La forme la plus ordinaire de ce nom est Jéhovah Zebaoth, יהוה צבאות, mais on trouve aussi Jéhovah Eloë Zebaoth ou Jéhovah Eloë Hazebaoth, et une fois, dans Am. ix, 5, Jéhovah Hazebaoth. Dans Jéhovah Zebaoth, Jéhovah n’est pas à l’état construit, ainsi que le prouve le nom de Eloïm Zebaoth que nous présentent quelques Psaumes (Psaumes 59.6 ; 80.5, 8, 15, 19 ; 84.9) ; c’est une de ces expression abrégées, une de ces ellipses telles qu’on en rencontre quelquefois (ainsi Gath Pelishettim,) et où la notion générale doit être tirée du nom propre. Nulle part dans le texte hébreu ni chez les Septante le mot de Zebaoth n’est employé tout seul comme nom de Dieu.
[Ce n’est le cas que dans les livres sybillins I, 304. Lydus, de mensibus § 38, 98, attribue à ce mot de Zebaoth ou Zabaoth une origine phénicienne ; il le fait venir du nombre sept. C’est, dit-il, le dieu qui protège les sept villes, le démiurge.]
Cependant, dans le Ier livre de Samuel et d’Esaïe, les Septante le traitent souvent comme un nom propre et le rendent par σαγαώθ.
[Voyez aussi Jacques 5.4. — Dans 2Samuel, Jérémie (pas toujours, mais souvent), et dans les petits prophètes (toujours, sauf Zacharie 13.2), ils rendent Zebaoth par παντοκρ’τωρ ; dans les Psa. et dans quelques passages de Jér. et d’autres livres, par κύριος ou θεός τῶν δυνάμεων. Les autres versions grecques traduisent tout simplement Jéhovah Zebaoth par κύριος στρατιῶν.]
C’est au commencement de 1Samuel que le nom de Jéhovah Zebaoth apparaît pour la première fois. C’est à l’Éternel des armées qu’on sacrifie à Silo ; c’est à lui que Anne adresse sa fervente prière. Voyez encore 1 Samuel 15.2 ; 17.45 ; 2 Samuel 7.8, 26 ; Psaumes 24.10. Après avoir été fort usité du temps de Samuel et de David, ce nom ne se rencontre plus que rarement dans les livres des Rois, où ce ne sont guère que des prophètes qui l’emploient, et spécialement Elie.
[Les seuls livres prophétiques où manque absolument le nom de Jéhovah Zebaoth, sont Ezéchiel et Daniel. Dans Amos, Esaïe, Aggée, Zacharie et Malachie, il est assez fréquent. Les Chroniques ne l’emploient que dans l’histoire de David (1 Chroniques 11.9, 17.7, 24) ; les Hagiographes jamais, à l’exception des trois premiers livres des Psaumes.]
Comment expliquer ce nom ? De quelles armées l’Éternel est-il le chef ?
Des armées Israélites, a-t-on répondu souvent ; et en effet, dans Exode 7.4 ; 12.41, le peuple est appelé l’armée de l’Éternelc. On cite aussi 1 Samuel 17.45 et Psaumes 24.8, en disant que dans le premier de ces passages l’expression de « Dieu des batailles rangées d’Israël, אלהי מערכות ישראל » n’est que le développement de l’expression de « Éternel des armées », qui précède immédiatement ; et que dans Psaumes 24.10 « l’Éternel des armées », n’est que la répétition sous une autre forme du v. 8, où l’Éternel est appelé un héros dans les combats. — Mais dans ce cas, on se demande pourquoi ce nom apparaît pour la première fois à la fin de l’époque des Juges. C’est dans le temps des grandes guerres théocratiques, sous Moïse ou Josuéd, ou bien sous David, le roi victorieux par excellence, qu’il aurait dû être inventé, si tel en était le sens. Pour moi, il m’est impossible de voir dans 1 Samuel 17.45, deux expressions absolument tautologiques. Non, ce que David veut dire, c’est que le Dieu qui conduit les batailles rangées d’Israël, n’est point à dédaigner, puisqu’il est en même temps le chef des armées célestes. De même, dans Psaumes 24.10 nous n’avons pas une simple répétition du v. 8. Il y a progrès, gradation, du v. 8 au v. 10, du Dieu des combats au Dieu des armées. Le dernier est le maître de l’univers, et c’est ainsi que David revient en terminant à la grande pensée par laquelle il a ouvert ce beau cantique : La terre appartient au Seigneur avec toutes les choses qui y sont !
c – Ainsi Herder et von Cölln, Théol. de l’A. T.
d – Voyez Nombres 21.14, le livre des batailles de l’Éternel.
D’autres, tombant dans l’extrême opposé, voient dans les armées que commande l’Éternel, l’ensemble de tous les êtres créés, et ils citent Genèse 2.1 à l’appui de leur opinion.
[Ainsi Havernick, dans sa Théologie de l’A. T.— Buxtorf, cherchant, à tout concilier, y fait rentrer tout au monde, les astres, les anges, les forces naturelles, la peste, la faim, l’épée et finalement les armées israélites.]
Mais cette citation ne signifie rien ici ; il y a dans ce passage une espèce d’attraction de pensée, et sans l’armée des cieux, Moïse n’aurait jamais parlé de l’armée de la terre, car c’est là une expression impropre et qu’évite avec soin Néhémie 9.6 : « Tu as fait les les cieux, les cieux des cieux et toute leur armée ; la terre et tout ce qui y est ; les mers et toutes les choses qui y sont.
Nous n’émettrons pas encore ici d’une manière positive notre avis sur le sens du nom qui nous occupe. Mais ce qui nous paraît certain, c’est que l’armée de l’Éternel est une armée céleste ; or l’armée céleste se compose : 1° des astres et 2° des anges.