Préparation évangélique

LIVRE VIII

CHAPITRE V
LETTRE DU GRAND-PRÊTRE ÉLÉAZAR AU ROI PTOLÉMÉE

« Eléazar, grand-prêtre, au roi Ptolémée, notre ami véritable, salut.

« Si vous vous portez bien, ainsi que la reine Arsinoé, votre sœur, et vos enfants, mes vœux sont remplis. Je jouis également d’une bonne santé. Ayant reçu une lettre de vous, nous nous en sommes grandement réjouis à cause de votre bienveillance et votre noble résolution. Ayant donc convoqué rassemblée du peuple, nous lui avons lu votre lettre, afin qu’il prit connaissance de votre dévotion pour notre Dieu ; nous leur avons montré les lécythes d’or au nombre de vingt, que vous nous avez envoyés ; les cratères d’argent qui se montent à trente-cinq, la table de proposition, c’est-à-dire pour l’usage des sacrifices et les autres vases appropriés au service du temple, du poids de cent talents d’argent, qui ont été apportés par André, un de vos grands officiers, et Aristée, hommes honorables, distingués par leur instruction, et dignes en tout point d’être les délégués de votre justice et de votre bienveillance envers nous ; lesquels nous ont communiqué les instructions qu’ils tenaient de vous, et ont reçu en échange de notre part des réponses conformes à vos désirs. Vous nous trouverez prêts à vous seconder dans tout ce qui pourra vous être utile, fut-ce même en contraignant les lois de la nature. C’est ainsi qu’on donne des preuves de son amitié et de sa satisfaction. Nous avons fait sur-le-champ des sacrifices pour votre conservation, celle de votre sœur, de vos enfants et de vos amis. Et tout le peuple a fait des prières, afin que tout s’accomplît comme vous le désiriez ! que votre règne fût maintenu dans la paix et la gloire, par Dieu qui est le maître de toutes choses. En conséquence, pour que la traduction de notre sainte loi se fit avec le plus grand avantage et la plus grande sûreté, nous avons fait choix, en présence du peuple assemblé, d’hommes vertueux d’un âge mûr, au nombre de six dans chaque tribu, que nous vous envoyons avec notre loi.

« Vous ferez donc une chose juste, ô Roi, en ordonnant qu’aussitôt après que la traduction des livres aura été terminée, les interprètes nous soient renvoyés en toute sûreté.

« Portez-vous bien »

A la suite de cette lettre, ayant intercalé différentes choses concernant cette même traduction, il ajoute dans les termes que je vais transcrire.

« Lorsque ces livres eurent été lus, les prêtres et les plus âgée des interprétée, et parmi les habitants de la ville les chefs du peuple, dirent : Puisque ces livres ont été exactement et pieusement interprétés, il est également juste de faire en sorte qu’ils demeurent tels qu’ils sont, et d’empêcher qu’on y retouche. Tous, approuvant par leurs acclamations ce qui venait de se passer, ordonnèrent que des imprécations fussent prononcées, comme c’est l’usage, contre quiconque entreprendrait d’y porter la main, soit en ajoutant quoi que ce soit à l’ensemble de ces écrits, soit en retranchant de son contenu.

« Ayant accompli toutes ces choses convenablement pour qu’elles se conservassent à jamais dans l’avenir, on, rendit compte au roi de la manière dont le tout s’était passé. Il s’en réjouit grandement, et crut qu’il avait terminé avec succès le projet qu’il avait conçu. On lui fit la lecture de la totalité, et il admira beaucoup le génie du législateur, et dit à Démétrius : Comment se fait-il que des événements d’une telle gravité aient eu lieu, sans qu’un seul historien et un seul poète en ait fait mention ? Celui-ci lui répondit que cela tenait à la sublimité de la législation, donnée par Dieu lui-même, et à ce que plusieurs de ceux qui y avaient porté une main téméraire, ayant reçu des châtiments célestes, s’étaient désistés de l’entreprise. Il dit qu’il avait appris de Théopompe, que se proposant de rapporter un passage de la loi qui avait été déjà traduit d’une manière qui offrait peu de sécurité, il fut frappé d’une aliénation mentale qui dura plus de trente jours. Puis ayant adressé des prières à Dieu pour être délivré de cette infirmité, il lui avait été évident par quelle cause ce malheur lui était arrivé, ayant en un rêve qui lui révéla que c’était parce qu’il avait voulu dévoiler, par une curiosité téméraire, les mystères divins et les répandre parmi les hommes. Dès lors, s’en étant abstenu, il revint à la santé. Et j’ai su de Théodecte, le poète tragique, ce qu’il m’a communiqué lui-même, que s’étant proposé de transporter dans une de ses pièces un emprunt au livre saint, il avait éprouvé un obscurcissement de la vue ; et ayant conçu un soupçon sur ce qui pouvait en être la cause, il adressa des supplications à Dieu, et après quelques jours revint à son état naturel.

« Le roi ayant, comme je l’ai dit, reçu ces communications de Démétrius, s’inclina respectueusement, et ordonna qu’on apportât la plus grande attention à ces livres en les conservant purs. », Bornons ici la citation de cet ouvrage.

Maintenant examinons la constitution politique fondée sur la législation de Moïse d’après les autorités les plus respectables parmi les hommes. En premier lieu, je placerai ce que Philon dit de la sortie des Juifs de l’Égypte sous la conduite de Moïse ce qui est tiré du premier livre qui porte pour titre : Des hypothétiques, dans lequel, prenant en main la cause des Juifs, il les défend contre leurs accusateurs. Il parle ainsi :

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