L’éclipse de soleil qui arriva à la passion de notre Sauveur, et la destruction complète de la nation juive.
« Le Seigneur jure contre l’orgueil de Judas qu’il n’oubliera pas vos œuvres pour les punir. Après leurs crimes la terre ne serait-elle pas ébranlée ? Ses habitants ne seront-ils pas dans les larmes ? et la consommation montera comme un fleuve, et descendra comme le fleuve d’Egypte. En ce jour, dit le Seigneur, le soleil se cachera au milieu de sa course, et sur la terre la lumière se changera en ténèbres dans le jour ; je changerai vos jours de fêtes en jours de deuil, et vos chants de joie en lamentations ; je couvrirai vos reins d’un sac, et je ferai raser vos têtes ; je plongerai Israël dans les larmes comme à la mort d’un fils chéri, et ceux qui sont avec lui, comme en un jour de douleur. Voici que les jours viennent, dit le Seigneur, et j’enverrai sur la terre la faim, non pas la faim de pain, ni la soif d’eau, mais la faim d’entendre la parole de Dieu ; les eaux se troubleront de la mer à la mer, et du nord au levant ils iront chercher la parole du Seigneur, et ne la trouveront pas. » (Amos. VIII, 7). Après avoir annoncé les injures, les dédains et les insolences dont les fils de la circoncision flétrirent notre Sauveur, cette prophétie déclare que le Seigneur a juré contre l’orgueil de Jacob que l’oubli n’effacera plus le crime de leur audace, que la terre avec ses habitants essuiera des maux dignes de larmes, et qu’il n’en sera plus comme autrefois, où après un léger châtiment, ce peuple était rétabli, mais que les malheurs qui le frapperont le consommeront. Leur consommation s’élèvera comme un fleuve, dit-elle (elle désigne ainsi la colère qui les frappa seulement à l’époque de la domination romaine) qui doit monter sur ce peuple situé d’abord comme sur une hauteur. Après la colère qui doit animer Dieu contre eux, les autres détails se déroulent : « Elle descendra comme le fleuve d’Egypte. » Ainsi, je pense, il est démontré que tout ce qui autrefois était élevé et vénérable devant Dieu, et les avantages de la nation juive placés comme sur une hauteur, semblables aux gloires des Gentils, caduques et passagères comme un fleuve, s’écouleront et descendront de leur élévation dans les vallées. Puis, montrant ce qui est arrivé au temps de la passion du salut, Amos parle ainsi : « En ce jour, dit le Seigneur, le soleil se voilera au milieu de sa course, et sur la terre la lumière se changera en ténèbres dans le jour. » Ce qui s’est évidemment accompli, lorsqu’au récit de l’évangéliste, Notre-Seigneur étant élevé, les ténèbres couvrirent la terre, de la sixième heure à la neuvième, et vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix haute, disant : « Eli, Eli : lamma sabacthani » (Matth., XXVII, 45). Cette prédiction fut réalisée de la sorte. Il ajoute : « Je changerai vos jours de fêtes en jours de deuil, et vos chants de joie en lamentations ; je couvrirai vos reins d’un sac, et je ferai raser vos têtes ; je plongerai Israël dans les larmes comme à la mort d’un fils chéri, et douleur. » Tous ces événements, prédits à ceux qui sont avec lui, comme en un jour de cause de leur audace superbe contre le Christ, vinrent confirmer la prophétie d’une manière bien sensible, après leur forfait contre notre Sauveur. Jamais donc auparavant, mais dès lors et jusqu’à cette époque, Dieu a changé leurs jours de fêtes en jours de deuil, et leurs chants de joie en lamentations, quand il les a privés de leur métropole si vantée, et qu’il a détruit son sanctuaire vénérable sous le règne de Titus et de Vespasien, empereurs romains : de sorte que ceux qui viennent ne peuvent plus s’y réunir et y célébrer les fêtes de la loi. Faut-il dire encore que la faim d’entendre la parole du Seigneur les afflige tous, parce qu’ils repoussèrent la parole de Dieu qu’ils renièrent et dont ils furent reniés également.