Les anges nous sont présentés dans l’A. T. tantôt comme de simples adorateurs de Dieu, tantôt comme ses messagers, tantôt enfin comme ses organes.
Et d’abord, ce sont de simples adorateurs ; mais des adorateurs zélés. Ils sont toujours les premiers, parmi tous les êtres qui peuplent l’univers, à entonner les louanges de leur auteur (Psaumes 148.2). Ils composent la congrégation du temple céleste, car, nous l’avons vu au § 62, le ciel est un temple (Psaumes 11.4).
C’est dans les Psaumes de David que le mot de היכל, Hécal, temple se trouve pour la première fois appliqué au ciel, mais dès lors il est souvent employé dans cette acception.
C’est dans le ciel que Dieu manifeste le plus clairement sa gloire et sa puissance ; c’est du ciel que procèdent tous ses jugements et toutes ses grâces. « Regarde des cieux, dit. Ésaïe 63.15, et vois de la demeure de ta sainteté et de ta gloire. » (Voyez aussi Michée 1.2 ; Habakuk 2.20 ; Zacharie 2.13.) Rien d’étonnant dès lors à ce que ce soient les habitants du ciel, les fils de Dieu (Psaumes 29.1,9)e, l’assemblée des saints (Psaumes 89.6, 8), qui soient le mieux à même d’adorer l’Éternel. Ils le font continuellement (Ésaïe 6.1-3). Ils forment autour de Dieu comme un conseil secret (Psaumes 89.7).
e – « Dans son temple (céleste), tout s’écrie : Gloire ! »
[Le Dieu des armées du v. 8 est évidemment le même que le Dieu de l’assemblée secrète des saints, סדך קדשים du v. 7. Ces armées sont donc les anges.]
Non pas qu’ils délibèrent avec Dieu ; mais, en qualité d’exécuteurs de ses jugements, ils commencent par être initiés aux saintes et souveraines décisions que l’Éternel a prises. Ainsi, dans. 1 Rois 22.19 et sq. et Job ch. 1, ce n’est point pour consulter avec Lui, que l’armée des anges est là, groupée autour de son chef, mais pour attendre les ordres de l’Éternel. Quand ils les ont reçus, ils se répandent en tous sens dans l’univers comme de célestes aides de camp. De là, les cavaliers de Zacharie 1.10.
[Dans Daniel 4.14, c’est Nébukadnézar, un païen, qui parle du décret des vaillants et des saints. Daniel, au v. 24, ne s’exprime point ainsi : décret du souverain.]
Les anges sont ensuite des messagers au service de Dieu. C’est même là ce qu’ils sont avant tout ; c’est de là que leur vient leur nom : maléach, מלאכ.ֻ, ange, signifie messager, envoyé. Dieu les envoie pour bénir et délivrer ses élus, pour châtier et humilier ses ennemis.
[Psaumes 103.20 et sq. « Bénissez l’Éternel, vous, ses anges puissants en force qui Faites son commandement en obéissant à la voix de sa parole ; bénissez l’Éternel, vous, toutes ses armées, qui êtes ses ministres et qui faites sa volonté. »]
En effet, Dieu gouverne par l’entremise de forces personnelles ; nous l’avons vu à propos des chérubin ». (§ 119), la providence est une toute-science et une toute-présence toujours en activité, à la périphérie comme au centre ; les sept yeux de l’Éternel vont par toute la terre (Zacharie 4.10), et le Psalmiste se demande où donc il pourrait fuir loin de la face de l’Éternel (Psaumes 139.7). Or, il est bien vrai que tous les éléments et toutes les forces de la nature sont au service de la providence : Dieu fait des vents ses messagers et des flammes de feu ses serviteursf. Mais pour les affaires spéciales de son royaume, et quand il s’agit de protéger ses serviteurs qui sont sur la terre, Dieu emploie de préférence les esprits célestes. « L’ange de l’Éternel campe autour de ceux qui le craignent et les garantira. » Psaumes 34.8. « Dieu donnera charge de toi à ses anges, etc. » Psaumes 91.11 et sq.
f – Telle est la manière la plus naturelle de comprendre Psaumes 104.4 (§ 61).
Nous avons vu dans le paragraphe précédent que les étoiles forment une armée. Les messagers de Dieu en forment une aussi : voyez Jacob à Mahanajim (מחנה Genèse 32.2), Elisée à Dothan (2 Rois 6.16), et Josué devant Jérico (Josué 5.14). En fait de passages où nous voyons les anges remplir la fonction de messagers et de protecteurs employés par Dieu en faveur des hommes, citons encore Zacharie 3.7, où l’Éternel promet à Jéhosçuah la protection des esprits célestes, dont il est tout, entouré, sans qu’il les voie ; Job 5.1 : « Crie maintenant ! y aura-t-il quelqu’un qui te réponde ? et à qui d’entre les saints (les anges) t’adresseras-tu ? » et surtout Job 33.23 : « Que s’il y a pour cet homme-là (malade) quelque messager qui vienne lui parler de la part de Dieug, un entre mille, et qui fasse connaître à l’homme ce qu’il doit faire (pour obtenir grâce), alors Dieu aura pitié de lui… » Satan s’est donné pour tâche de perdre les hommes (Job ch. 1) ; mais Dieu a des milliers d’ouvriers qui travaillent à les sauver.
g – Et non pas : quelque messager qui parle pour lui.
[Un ange tel que Dieu en a des milliers à son service, אחד מני אלף et non pas un ange établi sur mille autres, l’ange de l’alliance, comme le veulent Schlottmann et Delitzsch. Cet ange est appelé מלאכ.ֻ מליץ, angelus interpres ; c’est un ange qui fait connaître la volonté divine à l’homme, et non pas un représentant de l’homme auprès de Dieu.]
En troisième lieu, les anges accompagnent Dieu lors qu’il apparaît dans sa gloire ; ils sont les témoins de ses exploits et de ses jugements ; parfois même ils lui servent d’organes. « L’Éternel est sorti, d’entre les dix milliers des saints », lisons-nous dans la description des scènes de Sinaï (Deutéronome 33.2) ; ce qui ne veut point dire que Dieu ait laissé ce jour-là dans le ciel son entourage ordinaire d’anges, mais qu’au contraire les anges étaient présents, qu’ils prenaient part à la révélation dont Dieu honorait son peuple, et qu’ils formaient en quelque sorte l’arrière-plan dans le tableau, le fond sur lequel se détachait l’activité révélatrice de l’Éternel. C’est tout à fait l’équivalent de Psaumes 68.17, où l’Éternel prend possession du mont de Sion au milieu d’une innombrable cavalerie, רכב אלהים, et d’invisibles chariots se comptant par milliers redoublés. Cette cavalerie et ces chariots ne sont évidemment pas une simple foule ; c’est une armée, ce sont des combattants qui viennent protéger le peuple de Dieu. « Comme le lion rugit sur sa proie et, quoiqu’on appelle contre lui un grand nombre de bergers, n’est point effrayé par leurs cris, ainsi l’Éternel des armées descendra pour combattre en faveur de la montagne de Sion. » (Ésaïe 31.4) L’emploi du nom d’Éternel des armées, dans ce passage, est caractéristique. C’est le Dieu qui fait la guerre aux ennemis de son peuple, mais avec les anges. Ewald va cependant trop loin, quand il prétend que c’est là le sens primitif de ce nom.
[Il suppose aussi que ce nom a été inventé ensuite de quelque grande victoire due à l’intervention des puissances célestes. Mais c’est attribuer une trop grande importance à un passage qui a bien sa valeur, mais qui n’est cependant pas le seul qu’il faille consulter sur la matière.]
L’armée céleste formera tout particulièrement le cortège de l’Éternel, lorsqu’il viendra du ciel pour juger les vivants et les morts dans la vallée de Josaphat. « Éternel, fais descendre là tes héros ! » (Joël 3.11) Ces héros, ce sont les anges ; ce sont les saints de Zacharie 14.5. « Alorsh l’Éternel ton Dieu viendra et tous ses saints seront avec Lui » ; ce sont les armées célestes (στρατεύματα) d’Apocalypse 19.14.
h – Au moment le plus critique de la lutte suprême de son peuple contre ses ennemis, l’Éternel apparaîtra sur le mont des Oliviers avec ses saints.