1.[1] A la même époque mourut aussi le roi des Israélites, Phakéas, victime du complot d’un de ses amis nommé Osée (Osèès)[2], lequel occupa le trône neuf ans ; il se montra scélérat et négligent à l’égard des choses divines. Le roi des Assyriens, Salmanasar(ès)[3], entreprit une expédition contre lui et, l’avant vaincu, — car Osée n’avait pas l’amitié et l’alliance de Dieu. — le réduisit à sa merci et l’obligea à lui paver un tribut déterminé. La quatrième année[4] du règne d’Osée, Ezékias, fils d’Achaz et d’Abia[5], femme de souche jérusalémite, commença de régner à Jérusalem. Il avait un caractère honnête, juste et pieux : dès son avènement au trône, en effet, il n’eut rien de plus pressé, ne trouva rien de plus nécessaire ni de plus utile pour lui et ses sujets que de rendre hommage à Dieu. Ayant convoqué le peuple, les prêtres et les Lévites, il les harangua en ces termes : « Vous n’ignorez pas que c’est à cause des péchés de mon père, lequel a violé la sainte religion de Dieu, que vous avez été éprouvés par des calamités graves et nombreuses, car vous eûtes l’esprit corrompu par lui, et il vous avait entraînés à rendre hommage à ce qu’il prenait pour des dieux. Je vous invite donc, maintenant que vous savez par expérience combien dangereuse est l’impiété, à l’oublier désormais, à vous purifier des souillures antérieures, et j’invite aussi les prêtres et Lévites, qui se sont ainsi réunis, à ouvrir le Temple et, après l’avoir purifié par les sacrifices d’usage, à lui restituer sa dignité antique et nationale : c’est ainsi que nous nous rendrons Dieu propice et qu’il détournera sa colère. »
[1] II Rois, XVII, 1.
[2] Hébreu : Hoschèa ; LXX : Ώσηέ.
[3] Hébreu : Schalmanécer ; LXX : Σαλαμαννασάρ.
[4] II Rois, XVIII, 1 : la troisième année.
[5] Hébreu : Abi ; LXX : Άβου.
2.[6] Le roi ayant ainsi parlé, les prêtres ouvrirent le Temple et, cela fait, remirent en état les vases sacrés, rejetèrent les souillures et offrirent sur l’autel les sacrifices d’usage. Le roi[7] par un message envoyé à travers tout son royaume, convoquait le peuple à Jérusalem pour y célébrer la fête des azymes, car elle avait été longtemps négligée à cause des impiétés des rois précédents. Il envoya aussi un message aux Israélites pour les exhorter à abandonner leur genre de vie actuel et à revenir aux coutumes antiques et au culte de Dieu ; il leur permettait, en effet, de se rendre à Jérusalem pour y célébrer la fête des azymes et prendre part aux réjouissances communes. Il ajoutait qu’il leur donnait cet avis non pour qu’ils se soumissent à son autorité s’ils ne le voulaient pas, mais dans leur propre intérêt : ils auraient, en effet, à s’en féliciter. Mais quand les envoyés furent arrivés et leur eurent exposé le message d’Ézéchias, non seulement les Israélites n’obéirent pas, mais ils raillèrent même les messagers en les traitant d’insensés ; quant aux prophètes qui leur donnaient des avertissements semblables et leur prédisaient le sort qui les attendait, faute de revenir à la piété envers Dieu, ils les conspuèrent et finalement les saisirent et les mirent à mort[8]. Ils ne s’en tinrent même pas là dans leurs iniquités : ils imaginèrent pis encore que tout cela et n’eurent de cesse que Dieu, en châtiment de leur impiété, ne les eût livrés aux mains de leurs ennemis. Sur ce sujet, nous nous expliquerons plus loin. Cependant, beaucoup d’hommes des tribus de Manassé, de Zabulon et d’Issachar, dociles aux avertissements des prophètes, se convertirent à la piété[9]. Tous ceux-là accoururent à Jérusalem auprès d’Ézékias pour s’incliner devant Dieu.
[6] II Chroniques, XXIX, 12-15. Josèphe ne mentionne pas les noms des Lévites donnés par la Bible.
[8] Pas dans la Bible.
[9] II Chroniques, V, 11. L’hébreu dit : Aser, Manassé et Zabulon. Mais au verset 18 figurent aussi Issachar et Éphraïm.
3.[10] Quand ils furent arrivés, le roi Ézékias monta au Temple avec les princes et tout le peuple et y immola pour lui-même sept taureaux, autant de béliers, sept brebis et autant de chevreaux. Après avoir imposé leurs mains sur les têtes des victimes, le roi et les princes permirent aux prêtres d’accomplir les sacrifices. Ceux-ci immolèrent les victimes et offrirent les holocaustes, et les Lévites, rangés en cercle, avec leurs instruments de musique, chantèrent des cantiques à Dieu et pincèrent des cordes comme ils en avaient été instruits par David, tandis que les autres prêtres, munis de leurs cornes, en sonnaient pour accompagner les chanteurs. Cela fait, prosternés sur leurs faces, le roi et la foule adorèrent Dieu. Ensuite, le roi immola soixante-dix bœufs, cent béliers, deux cents brebis, et il octroya au peuple, pour festoyer, six cents bœufs et trois mille têtes de petit bétail[11]. Les prêtres exécutèrent tout conformément à la loi, et le roi, satisfait, prit part au festin du peuple, en rendant grâce à Dieu. Comme la fête des azymes approchait[12], après avoir offert le sacrifice dit pascha, ils s’acquittèrent ensuite des autres sacrifices durant sept jours. Le roi distribua à la foule, en dehors des victimes qu’ils avaient eux-mêmes apportées, deux mille[13] taureaux et sept mille têtes de menu bétail. Les princes suivirent son exemple ;: ils leur donnèrent, en effet, mille taureaux et mille quarante[14] têtes de menu bétail. Ainsi la fête, qui n’avait pas été observée de cette façon depuis le roi Salomon, fut célébrée alors pour la première fois avec éclat et magnificence. Quand les cérémonies eurent pris fin[15], ils sortirent dans la contrée pour la purifier. Ils purgèrent aussi la ville de toute souillure d’idoles, et le roi prescrivit d’offrir, sur ses propres revenus, les sacrifices quotidiens, selon la loi ; il établit aussi que les dîmes et les prémices des fruits seraient payées par le peuple aux prêtres et aux Lévites, afin qu’ils persévérassent toujours dans leur office et ne se détournassent pas du culte de Dieu. Le peuple apportait donc toute espèce de fruits aux prêtres et aux Lévites, et le roi, avant construit des magasins et des greniers pour les abriter, en faisait la distribution à chacun des prêtres et des Lévites ainsi qu’à leurs enfants et à leurs femmes : c’est ainsi qu’ils revinrent au culte d’autrefois. Quand il eut tout établi, de la manière qu’on vient de dire[16], le roi porta ses armes contre les Philistins et, victorieux, occupa toutes les villes des ennemis depuis Gaza jusqu’à Gitta. Mais le roi des Assyriens[17] lui adressa un message, le menaçant de ruiner tout son empire s’il ne lui payait pas les tributs dont son père s’acquittait auparavant. Le roi Ézékias ne se soucia guère de ces menaces[18] ; il se rassurait, confiant en sa piété envers la divinité et dans le prophète Isaïe (Esaïas), qui l’informait avec précision de tous les événements futurs. Mais restons-en là pour le moment en ce qui concerne ce roi.
[10] II Chroniques, XXIX, 20.
[11] XX (ibid., v. 33) : πρόβατα.
[12] II Chroniques, XXX, 15.
[13] Bible (ibid., v. 24) : 1.000 bœufs.
[14] Bible (ibid.) : 10.000.
[15] II Chroniques, XXXI, 1.
[16] II Rois, XVIII, 8.
[17] II Rois, XVIII, 13 ; II Chroniques, XXXII, 1.
[18] D’après la Chronique. Dans Rois, Ézéchias, au contraire, fait des excuses (v. 14).