Considérant ensuite qu’ils n’étaient pas la portion la moins noble de l’univers, ils ne trouvèrent pourtant en eux d’estimable et vraiment digne du nom d’homme que leur âme. Pour le corps, ils le regardèrent simplement comme son enveloppe. Cette distinction établie, ils consacrèrent tous leurs efforts à régler l’intérieur, persuadés que cette conduite serait agréable au Créateur de l’univers qui avait fait l’homme pour commander à tous les êtres terrestres, non par la force d’un corps, mais par la vertu de l’âme. Or de ces êtres, les uns sont inanimés, tels que les pierres et le bois ; les autres ont une espèce de vie, tels que les métaux ; les autres sont doués de sensations et de mouvements apparents, tels que les brutes ; mais tous, sans exception, sont assujettis à servir l’homme, non par la force matérielle, mais par la force Intelligente que l’auteur suprême de toutes choses a destinée à commander en reine à toutes les créatures d’ici-bas. Guidés par ces pensées, ils ne mirent pas le corps et les jouissances du corps au-dessus des troupeaux que la terre nourrit ; quant à cette substance qui domine en eux, qui a de l’affinité avec le souverain dominateur, cette âme qui peine, qui raisonne, qui possède des connaissances sublimes, image véritable de la divinité, ils donnèrent à elle seule toute leur estime. Enfin persuadés qu’il n’y a rien de bon excepté Dieu qui est la source de tous les biens, ils proclamèrent que la fin de tout bonheur consiste à le connaître et à l’aimer, parce que la vie, l’âme, le corps et toutes les choses qui leur sont nécessaires découlent de lui seul. Ils lui consacrèrent donc toutes les facultés de leur corps et de leur âme, réglèrent leur conduite sur sa volonté et s’attachèrent à lui, à l’exclusion de tous les objets visibles, de sorte que se montrant par leur amour les vrais serviteurs du Très-Haut qui les honorait d’un amour réciproque, ils méritèrent d’être appelés la race sacrée, royale, sacerdotale, la nation sainte, et transmirent à leurs descendants les semences de la véritable religion. Ne trouvez-vous pas que nous avons eu raison de préférer les Hébreux aux Grecs, et de laisser les absurdités débitées sur les dieux de la Phénicie et de l’Égypte pour les histoires des saints personnages de la Judée.