Seigneur, donne-moi beaucoup de droiture et de simplicité. Qu’il y ait toujours un accord complet entre mes sentiments et mes paroles, mes paroles et mes actions. Que je n’étale pas devant toi une fausse humiliation ; que je ne recherche pas devant mes frères une vaine gloire. Il est si facile de sortir de la stricte vérité ; hélas ! je dirai même si commode, que, sous la sauvegarde d’une intention pure, on se laisse facilement entraîner à la tentation d’aider une bonne cause par un mauvais moyen. Comme si, toi-même, Créateur des cieux et de la terre, tu ne suffisais pas à faire triompher la vérité et à gouverner le monde ! comme si ta créature pouvait t’aider contre ta volonté ! Ah ! Seigneur, si ma foi était plus vive, ma parole et ma vie seraient plus simples. Si je comptais plus sur toi, j’attacherais moins de prix aux combinaisons de ma sagesse ; et si je cherchais vraiment ta gloire, je serais plus simple et plus vrai. Mais je veux plaire au monde ; mais je veux travailler à mon œuvre en même temps qu’à la tienne ; je crains d’être mal jugé, ou peut-être trop bien jugé ! Alors ma parole affaiblit ou grandit ma pensée, cache ou étale mon action. Toujours flexible, elle suit dans ses détours la convoitise de mon cœur, et après avoir séduit mes frères, elle parvient à me séduire moi-même. Mais toi, qui sondes les cœurs, tu ne saurais être abusé ! tu connais mes ruses avant même que j’en aie usé ! Mon Dieu, arraché donc le voile que je tire sur mes propres yeux ; mets ma conscience en garde contre toute exagération ; reprends-moi, par ton Saint-Esprit, au moment où mes lèvres vont s’ouvrir contre l’exacte vérité. Donne-moi de chercher mes joies dans la franchise, la droiture ; que ma parole soit : « Oui, oui ; non, non ; » me rappelant que toute affirmation exagérée vient du Malin.