Tous les jours de l’année sont sanctifiés par le sacrifice continuel dont nous avons parlé au § 131, et qui s’offrait chaque matin et chaque soir. Mais Dieu a pourvu à ce qu’il y eût en outre des jours de repos et de culte ; de repos, car tel est l’un des besoins les plus impérieux de la nature humaine ; de culte, car il faut qu’il y ait des points, des moments particuliers de contact entre l’homme et Dieu. Ce sont : les sabbats, les nouvelles lunes, les trois fêtes à pèlerinage, la fête des expiations, l’année sabbatique et l’année de jubilé.
Le sabbat est le septième jour de la semaine. Les nouvelles lunes ont pour but de sanctifier particulièrement le premier-né des jours du mois ; au reste, à l’exception du premier jour du septième mois qui était un jour fort solennel, le jour du retentissement des trompettes, יום תרועה, les nouvelles lunes n’étaient pas des fêtes de première importance. — Les trois fêtes, lors desquelles toute l’assemblée devait se réunir autour du sanctuaire, étaient la Pâque, la fête des semaines ou de Pentecôte et la fête des Tabernacles. La première ouvrait, au printemps, au premier mois de l’année mosaïque (Exode 12.2), le cycle annuel des grandes solennités. Elle commençait le soir du 14 Nisan ou Abib et durait sept jours appelés les jours des pains sans levain. — La fête de Pentecôte commençait sept semaines plus tard. Celle des Tabernacles s’ouvrait le quinzième jour du septième mois, qui portait le nom de Tisri. C’était le mois des fêtes : sa nouvelle lune était particulièrement solennelle ; dix jours après arrivait le grand jour des expiations ; puis enfin, du 15 au 22, venaient les Tabernacles, qui se terminaient par une convocation extraordinaire (Lévitique 23.30). C’était sur le semestre compris entre le 15 Nisan et le 22 Tisri que tombaient toutes les fêtes.
Les lois relatives à ces diverses solennités se trouvent dans Exode 33.10-17 ; Lévitique ch. 23 et 25 ; Nombres ch. 28 et 29, et Deutéronome ch. 16. Le Deutéronome, ainsi que le livre de l’alliance, cité dans l’Exode, ne parle que des trois fêtes à pèlerinage. Il ne parle ni du Sabbat (sauf dans le Décalogue), ni des Nouvelles lunes, ce qui s’explique par le fait que le Deutéronome (Deutéronome 16.5-7, 11, 15-16) a pour but spécial de bien rappeler au peuple qu’il ne doit avoir qu’un lieu de culte : cette obligation à se contenter d’un sanctuaire unique ne résultait naturellement que des fêtes où le peuple devait se rencontrer en un seul et même lieu, tandis que les Israélites célébraient, chacun dans son lieu d’habitation, et les Sabbats et les Nouvelles lunes.
Ces diverses solennités sont appelées des assemblées de l’Éternel, מועדי יהוה, ou bien des fêtes, חג. La première de ces désignations est la plus générale. Dans Nombres 28.2, moëd a simplement le sens de temps fixé ; dans Lévitique 23.2, il désigne toutes les fêtes, les Sabbats y compris, où il y a sainte convocation (Miquerah quodesch, מקרא קדש) ; dans Ezéchiel 46.11, il s’applique même aux Nouvelles lunes, qui, d’après la législation prophétique (Ezéchiel 46.3 ; Ésaïe 66.23), sont devenues des jours de sainte convocation, ce qu’elles n’étaient point encore dans le Pentateuque. — Toutefois, moëd a ordinairement un sens plus restreint, et s’applique uniquement aux grandes fêtes, à l’exclusion des Sabbats et des Nouvelles lunes (Lévitique 23.4 ; Ezéchiel 46.9 ; 2 Chroniques 8.13 ; 31.3). — Le sens du mot chag est encore plus restreint. Il ne désigne que les trois fêtes à pèlerinages. Ce mot vient du verbe chagag, חג.ֻג qui signifie tourner en cercle : ces trois fêtes joyeuses étaient accompagnées de danses (Juges 21.19, 21. Comparez Exode 32.5, 19). C’est pour cela aussi que le jour si sérieux des expiations n’est jamais désigné sous ce nom ; il s’appelle le jour, יומא, par excellence ou le grand jour, יומא רבא.
[On a souvent prétendu que le mot de Chag désigne exclusivement la fête des Tabernacles, qui était en effet la plus joyeuse de toutes. On cite à ce propos 1 Rois 8.2 ; Ézéchiel 45.25 ; 2 Chroniques 7.8. Mais ces passages ne prouvent rien, car le contexte à lui seul indique déjà qu’il y est question de la fête des Tabernacles. Quant à Juges 21.19, que l’on cite également, ce passage peut fort bien aussi avoir en vue la fête de Pâques.]