Ézéchiel, poète tragique, rapporte l’histoire de Moyse, savoir : son exposition par sa mère, dans le marais, son adoption et son éducation par la fille du roi, en la faisant remonter à l’arrivée de Jacob en Égypte auprès de Joseph. Il s’exprime ainsi, mettant en scène Moïse lui-même.
« Depuis que Jacob, quittant la terre de Chanaan, descendit en Égypte, en menant avec lui 70 âmes, il donna naissance à un peuple nombreux et opprimé qui, jusqu’à ce jour, lutte contre la persécution d’hommes pervers, agissant sous les ordres d’un monarque. Le roi Pharaon voyant notre nation se multiplier grandement, imagina toutes sortes de ruses pour la perdre, accablant les malheureux mortels sous le faix des constructions de villes et de citadelles et les poussant au désespoir ; ensuite il fit proclamer l’ordre à la race des Hébreux de jeter leurs enfants mâles dans le courant du fleuve. C’est dans ce temps que ma mère, qui m’avait caché pendant trois mois, comme elle me l’a dit depuis, ayant été découverte, me déposa, après m’avoir enveloppé d’insignes, pour me reconnaître, dans un relai d’eau couvert de joncs, au bord du fleuve. Ma sœur Mariane observait de loin ce qui allait se passer : alors la fille du roi, avec ses servantes, descendit sur le rivage pour rafraîchir l’éclat de sa peau dans les ondes du fleuve ; m’ayant vu, aussitôt elle me prit et m’éleva de terre, puis reconnut que j’étais Hébreu : ma sœur Mariane étant accourue, parla ainsi à la princesse : Voulez-vous que je vous découvre sur le champ une nourrice, parmi les femmes des Hébreux, pour cet enfant ? La princesse fit un signe d’assentiment ; ayant donc couru vers sa mère, Mariane le lui dit : ma mère parut sans délai et me prit dans ses bras. La fille du roi lui parla en ces termes : Nourrissez cet enfant, à femme, et je vous paierai le prix de vos soins. Elle me donna le nom de Mosé, parce qu’elle m’avait relevé des bords inondés du fleuve. »
Après d’autres narrations sur le même sujet, le poète Ézéchiel, dans sa tragédie, fait paraître Moïse sur la scène parlant ainsi :
« Après que ma première enfance se fut écoulée, ma mère me ramena au palais de la princesse, m’ayant bien endoctriné et répété qu’elle était ma race paternelle, et les bienfaits dont Dieu l’avait comblée. Tandis que je fus dans l’âge qui précède l’adolescence, la princesse se livra aux soins de mon éducation et de mon instruction, comme si elle m’avait porté dans son sein ; mais lorsque le cercle de mon adolescence fut accompli, je désertai là demeure royale : mon ressentiment et les artifices du roi m’en faisaient un devoir. Je vois d’abord deux hommes aux prises, l’un appartenait à la race des Hébreux, et l’autre était Égyptien : reconnaissant que nous étions isolés et sans témoins, je défendis mon frère et tuai son adversaire. Je le cachai aussitôt dans le sable, afin qu’un tiers ne pût pas nous voir et ne vînt à révéler ce meurtre. Le jour suivant je vis encore deux hommes de ma race, dans la chaleur d’une lutte mutuelle : Je dis à l’un d’eux, pourquoi ne frappes-tu un plus faible que toi ? Lequel me répondit : Qui t’a envoyé comme notre juge ou notre gouverneur en ce lieu ? me tueras-tu comme l’homme d’hier ? Alors, saisi de crainte, je me dis : Comment cela a-t-il pu se divulguer ? n’y a-t-il pas déjà quelqu’un qui ait rapporté ce fait au roi ? et Pharaon cherche peut-être à m’arracher la vie ! Ayant donc entendu cette réponse, je me hâtai de me soustraire par la fuite, et je suis errant sur une terre étrangère. »
Après quoi il ajoute, relativement aux filles de Raguel :
« Je vois sept jeunes filles. Moïse ayant demandé de qui elles étaient filles : Toute cette terre, dit Sepphora, ô étranger, s’appelle la Lybie ; des tribus de différentes origines y ont fixé leur séjour, ce sont des Éthiopiens à la peau noire ; le monarque de cette terre gouverne sans contrôle, il règne dans cette ville et y juge ses sujets, dont il est le prêtre ; c’est mon père et celui de mes sœurs que voici. Ensuite, passant sur l’assistance qu’il leur donna pour abreuver leurs bestiaux, il vient à parler du mariage de Sepphora, amenant un dialogue entre elle et Chous.
« Chous. – Cependant ô Sepphora, vous devez me dire ce qui en est ?
« Sepphora. – Mon père m’a donnée pour épouse à cet étranger.