Le salut entre dans la maison de Zachée. À quel titre ? Avait-il cru, lui aussi, que le Christ descendait par l’autorité de Marcion ? Mais ces paroles de l’aveugle retentissaient encore aux oreilles de tous : « Jésus, fils de David, ayez pitié de moi ! Et tout le peuple rendait gloire à Dieu, » non pas au Dieu de Marcion, mais de David. En effet, quoique Zachée fût probablement étranger, cependant son commerce avec les Juifs lui avait donné quelque connaissance de leurs Ecritures. Il y a mieux : sans connaître Isaïe, il avait obéi à ses préceptes : « Partagez votre pain avec celui qui a faim ; recevez sous votre toit l’indigent qui n’a point d’asile. » Il le faisait surtout, en recevant et en nourrissant le Seigneur dans sa maison. « Lorsque vous voyez un homme nu, couvrez-le. » Promesse à laquelle il s’engageait, en offrant la moitié de son bien pour les œuvres de miséricorde, en brisant les contrats de la violence, en portant les fardeaux de ceux qui étaient accablés, en rompant les liens iniques, quand il dit : « Si j’ai fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, je lui rendrai quatre fois autant. » Aussi Jésus lui dit-il : « Aujourd’hui cette maison a reçu le salut. » Témoignage d’où il résulte que les préceptes promulgués par les prophètes du Créateur étaient salutaires.
Mais quand je l’entends dire : « Le Fils de l’Homme est venu sauver ce qui était perdu, » je ne demande plus s’il est venu, à qui appartenait et pour qui était perdu ce qu’il venait sauver. Je porte la question sur un autre terrain. Qu’il s’agisse de l’homme, ce point n’est pas douteux. Ici, comme nous sommes un composé de deux substances diverses, l’âme et le corps, il faut chercher dans quelle partie de lui-même il était mort. Dans son corps ? le corps avait donc péri ; mais l’âme vivait. « Le Fils de l’Homme a sauvé ce qui était perdu. » La chair est donc en possession du salut. Dans son âme ? l’âme est réhabilitée ; la chair qui n’avait point péri est sauvée. L’homme tout entier était-il mort dans ses deux substances ? Il faut que l’homme tout entier soit sauvé ; alors s’évanouit l’opinion des hérétiques, qui nient la résurrection de la chair. Il est donc le Christ du Créateur, puisque ses promesses étaient conformes à celles de son Père, qui créa l’homme tout entier.
La parabole des serviteurs jugés selon qu’ils avaient fait valoir l’argent du maître, est une nouvelle preuve que Dieu est un juge, et un juge rigoureux, qui, non content de récompenser, enlève le talent que l’on croyait posséder. Ou bien me représente-t-il le Créateur comme un homme sévère, « qui demande ce qu’il n’a point donné et moissonne ce qu’il n’a point semé ; » là encore celui qui m’instruit, c’est le maître du trésor qu’il m’apprend à faire valoir.