(8 août)
Cyriaque, qui avait été ordonné diacre par le pape Marcel, fut arrêté avec ses compagnons, et condamné par Maximien à bêcher de la terre, pour la porter ensuite sur ses épaules jusqu’à un endroit où l’on construisait des thermes. Il y avait là un digne vieillard, saint Saturnin, que Cyriaque et Sisinnius aidaient à porter sa charge de terre. Puis le préfet fit saisir saint Cyriaque et demanda qu’on le lui amenât. Or, pendant que l’officier Apronien le conduisait au palais du préfet, soudain une voix jaillit du ciel avec une grande lumière, disant : « Venez, enfants bénis de mon père ! » Aussitôt Apronien se convertit, se fit baptiser et vint l’avouer au préfet. Et celui-ci : « Ainsi, tu es devenu chrétien ? » Et l’officier : « Hélas, que de jours j’ai perdus ! » Le préfet lui répondit : « C’est maintenant que tu vas vraiment perdre tes jours ! » Et il lui fit trancher la tête. Il la fit trancher également, après de nombreux supplices, à Saturnin et à Sisinnius, sur leur refus de sacrifier aux idoles.
Or la fille de Dioclétien, nommée Arthémie, était possédée d’un démon qui, par sa bouche, disait : « Je ne sortirai point d’ici, à moins qu’on ne fasse venir le diacre Cyriaque ! » On alla donc chercher Cyriaque, et le démon lui dit : « Si tu veux que je sorte d’ici, donne-moi un récipient où je puisse entrer ! » Et Cyriaque : « Voici mon corps ! Si tu peux, entres-y ! » Mais le démon : « Je ne puis pas entrer dans ce récipient-là, car il est scellé et clos de toutes parts. Mais sache que, si tu me fais sortir d’ici, à mon tour je te ferai aller jusqu’en Babylonie ! » Et lorsque Cyriaque l’eût fait sortir, Arthémie s’écria qu’elle voyait le Dieu qu’il prêchait. Elle se fit donc baptiser par Cyriaque ; et celui-ci vécut quelque temps en paix dans la maison que lui donnèrent Dioclétien et sa femme Serena.
Mais, un jour, un messager du roi des Perses, vint demander à Dioclétien la permission d’emmener Cyriaque auprès de son roi, dont la fille était possédée d’un démon. Sur la prière de Dioclétien, Cyriaque s’embarqua volontiers pour la Babylonie, avec ses compagnons Large et Smaragde. Et le démon, dès qu’il fut arrivé, lui demanda, par la bouche de la jeune fille : « Eh bien, Cyriaque, es-tu fatigué ? » Et Cyriaque : « Je ne suis point fatigué, ayant partout, pour me soutenir, le secours de Dieu ! » Et le démon : « Tout de même, je t’ai amené où je voulais ! » Alors Cyriaque lui dit : « Par ordre de Jésus, sors d’ici ! » Et aussitôt le démon sortit, en disant : « Ô nom terrible, qui me contraint à sortir ! » Cyriaque baptisa ensuite la jeune fille avec son père, sa mère, et beaucoup d’autres personnes. Il refusa d’accepter les présents qu’on lui offrait, et vécut pendant quarante-cinq jours de pain et d’eau : après quoi il revint à Rome.
Mais, deux mois plus tard, Dioclétien mourut, et son successeur Maximien, furieux de la conversion de sa belle-sœur Arthémie, fit arrêter Cyriaque, et le fit traîner devant son char, nu et chargé de chaînes. Puis il ordonna à son ministre Carpasius de le forcer à sacrifier avec ses compagnons, ou, sur leur refus, de les mettre à mort. Carpasius fit verser de la poix bouillante sur la tête de Cyriaque, le fit attacher à un chevalet, et enfin lui fit trancher la tête, ainsi qu’à tous ses compagnons. L’empereur, en récompense, lui donna la maison du saint ; et comme, pour se moquer des chrétiens, Carpasius se baignait dans le lieu où Cyriaque avait coutume de baptiser, il mourut à l’improviste, ainsi que dix-neuf compagnons qu’il avait invités à sa table. Et, depuis lors, les païens commencèrent à redouter et à vénérer les chrétiens.