Préparation évangélique

LIVRE VII

CHAPITRE XIII
SENTIMENT DE PHILON SUR LE SECOND PRINCIPE

« Pourquoi donc Dieu dit-il, comme s’il s’agissait d’un autre dieu que lui :

J’ai fait homme à l’image de Dieu, et non pas, je l’ai fait à ma propre image ? Rien de plus juste, de plus sage que ce langage de l’oracle sacré : car un simple mortel ne pouvait retracer l’image du Dieu suprême, auteur de toutes choses, mais il pouvait retracer celle du second Dieu, qui est son Verbe. Il fallait que le type rationnel fût imprimé par le Verbe divin dans l’âme de l’homme, puisque le Dieu qui précède le Verbe est séparé par une distance infinie de toute créature raisonnable, et qu’il n’est point permis d’assimiler quelque chose de créé à celui qui est supérieur même au Verbe, et qui l’emporte sur tout par la grandeur et l’excellence de sa nature. »

Ceci est extrait du premier livre des Problèmes et des Solutions de Philon. Le même auteur dans son premier livre sur l’Agriculture donne au Verbe de Dieu le nom de son Fils premier né.

« Dieu, dit-il, pasteur et roi suprême, gouverne toutes ces choses selon l’équité, ayant établi pour loi dont rien n’égale la rectitude, son Verbe qui est aussi son premier né, qui, semblable au délégué d’un grand roi, s’est chargé du soin de ce troupeau sacré. »

Voici encore textuellement ce que dit le même auteur dans le second livre du même ouvrage :

« Quiconque voudra s’affranchir des noires inquiétudes qui suivent ordinairement le doute, avouera franchement qu’il n’y a rien dans la matière d’assez fort pour supporter le monde : c’est le Verbe éternel du Dieu éternel qui est la plus puissante et la plus ferme colonne de l’univers. Du milieu aux extrémités, et du sommet au milieu, il imprime au cours de la nature un mouvement invariable, réunissant et resserrant toutes les parties. Car le Père qui l’engendra voulut le rendre l’ineffable lien de tout ce qui existe. Il n’est donc pas surprenant que la terre entière ne se dissolve point par l’abondance des eaux contenues dans ses cavités, que le feu ne soit pas éteint par l’air, que l’air ne s’embrase point par le feu, attendu que le Verbe divin est établi comme un médium sonore au milieu des muets éléments, afin que le tout ait pour ainsi dire l’accord d’une musique écrite, et que les parties rebelles soient réduites à l’unisson par sa médiation et sa direction bienfaisante. »

Ainsi s’exprime Philon. Aristobule, autre savant hébreu, qui fleurit sous l’empire des Ptolémées, défend la même doctrine, comme étant celle de sa nature, dans la dédicace qu’il a faite à Ptolémée lui-même de sa version des lois sacrées, où il dit entre autres choses.

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