ; selon mes plans, non selon tes décrets. Je ne sais pas, je ne veux pas plier ! Mon Dieu, donne-moi cette humble soumission, cette sainte patience que Jésus lui-même avait devant ta volonté. Quel droit aurais-je de m’irriter contre ceux qui n’osent pas même se plaindre de mon irritation ? quel droit aurai-je de diriger les événements du monde, même ceux de ma famille et de mes amis, moi qui ne sais pas diriger ma volonté, vaincre ma passion, soumettre mon cœur ? aucun ; et je veux désormais tout remettre entre tes mains, accepter sans murmurer ce qui me viendra du dehors, pour ne plus lutter que contre moi-même. Viens à mon aide, mon désir est sincère ; mais je suis sans force. Je pourrai tout si tu me fortifies, comme sans toi je vais retomber. Donne-moi de la patience ; donne-moi du support, de l’amour pour mes frères, et de la confiance en toi, jusque dans les plus petites circonstances, jusque dans mes plus petites contrariétés.