14e siècle
Parle, Seigneur ! car ton serviteur écoute. Je suis ton serviteur ; donne-moi l’intelligence afin que je comprenne tes témoignages.
Donne à mon cœur de recevoir et de garder les paroles de ta bouche, que cette divine rosée coule en lui, et le rende fertile.
Si les Israélites disaient autrefois à Moïse : Toi, parle avec nous, et nous t’écouterons ; mais que Dieu ne parle point, de peur que nous ne mourrions ; ce n’est pas mon langage, Seigneur ! mais je te demande humblement, et de tout mon cœur, la même grâce que Samuel, ton prophète, te demandait : Parle, Seigneur ! car ton serviteur écoute.
Que ce ne soit ni Moïse, ni aucun prophète qui me parle ; parle toi-même, ô mon Dieu ! toi de qui les prophètes n’ont été que les organes et les instruments ; tu peux seul m’instruire à fond sans eux ; mais eux ne peuvent rien m’apprendre sans toi.
Ils peuvent bien faire retentir des paroles au dehors ; mais ils ne peuvent donner l’Esprit de grâce.
Ils ont beau dire des choses admirables, ils ne peuvent toucher le cœur quand tu ne parles pas toi-même.
Ils donnent la lettre ; mais toi, Seigneur, tu l’expliques et en découvres le sens.
Ils annoncent des mystères ; mais tu ouvres l’entendement pour les faire comprendre.
Ils nous donnent des préceptes de ta part ; mais tu donnes la force de les exécuter.
Ils nous montrent la voie ; mais tu donnes le courage d’y marcher.
Ils agissent extérieurement ; mais tu touches, tu enseignes, tu illumines les cœurs.
Ils arrosent au dehors, et tu rends le dedans fertile.
Ils font retentir le bruit de leurs voix, mais tu verses dans le cœur le don de comprendre la vérité.
Je te prie donc, Seigneur, mon Dieu ! Vérité éternelle ! que ce ne soit pas Moïse qui me parle, mais que ce soit toi-même, de peur que je ne meure, et qu’étant seulement averti au dehors, et non touché et réchauffé au dedans, je ne sois une terre stérile et sans fruits, et que la Parole que j’aurai ouïe sans la faire, connue sans l’aimer, crue sans la pratiquer, ne soit un jour la sentence de ma condamnation éternelle. Parle donc, Seigneur, car ton serviteur écoute ; tu as les paroles de la vie éternelle.
Parle-moi pour la consolation de mon âme, pour l’amendement de ma vie, et afin que ton saint nom soit loué, glorifié et béni éternellement.