Selon un article de Schmidt au sujet de ces mots, βραδύς serait bien représenté par l’allemand langsam, avec pour antonyme ταχύς, ou ὠκύς (Homer, Odys. 8.329), ou ἀγχίνους ; νωθρός par träge, et ὀξύς pour antonyme ; il identifie ἀργός avec l’allemand faul, ou unthätig, ἐνεργός étant l’antonyme. Examinons ces mots de près.
Βραδύς se situe à part des autres mots de ce groupe parce qu’il n’implique pas nécessairement une faute morale ; deux de ses trois occurrences dans le N.T. sont positives : être long à la colère ou à répliquer durement, est une grâce et non un défaut (Jacques 1.19). En dehors du N.T. βραδύς est aussi employé de manière favorable, par exemple quand Isocrates (1.34) recommande d’être lent à planifier, et rapide à exécuter. De même Thucydides vante la lenteur (βραδύτης) des Spartiates et la rapidité des Athéniens, évaluant chacune des deux qualités (9.96).
De νωθρός, trouvé deux fois dans le N.T. (Hébreux 5.11 ; 6.12), on donne généralement l’étymologie incertaine : νη et ὠθεῖν (ne pas pousser). Le mot est utilisé en bon attique ; dans Platon (Theœtet 144 b) ; νωθὴς est la forme normale, νωθρός n’apparaissant qu’au temps du κοινὴ διάλεκτος. La Septante l’utilise une fois (Proverbes 22.29), et νωθροκάρδιος une fois (Proverbes 12.8) ; les apocryphes deux fois (Siracide 11.13 ; 4.34), où νωθρός est rapproché de παρειμένος ἐν τοῖς ἔργοις de manière intéressante.
Il existe une paresse inhérente à νωθρός que ne contiennent pas les autres mots. Le βραδὺς d’aujourd’hui peut devenir l’ὠκὺς de demain, l’ἀργὸς se développer en ἐνεργός ; mais le νωθρός est par nature impropre aux travaux de l’intellect ou de l’esprit ; il est νωθρός ἐν ταῖς ἐπίνοιαις (Polybius, 4.8.5). Dionysius Halicarnasse le joint à ἀναίσθητος, à ἀκίνητος, et à ἀπαθής ; Hippocrate à βαρύς ; Plutarque (De Def. Orac.) à δυσκίνητος, cette dernière épithète suggérant une certaine lourdeur et maladresse d’esprit.
Pollux fait de νώθρεια un synonyme de ἀμβλύτης, épithète employée pour l’âne (Homère, Il 2.559)
Ἀργός (contraction de ἀεργός), employé pour des personnes (2 Pierre 1.8 ; Tite 1.12), ou des choses (Matthieu 12.36), est joint à ἄκαρπος. Stérile n’est cependant pas une bonne traduction, oisif convient mieux. Platon le joint à ἀμελής (Rep. 4.421 d), et à δειλός (Legg. 10.903) ; Plutarque, comme l’apôtre Pierre le met à côté de ἄκαρπος (Poplic. 8) ; Démosthène regroupe les verbes ἀργεῖν, σχολάζειν et ἀπορεῖν. Xénophon le met en contraste avec ἐνεργός (Cyrop. 3.2, 19), et Sophocles avec ἐργάτις (Phil. 97).