Flavien, et Diodore s'opposaient comme une digue, aux flots de la persécution. Ils prenaient soin du troupeau en l'absence de Mélèce, qui en était le Pasteur. Ils le défendaient contre les loups par leur prudence, et par leur courage. Ne pouvant plus le paître au pied de la montagne, ils le paissaient sur le bord du fleuve, car au lieu d'attacher leurs instruments au haut des arbres, comme firent autrefois les Juifs qui furent emmenés à Babylone, ils louèrent toujours leur Créateur, en quelque lieu qu'ils fussent de son Empire.
Mais l'ennemi ne souffrit pas longtemps les assemblées de ces religieux Pasteurs, qui prêchaient la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, et ils furent obligés bientôt après, de mener leurs ouailles spirituelles dans le champ où les soldats avaient accoutumé de faire leurs exercices. Le sage, et le généreux Diodore était comme un fleuve large, et profond, qui fournit une grande abondance d'eau à ceux qui habitent sur ses bords, et qui noyé les étrangers. Il méprisait les avantages de sa naissance, et supportait constamment toute sorte de fatigues pour l'intérêt de la foi. Flavien était aussi d'une race fort noble ; mais il ne reconnaissait point d'autre noblesse que la piété. Il ne prêchait point alors, mais il fournissait à Diodore des matières pour prêcher. Ils combattaient de la sorte les blasphèmes d'Arius. Ils conféraient avec ses Disciples en particulier et en public, et faisaient voir que leurs arguments étaient aussi faibles, que les toiles d'araignées. Aphratès dont j'ai écrit la vie dans l'histoire qui a pour titre Philothée, se joignit à eux, et préférant le salut du troupeau à son repos, sortit de sa Cellule pour prendre la peine de le conduire, et de le nourrir. Il n'est pas besoin que j'expose ici ses vertus qui sont comme les richesses de son âme, puisque j'en ai parlé assez amplement dans un autre ouvrage. Je me contenterai de rapporter une seule de ses actions.