Le plus simple lieu de culte imaginable est un autel, une élévation, un endroit où le sol s’élève vers le ciel, de même que monte à Dieu la prière, qui est l’âme de tout sacrifice. En grec βωμός signifie proprement une élévation ; et en hébreu במה, bamah a le sens de haut lieu, tandis que le nom ordinaire des autels est מזבח, Mizebbéach, lieu de sacrifice. Or, le premier caractère de tout vrai lieu de culte, c’est d’avoir été choisi et sanctifié par Dieu, — c’est que des faits palpables soient venus prouver à tous que c’est bien là un lieu où Dieu se révèle. Du temps des patriarches, on dressa de préférence les autels dans des endroits consacrés par des théophanies (Genèse 12.7 ; 26.24 ; 28.18 ; 35.1, 14). Avec Moïse, il n’y a plus qu’un seul lieu de culte ; c’est celui où Dieu mettra la mémoire de son nom (Exode 20.24), celui que Dieu a choisi pour y faire habiter son nom (Deutéronome 12.5,11 ; 14.23, § 56), celui qu’il remplira de sa majesté (Exode 40.34), et qu’il sanctifiera par sa présence (Exode 29.43 et sq.), — tout autant de caractères que présenteront plus tard le sanctuaire et le temple de Jérusalem (1 Rois 9.3 ; 2 Chroniques 7.16).
Un seul sanctuaire, car il s’agit de maintenir le peuple dans l’unité théocratique. Plus tard, l’expérience ne prouva que trop combien la multiplicité des lieux de culte favorise l’idolâtrie. Et ce n’est pas dans le Deutéronome seulement, mais déjà dans l’Exode, que se trouvent des passages qui font pressentir qu’il ne faudra jamais établir qu’un seul temple. Le passage déjà cité : « En tout lieu où je mettrai la mémoire de mon nom… » (Exode 20.24), ne veut point dire qu’il sera permis de sacrifier à l’Éternel en plusieurs endroits simultanément ; mais que, dans tout endroit où successivement Dieu fera habiter son nom, on pourra lui dresser un autel. En effet, aussi longtemps que le peuple était errant dans le désert, l’autel devait forcément changer aussi de place. Lévitique 17.1 et sq. est aussi un passage significatif : il défend d’immoler ailleurs que dans le tabernacle un animal appartenant aux espèces qui fournissaient les victimes. Cependant le passage le plus précis à cet égard est Deutéronome 12.13 et sq. : les animaux de boucherie peuvent être égorgés partout, mais les victimes ne peuvent être offertes que là où l’Éternel habite. Mais le v. 8 indique que pendant les quarante années du désert il ne régna pas, à cet égard non plus, tout l’ordre désirable, et que ces ordonnances ne passèrent pas dans la pratiquek.
k – « Vous ne ferez pas comme tout ce que nous faisons ici aujourd’hui, chacun selon qu’il lui semble bon. »