15e siècle
En vue de son martyre.
Je ne dirai pas témérairement avec saint Paul, que je ne serai jamais scandalisé en Jésus-Christ ; j’ai incomparablement moins de force et de ferveur que cet apôtre ; j’ai d’ailleurs de plus violents combats et plus d’assauts à soutenir ; je dis donc que mettant toute ma confiance en Jésus-Christ, je suis résolu, lorsque j’entendrai prononcer ma sentence, de demeurer fidèle à la vérité jusqu’à la mort.
O mon bon Dieu ! jusqu’où l’Antichrist étend sa force et sa cruauté ! Mais j’espère que sa puissance sera abrégée, et son iniquité toujours plus manifestée parmi le peuple fidèle. Le Dieu tout-puissant affermira les cœurs de ceux qu’il a élus avant la fondation du monde, afin qu’ils reçoivent la couronne de gloire. Je suis bien consolé par la parole de Jésus : « Vous serez bien heureux quand les hommes vous auront outragés et persécutés, et auront dit contre vous faussement toutes mauvaises paroles à l’occasion du Fils de l’homme. Réjouissez-vous et tressaillez de joie, car votre récompense sera grande dans les cieux… »
Pour certains, c’est chose fort difficile de se réjouir dans les tribulations. Et de fait, cet athlète si patient et si puissant, le Fils de Dieu lui-même, notre Seigneur Jésus-Christ, sachant bien qu’il ressusciterait le troisième jour, et que, par sa mort, il triompherait de ses ennemis et délivrerait ses élus de l’éternelle damnation, troublé néanmoins en son esprit, s’écria après la cène : « Mon âme est triste jusqu’à la mort. » Il s’épouvanta ; il fut en angoisses ; dans sa détresse, un ange du ciel vint le fortifier, et une sueur comme des gouttes de sang découla de son corps en terre. Cependant il avait dit à ses fidèles : Que votre cœur ne soit point troublé et ne soit point étonné ; qu’il ne craigne point la cruauté des méchants ; vous m’aurez toujours pour vous faire obtenir victoire sur vos ennemis.