Mégasthène dit que Nabuchodonosor fut plus valeureux qu’Hercule, qu’il fit la guerre en Lybie et en Ibérie (Espagne) ; soumit ces pays à ses lois, et en tira des colonies qu’il établit sur la rive droite du Pont ; après quoi les Chaldéens ajoutent : qu’ayant été saisi d’une fureur envoyée par une divinité inconnue, il monta au sommet de son palais et s’écria :
ô Babyloniens, je suis ce Nabuchodonosor (prédit) et je vous annonce un malheur qui vous est réservé, et que ni mon aïeul Belus, ni la reine Beltis n’ont eu le pouvoir d’engager les Parques à détourner de vous : le mulet Perse va venir et il aura vos propres divinités pour auxiliaires ; il traînera l’esclavage à sa suite, le Mode sera son complice, lui qui faisait la gloire de l’Assyrie. Hélas ! plût à Dieu, qu’avant de trahir ses concitoyens, une charybde ou une mer l’eût englouti tout entier, de manière qu’il n’en restât plus de trace, ou qu’ayant pris une route différente, il se fût lancé dans le désert où l’on ne voit pas de villes, où l’on ne reconnaît nulle trace du pas des hommes ; les bêtes sauvages y ont leur pâture, les oiseaux les parcourent en volant : il aurait dû y vivre seul au milieu des rochers et des précipices ; et quant à moi : il aurait mieux valu que je terminasse ma carrière avant d’avoir connu ces funestes révélations. Après avoir proféré cet oracle, Nabuchodonosor disparut aussitôt. Son fils Evilmalourouscas régna après lui ; mais son beau-frère Neirglissar l’ayant assassiné, il laissa pour roi son fils Labassoaraschos ; celui-ci ayant péri d’une manière violente, on déclara roi Nabannidochos, qui n’avait aucun degré de parenté avec lui. C’est à lui que Cyrus, ayant pris Babylone, donna la satrapie de Carmanie.